C’est un procès hors normes qui se tient actuellement devant la cour criminelle du Vaucluse. Onze semaines d’audience, 56 parties civiles, une affaire sordide de viols en réunion sous soumission chimique qui a défrayé la chronique. Ce lundi, les réquisitions tant attendues ont débuté, avec la prise de parole des avocats généraux.
Dominique Pelicot, « clef de voûte » du dossier
Le ministère public a commencé son réquisitoire par le principal accusé, Dominique Pelicot. Détenu depuis novembre 2020, l’époux de Gisèle Pelicot est considéré comme la « clef de voûte » de l’affaire. C’est lui qui aurait drogué sa femme à son insu pendant plus de 10 ans, avant de la livrer à des dizaines d’hommes pour qu’ils abusent d’elle.
L’avocate générale Laure Chabaud a requis à son encontre la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Elle a retenu les qualifications de viols aggravés par trois circonstances : la soumission chimique, les faits commis en réunion, et la qualité de conjoint de l’accusé.
« Dominique Pelicot ne répond pas à une pulsion. Il a eu le temps de réfléchir à ce qu’il faisait »
Laure Chabaud, avocate générale
Des délits connexes aussi retenus
Au delà des viols, le ministère public a aussi retenu des délits connexes contre Dominique Pelicot, comme la diffusion d’images intimes de sa fille et de ses belles-filles à des internautes. « Cette observation montre que la dérive de Dominique Pelicot ne s’exerce pas uniquement sur son épouse », a souligné l’avocate générale.
En revanche, en l’absence d’éléments matériels probants, aucune accusation de viol ou de soumission chimique n’a été retenue concernant les actes qu’aurait subis sa fille Caroline. « On ne minimise pas sa souffrance, ô combien légitime, mais toute souffrance ne peut pas trouver une traduction juridique », a déclaré Laure Chabaud à ce sujet.
Le courage de Gisèle Pelicot salué
Tout au long de ce procès hors norme, le courage et la dignité de Gisèle Pelicot, 61 ans, ont forcé le respect. C’est elle qui, en octobre 2020, a fini par dénoncer l’enfer qu’elle vivait depuis 2010, permettant le déclenchement de l’enquête. Durant les audiences, elle a livré un témoignage poignant sur son calvaire et fait face à ses bourreaux.
« Je n’ai pas de mots pour lui dire mon admiration »
J.K. Rowling, autrice d’Harry Potter, en soutien à Gisèle Pelicot
Plusieurs jours de réquisitions attendus
Après le cas Dominique Pelicot, les réquisitions doivent se poursuivre concernant les 39 autres accusés de viols et complicité. Selon des sources proches du dossier, le parquet pourrait requérir jusqu’à 16 ans de prison pour les plus impliqués. Les réquisitions pourraient s’étaler jusqu’à mercredi.
Le procès doit se terminer le 1er décembre, après les plaidoiries de la défense. La cour rendra ensuite son délibéré. Plus de deux ans après la révélation des faits, Gisèle Pelicot et les siens espèrent que la justice sera au rendez-vous de ce dossier criminel sans précédent.