C’est un coup de théâtre qui s’est produit lundi au procès des assistants parlementaires du Front National (FN). Alors que les débats se poursuivent dans cette affaire de présumés emplois fictifs au Parlement européen, la plaidoirie de Me Solange Doumic, avocate de Thierry Légier, a créé la surprise. Connu comme « le garde du corps » de Marine Le Pen, cet homme de l’ombre se retrouve aujourd’hui sous le feu des projecteurs.
Une défense tout en finesse
Face à l’accusation d’avoir occupé un emploi fictif d’assistant parlementaire, Me Doumic a déployé toute sa finesse pour défendre Thierry Légier. Avec habileté, elle s’est attachée à démontrer point par point que son client exerçait bien des tâches en lien avec son statut.
Rappelant son parcours d’ancien militaire, l’avocate a brossé le portrait d’un homme loyal et dévoué. Elle a assuré qu’au-delà de son rôle de garde du corps, il assistait véritablement les députés européens dans leurs fonctions.
Thierry Légier a toujours été un homme de l’ombre, travaillant avec sérieux et discrétion aux côtés de Jean-Marie puis Marine Le Pen.
Me Solange Doumic
Des tâches diversifiées
Lors de sa plaidoirie, Me Doumic a détaillé les multiples facettes du travail de Thierry Légier :
- Organisation logistique des déplacements
- Gestion d’agenda et planification
- Veille médiatique et politique
- Rédaction de notes et synthèses
Autant de missions qui, selon la défense, justifient pleinement son statut et son salaire d’assistant parlementaire européen.
L’ombre d’un « système » FN
Mais au-delà du cas individuel de Thierry Légier, ce procès met en lumière les pratiques du Front National au Parlement européen. Les juges cherchent à déterminer si un « système » de détournement de fonds publics a été mis en place, via l’emploi fictif d’assistants.
Une accusation lourde, qui pèse sur le parti et sa présidente Marine Le Pen. Cette dernière, bien que protégée par son immunité parlementaire, n’en reste pas moins au cœur des débats.
Une stratégie de défense audacieuse
Face à ces enjeux, les avocats de la défense, dont Me Doumic, se livrent à un véritable numéro d’équilibriste. Il s’agit pour eux d’innocenter leurs clients, tout en évitant d’accréditer la thèse d’une fraude massive et organisée.
Un exercice périlleux, qui oblige à jouer sur les détails et les subtilités juridiques. Quitte, parfois, à se contredire ou à semer le doute dans l’esprit des juges.
On cherche à faire croire qu’il existait un système frauduleux. Mais la réalité est bien plus complexe et nuancée.
Un avocat de la défense
Un procès sous haute tension
À l’image de la plaidoirie de Me Doumic, ce procès est riche en rebondissements et coups d’éclat. Dans le prétoire, la tension est palpable entre les différentes parties.
Pour l’accusation, il s’agit de faire tomber les masques et de révéler au grand jour un système frauduleux. Les avocats de la défense, eux, jouent leur va-tout pour éviter à leurs clients de lourdes condamnations.
Au procès des assistants parlementaires du #FN, passe d'armes tendu entre l'avocat de #MarineLePen et le président du tribunal. "On n'est pas ici dans un meeting politique !", s'agace ce dernier. pic.twitter.com/fqsUOMrfzw
— Vincent Vantighem (@vvantighem) October 19, 2022
Dans ce contexte électrique, chaque mot est savamment pesé, chaque argument minutieusement affûté. Car au-delà des faits, c’est la réputation et l’avenir politique du FN qui se jouent lors de ce procès hors norme.
Quel épilogue ?
Après plusieurs semaines d’audiences, le procès touche à sa fin. Mais le suspense reste entier quant à son dénouement. Les juges rendront-ils une décision clémente ou sévère à l’égard des prévenus ?
Selon des sources proches du dossier, le parquet aurait requis des peines allant jusqu’à 3 ans de prison avec sursis pour certains cadres du parti. Une condamnation qui fragiliserait un peu plus le FN, déjà secoué par de nombreuses affaires.
Réponse dans les prochaines semaines, lorsque le tribunal rendra son délibéré. Un jugement qui fera date et qui, quelle qu’en soit l’issue, marquera un tournant dans l’histoire mouvementée du Front National.