Un procès hors norme secoue actuellement la France. Depuis plus de deux mois, 51 hommes âgés de 26 à 74 ans comparaissent devant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon pour répondre d’accusations de viols en série perpétrés sur une seule et même victime : Gisèle Pelicot, 71 ans. Cette affaire soulève des questions cruciales sur le consentement, la soumission chimique et plus largement, la banalisation des violences sexuelles dans une société encore profondément machiste et patriarcale.
Un mari “chef d’orchestre” et des dizaines de viols
Au cœur de ce dossier sordide se trouve Dominique Pelicot, le mari de la victime. Unanimement décrit comme le “chef d’orchestre”, il aurait, pendant une décennie, drogué son épouse aux anxiolytiques pour pouvoir la violer et la livrer à des inconnus recrutés sur internet. Au total, ce sont près de 200 viols qui auraient été commis, la moitié par le mari lui-même.
Des accusés qui se défaussent
Face aux juges, les accusés adoptent une ligne de défense commune, se disant “manipulés” ou “aux ordres” de Dominique Pelicot, dépeint comme un “démon”. Certains minimisent leurs actes :
Un doigt, c’est pas un viol.
Une attitude vivement dénoncée par Gisèle Pelicot pour qui “quand on passe à l’acte, il n’est plus question de manipulation”.
Une victime devenue icône féministe
Tout au long des débats, Gisèle Pelicot s’est imposée comme une figure forte, refusant le huis clos et n’hésitant pas à interpeller ses agresseurs. Pour elle, ce procès est celui “d’une société machiste et patriarcale qui banalise” les agressions sexuelles. Elle fustige “la lâcheté” des accusés et souligne l’impact dévastateur sur sa vie :
J’ai perdu 10 ans de ma vie que je ne rattraperai jamais. Jamais cette cicatrice ne se refermera!
Un procès pour faire changer les mentalités
Au-delà de son histoire personnelle, Gisèle Pelicot veut faire de ce procès un symbole, un moyen de faire évoluer les regards sur le viol et le consentement. Elle appelle à une prise de conscience collective sur ces questions encore trop souvent minimisées.
Il est temps qu’on change de regard sur le viol.
Éclairage attendu sur les motivations du mari
L’un des enjeux du procès est aussi de comprendre ce qui a pu pousser Dominique Pelicot à de tels actes. Selon son avocate, Maître Beatrice Zavarro, des explications sont attendues “au moins pour le respect qu’il doit à son épouse”. La septuagénaire espère elle aussi des réponses, même si elle assure qu’elle ne pardonnera jamais.
Vers un verdict historique ?
Après les plaidoiries prévues jusqu’à début décembre, la cour rendra son délibéré au plus tard le 20 décembre. Au vu du nombre d’accusés et de la gravité des faits reprochés, le verdict est très attendu. Il pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles et faire jurisprudence.
Cette affaire hors norme aura en tout cas permis de libérer la parole et de mettre en lumière la réalité glaçante des viols conjugaux et de la soumission chimique. Elle rappelle douloureusement que dans une société encore empreinte de machisme, le chemin est long pour que le consentement soit pleinement respecté et les agresseurs systématiquement sanctionnés.