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Prison ferme pour deux Russes ayant renversé un mémorial militaire

Deux Russes ont été lourdement condamnés à de la prison ferme pour avoir vandalisé un mémorial en hommage aux soldats tués en Ukraine. Un acte qui témoigne des tensions internes en Russie sur le conflit ukrainien et de la sévère répression de l'opposition...

En Russie, l’opposition à la guerre en Ukraine se paie au prix fort. Deux hommes russes l’ont appris à leurs dépens, écopant de lourdes peines de prison pour un acte de vandalisme contre un mémorial rendant hommage aux combattants russes tués au front.

2 ans et demi et 3 ans de colonie pénitentiaire pour vandalisme

Selon une source judiciaire, le tribunal Tverskoï de Moscou a condamné lundi Daniïl Golikov, 28 ans, et Andreï Kozlovski, 26 ans, à respectivement deux ans et demi et trois ans de colonie pénitentiaire. Leur crime : avoir renversé en mars dernier trois vases et piétiné des gerbes de fleurs sur un mémorial improvisé près du Kremlin, dédié aux paramilitaires du groupe Wagner et aux soldats russes morts en Ukraine.

Les deux jeunes hommes ont été reconnus coupables de “destruction ou endommagement d’un mémorial en hommage aux personnes tuées en défendant leur patrie” et de “vandalisme”. Un acte fort, qui témoigne des tensions internes en Russie autour de l’offensive en Ukraine, mais aussi de la sévère répression de toute forme d’opposition ou de critique.

Un mémorial devenu symbole des pertes russes en Ukraine

Initialement créé en mémoire des paramilitaires de Wagner et du blogueur pro-Kremlin Vladlen Tatarski, tué dans un attentat en avril, ce lieu de recueillement s’est progressivement mué en symbole des lourdes pertes subies par l’armée et les supplétifs russes dans le conflit ukrainien. Un sujet sensible en Russie, où le bilan humain officiel reste secret.

Selon le site Mediazona, classé “agent de l’étranger” par les autorités russes, les accusés auraient ainsi piétiné trois vases de fleurs et huit gerbes. Un geste vu comme un affront par les partisans de l’offensive, à l’image du mouvement “Mémorial du peuple” qui a réagi :

Que nos ennemis aient peur et sachent qu’ils devront répondre devant la loi s’ils crachent sur la mémoire nationale.

Répression implacable de l’opposition à la guerre

Cet épisode illustre l’implacable répression qui s’abat en Russie sur tous ceux qui osent exprimer leur désaccord avec l’opération militaire en Ukraine. Depuis février 2022, des milliers de personnes ont été menacées, sanctionnées ou emprisonnées pour avoir critiqué ou “discrédité” l’armée russe.

Lors de l’audience, les deux prévenus ont assuré regretter leur geste “abominable”, affirmant avoir agi en état d’ébriété. Malgré ces circonstances atténuantes, la justice russe a tenu à faire un exemple, pour décourager toute nouvelle provocation de ce type.

Tensions internes autour d’une guerre qui s’enlise

Au-delà de l’acte lui-même, cette affaire met en lumière les tensions qui travaillent la société russe, plus d’un an après le début d’une “opération spéciale” qui devait être éclair mais s’enlise dans un conflit de longue haleine. Entre propagande officielle et réalité du front, entre partisans et opposants de la guerre, la Russie apparaît plus divisée que jamais.

Dans ce contexte, le sort de Daniïl Golikov et Andreï Kozlovski sonne comme un avertissement à tous ceux qui seraient tentés de braver l’omerta imposée par le Kremlin. Un message clair : en temps de guerre, la dissidence se paie cash. Même si elle ne prend que la forme de quelques vases et gerbes renversés.

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