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Procès de l’assassinat de Samuel Paty : Les 10 jours de drame

Quatre ans après l'assassinat du professeur Samuel Paty, le procès des accusés s'ouvre. Plongée dans les 10 jours d'un drame qui a ébranlé la France. Un procès aux nombreux enjeux pour la liberté d'expression et contre l'islamisme radical.

Quatre ans après l’assassinat brutal du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, le procès des accusés s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Huit personnes, sept hommes et une femme, comparaissent pour leur implication présumée dans ce drame qui avait profondément choqué la France en octobre 2020. Retour sur la chronologie des dix jours qui ont précédé ce tragique évènement.

Un cours sur la liberté d’expression qui fait polémique

Tout commence le mardi 6 octobre 2020 quand Samuel Paty, enseignant au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, donne un cours sur la liberté d’expression. Il montre notamment des caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo, en prévenant au préalable que ceux qui le souhaitent peuvent détourner le regard. Mais dès le lendemain, une élève de 4e, Z., raconte à son père Brahim Chnina, aujourd’hui accusé, qu’elle a assisté au cours et a été choquée. Ce dernier, musulman pratiquant, lance alors une mobilisation sur les réseaux sociaux contre le professeur en diffusant des vidéos accusatrices et en appelant à son exclusion.

Le 8 octobre, accompagné du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, Brahim Chnina se présente au collège pour exiger des sanctions contre Samuel Paty qu’il traite de “voyou”. La situation s’envenime et l’enseignant reçoit des menaces. Des comptes-rendus notent toutefois que le professeur avait fait preuve de pédagogie sans intention de blesser et qu’il avait reconnu une maladresse. Des mails sont envoyés pour tenter d’apaiser la situation mais en vain.

Une ambiance de peur s’installe

À partir du 11 octobre, comme le rapportent des sources proches du dossier, Samuel Paty, très affecté, fait part à ses collègues des menaces reçues de la part “d’islamistes locaux”. Le climat de tension est palpable et certains enseignants, inquiets, fondent en larmes en salle des professeurs. Samuel Paty, dont le nom et l’adresse ont été diffusés sur les réseaux sociaux, se sent en danger. Il demande à ses collègues de l’accompagner dans ses déplacements entre son domicile et le collège.

Pendant ce temps, la mobilisation contre lui s’amplifie sur Internet. Toujours d’après des éléments de l’enquête, plusieurs personnes, aujourd’hui mises en examen comme Priscilla Mangel ou Yusuf Cinar, prennent contact avec le père de l’élève pour lui apporter leur soutien. Parmi eux aussi, le futur assassin Abdoullakh Anzorov.

“Il se sentait complètement dépassé sur les réseaux sociaux, il perdait clairement pied”

– Un collègue de Samuel Paty

Le jour du drame

Vendredi 16 octobre 2020, veille des vacances de la Toussaint. Samuel Paty, qui avait confié la veille ne pas être dans son assiette, déjeune avec un collègue. Il se dit très en colère contre le père d’élève, se sentant dépassé par les événements. Ce jour-là, dissimulé sous une capuche, il effectue seul le chemin jusqu’à son domicile. Vers 16h50, il est sauvagement assassiné et décapité à quelques mètres du collège par Abdoullakh Anzorov, qui est abattu peu après par la police. Ce dernier revendiquera son acte sur les réseaux sociaux.

Cet effroyable assassinat avait suscité une vague d’émotion en France, avec notamment un hommage national rendu à Samuel Paty. Le procès qui s’ouvre, prévu jusqu’au 20 décembre, devra juger du degré de responsabilité des accusés dans la survenue de ce drame. Pour les parties civiles, il s’agira aussi de défendre la mémoire d’un enseignant qui a payé de sa vie son attachement à la liberté d’expression et aux valeurs de la République.

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