C’est un verdict très attendu qui doit être rendu ce vendredi soir par la cour d’assises spéciale de Paris. Après sept semaines d’un procès intense, les huit accusés impliqués à des degrés divers dans l’assassinat du professeur Samuel Paty par un jeune islamiste radical tchétchène en octobre 2020 vont connaître leur sort. Une affaire bouleversante qui avait profondément choqué la France.
Un verdict très incertain qui risque de décevoir
Selon des sources proches du dossier, le verdict s’annonce très incertain et risque de mécontenter de nombreuses parties. En effet, le parquet national antiterroriste a requis des peines jugées « trop clémentes » par les parties civiles, allant de 18 mois de prison avec sursis à 16 ans de réclusion criminelle pour les huit accusés âgés de 22 à 65 ans. De son côté, la défense a plaidé l’acquittement pour la plupart d’entre eux, contestant l’intention terroriste.
Abandon de la qualification terroriste pour certains accusés
Dans ses réquisitions, le parquet a demandé l’abandon de la qualification de complicité d’assassinat terroriste, passible de la perpétuité, pour deux amis du tueur. Il a estimé que s’ils avaient apporté « un soutien logistique » à l’assassin le jour du crime, rien ne prouvait qu’ils avaient connaissance de son projet funeste. L’association de malfaiteurs terroriste, passible de 30 ans de prison, a été retenue à la place.
Les instigateurs de la campagne de haine
Brahim Chnina, le père de la collégienne qui avait menti en accusant Samuel Paty de discrimination envers les élèves musulmans, et Abdelhakim Sefrioui, prédicateur islamiste radical, sont considérés comme les instigateurs de la campagne de haine contre le professeur. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste et encourent respectivement 10 et 12 ans de réclusion criminelle selon les réquisitions.
Rien ne prouve qu’Anzorov a vu la vidéo de M. Sefrioui, ont souligné ses avocats, ajoutant qu’ils n’avaient pas non plus rencontré l’assassin de Samuel Paty.
La « jihadosphère » impliquée
Quatre autres accusés, appartenant à la « jihadosphère » et en contact avec l’assassin sur les réseaux sociaux, sont également jugés pour association de malfaiteurs terroriste. Le parquet a cependant souhaité une requalification à la baisse des infractions pour deux d’entre eux. Des peines allant de 18 mois avec sursis à 5 ans de prison ont été requises à leur encontre.
Ce procès aura été marqué par l’émotion et la douleur des proches de Samuel Paty, mais aussi par les questionnements sur la responsabilité de chacun dans ce drame qui a frappé la France. Le verdict, quel qu’il soit, ne pourra apaiser totalement les souffrances et les interrogations. Mais il constituera une étape importante pour honorer la mémoire de ce professeur qui a payé de sa vie son engagement pour la liberté d’expression et les valeurs de la République.