C’est un verdict qui restera dans les annales judiciaires. Au terme du procès marathon des viols de Mazan, qui a tenu la France en haleine pendant des semaines, la cour criminelle du Vaucluse a rendu sa décision ce 19 décembre 2024. Aucun des 51 accusés n’a été acquitté. Parmi eux, Dominique Pelicot, décrit comme le « chef d’orchestre » de ce réseau de prédateurs sexuels, écope de 20 ans de réclusion criminelle. Une peine exemplaire qui sonne comme un avertissement pour tous ceux qui seraient tentés de se livrer à de tels crimes.
Un procès hors norme
Près d’un an et demi après les faits, le procès des viols de Mazan aura été à la hauteur de l’horreur des crimes jugés. Pendant quatre semaines, les victimes, dont Gisèle Pelicot, ont fait preuve d’un courage immense en affrontant leurs bourreaux devant la cour. Leurs témoignages glaçants ont révélé l’ampleur des sévices qu’elles ont subis aux mains de Dominique Pelicot et de ses complices.
Face à elles, les accusés ont pour la plupart nié leur implication ou minimisé leur rôle, renvoyant la responsabilité sur Dominique Pelicot. Ce dernier, décrit comme un « pervers narcissique » mu par des « pulsions incontrôlables » par l’accusation, est resté impassible tout au long des débats. Une attitude qui n’a pas manqué de choquer l’opinion publique.
La réaction de la défense
À l’annonce du verdict, Me Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot, a déclaré que son client était « hébété ». Elle a affirmé qu’il « prenait acte » de la décision, tout en laissant entendre qu’il pourrait faire appel. Une possibilité qui inquiète les parties civiles, qui espèrent que cette page sombre pourra enfin être tournée.
Je voulais que les débats soient sereins, ils l’ont été. Je pense que les verdicts prononcés vont participer de l’apaisement de Mme Pelicot.
Me Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot
Des peines à la hauteur de la gravité des faits
Au-delà du cas de Dominique Pelicot, les peines prononcées à l’encontre de ses co-accusés sont également lourdes. Plusieurs écopent de plus de 15 ans de prison. Un signal fort envoyé par la justice, qui entend montrer sa détermination à lutter contre les violences sexuelles.
Cette sévérité des peines est saluée par les associations de défense des victimes. « C’est la reconnaissance de l’immense préjudice subi par les plaignantes », a réagi une responsable associative. « Cela montre que leur parole a été entendue et prise au sérieux. »
Un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles ?
Au-delà des faits jugés, ce procès pourrait marquer un tournant dans la manière dont la justice appréhende les dossiers de viols et d’agressions sexuelles. La libération de la parole des victimes ces dernières années a mis en lumière l’ampleur du problème et la nécessité d’y apporter une réponse pénale ferme.
En condamnant lourdement les accusés de Mazan, la cour envoie un message clair : les crimes sexuels ne resteront plus impunis. Une évolution en phase avec les attentes de la société, qui n’est plus prête à tolérer ces comportements prédateurs.
Et maintenant ?
Si le verdict du procès de Mazan constitue indéniablement une victoire pour les parties civiles, il ne marque pas pour autant la fin de leur combat. Les victimes devront continuer à se reconstruire, un processus long et douloureux. Elles pourront compter sur le soutien des associations, qui restent mobilisées à leurs côtés.
Quant à la justice, elle devra confirmer la sévérité affichée dans ce dossier. Car si le procès de Mazan est exceptionnel par son ampleur, les crimes sexuels, eux, restent tristement banals. Chaque année, des milliers de femmes et d’hommes en sont victimes. Il est temps que les agresseurs comprennent que leurs actes ne resteront pas sans conséquence.