Le procès des huit personnes impliquées à des degrés divers dans l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie sauvagement tué en octobre 2020, s’est achevé ce jeudi 8 juin devant la cour d’assises spéciale de Paris. Cet événement tragique, qui avait suscité une immense émotion dans tout le pays, va connaître son épilogue avec le verdict attendu dans la soirée de vendredi. Retour sur une affaire qui a ébranlé la France entière.
Un crime qui a choqué la nation
Le 16 octobre 2020, la France est sous le choc en apprenant l’assassinat barbare de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans, poignardé puis décapité près du collège où il exerçait à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne. Son meurtrier, un jeune homme de 18 ans d’origine tchétchène, sera abattu par les forces de l’ordre peu après son crime. Mais au-delà de l’horreur de cet acte, c’est tout le contexte de cette affaire qui va soulever l’indignation.
Une campagne de haine basée sur un mensonge
Avant de trouver la mort, Samuel Paty avait en effet été la cible d’un intense cyberharcèlement. Tout était parti du mensonge d’une de ses élèves, qui l’avait accusé à tort d’avoir discriminé les élèves musulmans lors d’un cours sur la liberté d’expression où il avait montré des caricatures de Mahomet. Une cabale s’en était suivie sur les réseaux sociaux, relayée notamment par le père de la collégienne et un militant islamiste.
Je n’ai rien à voir avec ce crime indigne de l’humanité toute entière.
Abdelhakim Sefrioui, prédicateur islamiste accusé dans le procès
Lors du procès, ce prédicateur de 65 ans, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste, a tenté de se dédouaner de toute implication, affirmant rejeter le terrorisme. Il risque pourtant jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir traité Samuel Paty de « voyou » dans une vidéo quelques jours avant l’assassinat.
Un procès pour comprendre et rendre justice
Outre le prédicateur, sept autres personnes étaient jugées lors de ce procès pour leur rôle dans la survenue de ce drame :
- Le père de l’élève à l’origine des accusations mensongères, poursuivi lui aussi pour association de malfaiteurs terroriste. Il a exprimé ses regrets à la barre.
- Deux jeunes hommes d’origine tchétchène accusés de complicité pour avoir fourni des armes au terroriste. Ils nient avoir eu connaissance de ses intentions.
- Quatre autres personnes jugées pour association de malfaiteurs terroriste à des degrés divers.
Le parquet a requis des peines allant de 18 mois avec sursis à 16 ans de réclusion. Des réquisitions en deçà de ce qu’espéraient les parties civiles, le ministère public ayant choisi de requalifier à la baisse les chefs d’accusation de plusieurs prévenus.
Dans l’attente du verdict
Après plusieurs semaines d’audience, la cour et les jurés se sont retirés pour délibérer ce jeudi soir. Un verdict est attendu vendredi soir à partir de 20h, mettant un point final judiciaire à cette affaire qui a tant marqué les esprits.
Au-delà des responsabilités individuelles, ce procès aura une nouvelle fois mis en lumière le fléau du cyberharcèlement et ses conséquences potentiellement dramatiques. Il rappelle aussi l’importance de la lutte contre le fanatisme et la haine sous toutes leurs formes. La France, en rendant justice à Samuel Paty, rendra aussi hommage à ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, chèrement défendues par cet enseignant victime de l’obscurantisme.