Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, une infirmière de 33 ans, Delphine Jubillar, disparaît sans laisser de trace. Près de cinq ans plus tard, son mari, Cédric Jubillar, se tient dans le box des accusés à la cour d’assises d’Albi. Ce procès, débuté le 22 septembre 2025, fascine autant qu’il divise. Entre absence de corps, indices troublants et silences pesants, cette affaire criminelle soulève une question : la vérité éclatera-t-elle enfin ?
Un Procès Sous Haute Tension
Le procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse, s’étend sur quatre semaines et promet des débats intenses. Dès l’ouverture, le 22 septembre, l’atmosphère est lourde. Les proches de Delphine, les médias et le public scrutent chaque détail, cherchant des réponses à une énigme qui hante la France depuis près de cinq ans. Mais que sait-on vraiment de cette affaire ?
Une Disparition Sans Corps
Delphine Jubillar, mère de deux enfants, disparaît dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines, un petit village du Tarn. En instance de divorce, elle vivait encore sous le même toit que Cédric, un peintre-plaquiste de 33 ans. Ce dernier affirme qu’elle serait partie promener les chiens, mais aucun témoin ne corrobore cette version. Aucune trace de sang, aucun corps, aucune scène de crime claire : l’enquête s’annonce d’emblée complexe.
Pourtant, des indices troublants émergent. Une paire de lunettes cassées, une machine à laver activée en pleine nuit, des cris entendus par des voisins : ces éléments, bien que circonstanciels, orientent les soupçons vers Cédric. L’absence de corps reste toutefois un obstacle majeur. Comment juger un meurtre sans preuve directe ?
« Il n’y a pas de corps, mais un faisceau d’indices converge vers l’accusé. »
Un avocat de la partie civile, sur une radio nationale
Les Indices au Cœur du Débat
Si l’absence de corps complique l’accusation, plusieurs éléments troublants alimentent les soupçons. Voici les principaux indices mis en avant par l’accusation :
- Lunettes cassées : Une paire de lunettes appartenant à Delphine, retrouvée brisée, suggère une possible altercation.
- Cris entendus : Des voisins rapportent avoir entendu des cris d’effroi dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, corroborés par le témoignage du fils aîné du couple, Louis.
- Machine à laver : Cédric aurait lancé une lessive en pleine nuit, un détail jugé suspect par les enquêteurs.
- Téléphonie : Les analyses des données téléphoniques montrent des incohérences dans les déclarations de l’accusé.
- Condensation dans la voiture : Une voiture garée avec des traces de condensation intrigue, laissant penser à un possible déplacement nocturne.
Ces indices, bien que circonstanciels, forment un faisceau qui a conduit à la mise en détention de Cédric Jubillar en juin 2021. Mais suffiront-ils à établir sa culpabilité ?
La Jalousie comme Mobile
Un élément central de l’accusation repose sur le contexte personnel du couple. Delphine, en instance de divorce, avait entamé une relation avec un autre homme. Ce nouvel amour, perçu comme une menace par Cédric, aurait attisé une jalousie compulsive. Selon les enquêteurs, il refusait de voir son épouse refaire sa vie. Ce mobile psychologique, bien que puissant, reste difficile à prouver sans aveux.
Les avocats de la partie civile insistent sur ce point, décrivant un homme possessif, incapable d’accepter la séparation. Pourtant, les défenseurs de Cédric rétorquent que ces accusations reposent sur des suppositions, et non sur des preuves tangibles.
« Delphine voyait le bout du tunnel, mais Cédric ne pouvait pas la laisser partir. »
Un proche de l’enquête
Un Procès Médiatique et Controversé
Dès son ouverture, le procès attire l’attention des médias. Les débats, retransmis en partie, captivent un public avide de réponses. Mais l’affaire divise. Certains, convaincus de la culpabilité de Cédric, pointent du doigt son comportement jugé froid. D’autres, comme un ami proche interrogé sur une chaîne nationale, doutent de sa capacité à commettre un tel acte, évoquant ses « limites intellectuelles ».
Les avocats de la défense, eux, se montrent confiants. Dès le premier jour, ils affirment que l’absence de preuves directes jouera en leur faveur. Ils dénoncent une enquête biaisée, centrée uniquement sur Cédric au détriment d’autres pistes. Cette stratégie pourrait semer le doute dans l’esprit des jurés.
Arguments de l’accusation | Arguments de la défense |
---|---|
Faisceau d’indices circonstanciels (lunettes, cris, machine à laver) | Absence de corps et de preuves directes |
Mobile de jalousie lié à la séparation | Enquête biaisée, autres pistes négligées |
Témoignages de voisins et du fils | Incohérences dans les témoignages |
Les Témoignages : Clés ou Pièges ?
Les témoignages occupent une place centrale dans ce procès. Le fils aîné du couple, Louis, âgé de 6 ans au moment des faits, aurait entendu une dispute violente. Les voisins, eux, confirment avoir perçu des cris. Mais ces récits, bien que troublants, sont-ils fiables ? La mémoire d’un enfant peut-elle être influencée ? Les voisins ont-ils vraiment entendu Delphine ?
Une ex-compagne de Cédric, interrogée récemment, a également livré un témoignage accablant. Elle décrit un homme imprévisible, renforçant l’image d’un accusé au comportement instable. Pourtant, un ami proche, dans un reportage, prend sa défense, décrivant un homme dépassé par les événements, mais pas un meurtrier.
Un Défi pour la Justice
Ce procès pose une question fondamentale : peut-on condamner sans corps ni aveux ? En France, de rares affaires criminelles, comme celle de Jacques Viguier, ont abouti à des jugements malgré l’absence de dépouille. Mais chaque cas est unique. Ici, le faisceau d’indices devra être suffisamment solide pour convaincre les jurés.
Les avocats de la partie civile, représentant les proches de Delphine, insistent sur la nécessité de rendre justice à une femme disparue dans des circonstances tragiques. De leur côté, les défenseurs de Cédric appellent à la prudence, rappelant que le doute doit bénéficier à l’accusé.
L’Attente d’un Dénouement
Après cinq ans d’enquête, ce procès est une étape cruciale, mais pas nécessairement un point final. Si Cédric Jubillar est acquitté, l’affaire pourrait rester irrésolue, laissant les proches de Delphine dans l’angoisse. S’il est condamné, des questions subsisteront sur l’absence de corps et les circonstances exactes du drame.
Le public, lui, reste suspendu aux débats. Les quatre semaines d’audience promettent des révélations, des confrontations et, peut-être, des surprises. Une chose est sûre : l’affaire Jubillar, par sa complexité et son mystère, continuera de marquer les esprits.
Récapitulatif des enjeux du procès :
- Absence de corps : un défi pour l’accusation.
- Faisceau d’indices : lunettes cassées, cris, machine à laver.
- Mobile psychologique : jalousie et séparation.
- Témoignages : fiabilité des récits en question.
- Issue incertaine : condamnation ou acquittement ?
Alors que les audiences se poursuivent, une question demeure : ce procès apportera-t-il la lumière sur la disparition de Delphine Jubillar, ou restera-t-elle une énigme irrésolue ? Les semaines à venir seront déterminantes.