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Procès de l’assassinat de Samuel Paty : Le parquet écarte la complicité

Rebondissement dans le procès de l'assassinat de Samuel Paty : le parquet antiterroriste a exclu la complicité pour deux accusés clés, ne retenant que l'association de malfaiteurs terroriste. Une décision qui...

Dans un rebondissement significatif au procès de l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie sauvagement tué en octobre 2020, le parquet national antiterroriste a écarté lundi la qualification de « complicité d’assassinat terroriste » pour les deux principaux accusés poursuivis à ce titre. Une décision qui suscite de nombreuses interrogations sur les implications réelles de Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, amis de l’assaillant Abdoullakh Anzorov, dans ce crime odieux qui avait profondément choqué la France.

Une association de malfaiteurs terroriste plutôt qu’une complicité directe

Si le parquet estime que les deux hommes, âgés de 22 et 23 ans, se sont rendus coupables d’association de malfaiteurs terroriste, un crime passible de 30 ans de réclusion, il considère cependant que les éléments sont insuffisants pour caractériser une complicité dans l’assassinat à proprement parler. La représentante de l’accusation, la magistrate Marine Valentin, a ainsi affirmé ne pouvoir se baser que sur des « certitudes » et non de simples « hypothèses » pour retenir cette lourde qualification.

Pourtant, comme elle l’a souligné, « par leur participation active et quasi permanente, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov ont permis à Abdoullakh Anzorov d’assassiner Samuel Paty. Ils ont été le soutien logistique dont Anzorov avait besoin pour son passage à l’acte meurtrier ». Accusés d’avoir aidé le terroriste à se procurer des armes et de l’avoir conduit à proximité du collège le jour du drame, les deux jeunes ont nié en bloc, assurant tout ignorer de ses funestes intentions.

Les autres accusés, entre « djihadosphère » et appât du gain

Au-delà de Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, sur lesquels pèsent les charges les plus lourdes, six autres personnes comparaissent dans ce procès hors normes, toutes pour association de malfaiteurs terroriste. Parmi elles, des membres de la mouvance islamiste radicale ayant joué un rôle dans la campagne de haine visant Samuel Paty, à l’image du sulfureux militant Abdelhakim Sefrioui et du parent d’élève Brahim Chnina, mais aussi plusieurs jeunes gravitant dans l’entourage d’Anzorov.

Fait troublant, deux collégiens ont reconnu avoir désigné le professeur à son bourreau, motivés par l’appât du gain. « J’ai pensé qu’à l’argent », a admis l’un d’eux à la barre, déjà condamné en décembre dans un volet distinct de l’affaire. Un cynisme glaçant qui en dit long sur le climat délétère ayant précédé l’irréparable.

Samuel Paty n’était pas un martyr. Il n’est pas mort en militant. Il n’est pas mort en hussard noir de la République mais en victime innocente d’un crime radicalement abject et absurde.

Nicolas Braconnay, représentant du parquet antiterroriste

Un procès pour mesurer le « séparatisme », arme de l’arsenal islamiste

Au-delà des responsabilités individuelles, ce procès est l’occasion de décortiquer les mécanismes qui ont conduit à ce drame national et de souligner le rôle central du séparatisme comme « maillon clé du projet islamiste », selon les termes de l’avocat Thibault de Montbrial.

Pointant du doigt les « calomnies qui ont accablé Samuel Paty » pour un cours jugé par le parquet « équilibré et pertinent », l’accusation a ainsi appelé à ne pas perdre de vue la finalité de ce crime : « À travers lui, c’est beaucoup de ce que nous sommes qui a été atteint. »

Après ces réquisitions, place désormais aux plaidoiries de la défense, avant que la cour ne se retire pour délibérer, avec en toile de fond les mots des parties civiles dépeignant les « dégâts à fragmentation » de cet attentat dans leurs vies brisées. Un procès où se joue bien plus que le sort de huit accusés, un procès pour la République.

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