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Procès De Viols En Série : Deux Lignes De Défense S’Affrontent

Au procès retentissant des viols en série d'Avignon, les plaidoiries des avocats de la défense révèlent deux stratégies diamétralement opposées. Certains plaident la manipulation des accusés, d'autres la reconnaissance des faits. Le verdict très attendu sera rendu le...

Depuis trois mois, la cour d’assises d’Avignon juge un procès hors norme. Pas moins de cinquante-et-un hommes sont accusés de viols aggravés ou d’agression sexuelle sur une femme de 71 ans, Gisèle Pelicot. Cette dernière aurait été droguée pendant une décennie par son ex-mari, Dominique Pelicot, qui organisait ces viols en série. Mais alors que le procès touche à sa fin, deux lignes de défense radicalement opposées s’affrontent.

Certains accusés reconnaissent les faits

Du côté des accusés, quatorze d’entre eux ont admis avoir commis un viol, reconnaissant que la victime était sédatée et n’avait pas donné son consentement. C’est le cas notamment de Cédric G., 50 ans, et Jean-Luc L., 46 ans, dont les avocats ont plaidé ce mardi matin. Sans nier la gravité des faits, ils ont demandé à la cour de prendre en compte la prise de conscience et le parcours de leurs clients depuis les faits.

Même s’il n’a pas eu la volonté de commettre un viol, mon client a pris conscience de ce qu’il avait fait et a demandé pardon à la victime.

Me Jordan Preynet, avocat de Jean-Luc L.

Les avocats ont ainsi plaidé des circonstances atténuantes liées à la personnalité des accusés et leur volonté de se soigner, espérant des peines moins lourdes que les 14 à 16 ans de réclusion requis par l’accusation. Une stratégie de défense qui tranche avec celle adoptée par d’autres accusés.

D’autres plaident la manipulation

En effet, six accusés représentés par Me Guillaume de Palma ont choisi une ligne de défense radicalement différente cet après-midi. Selon leur avocat, ces « hommes ordinaires » auraient été « trompés », « leurrés », voire « drogués » par Dominique Pelicot, qu’il qualifie de « plus grand criminel sexuel du XXIe siècle ».

Niant toute intention de commettre un viol, ils affirment avoir cru participer au scénario d’un couple libertin où la femme serait endormie, sans se poser la question du consentement. Une version contestée par l’accusation au vu des vidéos prouvant l’absence de consentement de Mme Pelicot.

Ils ont été trompés, ils ont été leurrés par le plus grand criminel sexuel du XXIe siècle. Ce sont des hommes simples, ordinaires, et on vient leur reprocher de ne pas avoir compris la situation en quelques minutes.

Me Guillaume de Palma, avocat de six accusés

Malgré les nombreux éléments à charge, Me de Palma maintient que le dossier est « un désert de preuves » et que les éléments de personnalité de ses clients « viennent démontrer qu’ils peuvent être innocents ». Il semble ainsi plaider l’acquittement pour les six hommes.

Un verdict très attendu

Après trois mois d’un procès éprouvant, les plaidoiries de la défense se poursuivront jusqu’au 13 décembre. La parole sera ensuite donnée une dernière fois aux accusés avant que la cour ne se retire pour délibérer. Le verdict, très attendu dans ce dossier qui a profondément choqué l’opinion publique, sera rendu le 20 décembre.

Quelle que soit la décision, ce procès aura mis en lumière l’horreur vécue par Gisèle Pelicot pendant des années et la nécessité de toujours s’assurer du consentement de son ou sa partenaire. Il aura aussi questionné la responsabilité de chacun dans ce type de crimes, entre ceux qui les commettent directement et ceux qui ferment les yeux ou se rendent complices par leur silence et leur inaction.

Un procès qui restera sans doute dans les annales judiciaires, tant par son ampleur que par les questions qu’il soulève sur les dérives de notre société. La décision de la cour d’Avignon sera scrutée de près, pour les cinquante-et-un accusés comme pour toutes les victimes de violences sexuelles qui attendent que justice leur soit rendue.

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