En ce mois d’août 1945, Pierre Laval, figure emblématique et controversée du régime de Vichy, se prépare à affronter la justice. Exilé à Sigmaringen depuis la Libération, il a déjà été condamné à mort par contumace par le tribunal de Marseille pour son rôle dans la vente d’un journal collaborationniste. Conscient que son procès pour haute trahison est inévitable, Laval entend défendre ses choix politiques sur le plan juridique.
Un procès expéditif et controversé
Le procès de Pierre Laval s’ouvre le 4 octobre 1945 devant la Haute Cour de justice, un tribunal d’exception mis en place pour juger les anciens dirigeants du régime de Vichy. L’accusé, affaibli par des conditions de détention éprouvantes, fait néanmoins face à ses juges avec une détermination farouche.
Cependant, les débats prennent rapidement une tournure expéditive. La défense de Laval, assurée par des avocats commis d’office, peine à faire entendre ses arguments. L’ancien chef du gouvernement tente de justifier sa politique de collaboration comme un moindre mal visant à préserver les intérêts français, mais ses explications se heurtent à l’hostilité de la Cour.
Je n’ai trahi ni mon pays ni mes idées. J’ai voulu épargner à la France de plus grands malheurs.
– Pierre Laval lors de son procès
Une tentative de suicide désespérée
Au terme d’un procès de seulement cinq jours, Pierre Laval est sans surprise condamné à mort pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi. Refusant ce qu’il considère comme une parodie de justice, il décide de se donner la mort dans sa cellule en avalant une capsule de cyanure dissimulée dans le talon de sa chaussure.
Mais la tentative échoue. Laval est découvert agonisant et transféré d’urgence à l’infirmerie de la prison de Fresnes. Les médecins parviennent à le ranimer, le maintenant en vie pour qu’il soit en état d’être fusillé.
Les derniers instants d’un condamné
Le 15 octobre 1945, à l’aube, Pierre Laval est extrait de sa cellule et conduit au poteau d’exécution dans la cour de la prison. Affaibli par sa tentative de suicide, soutenu par deux gardiens, il parvient néanmoins à crier « Vive la France ! » avant que les balles ne l’atteignent.
Laval est mort bravement. Il a payé ses fautes et ses erreurs. Que Dieu lui fasse miséricorde !
– François de Menthon, Garde des Sceaux, après l’exécution
Ainsi s’achève le destin tragique de Pierre Laval, ancien chef du gouvernement de Vichy, jugé et exécuté dans des conditions qui soulèvent encore aujourd’hui de nombreuses questions sur la légitimité et l’équité de l’épuration à la Libération. Un épisode sombre et douloureux de l’histoire française qui continue de susciter réflexions et débats.