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Priozersk, la ville secrète du Kazakhstan qui se rêve en station balnéaire

Priozersk, ex-ville secrète du Kazakhstan, se transforme en station balnéaire malgré son passé militaire. Hôtels, plages, sanatorium... Découvrez les ambitions touristiques de cette cité pas comme les autres, entre missiles russes et eaux turquoise du lac Balkhach. Une reconversion étonnante qui intrigue...

Au cœur de la steppe kazakhe, à l’abri des regards, sommeille une cité pas comme les autres. Priozersk, autrefois ville secrète de l’Union Soviétique dédiée aux essais de missiles, rêve aujourd’hui de troquer ses installations militaires contre des parasols colorés. Car malgré la présence toujours active de soldats russes à proximité, cette ville de 15 000 âmes compte bien séduire les touristes avec son joyau : les eaux turquoise du lac Balkhach, plus grand plan d’eau d’Asie Centrale.

De ville fantôme à destination prisée, les grandes ambitions de Priozersk

Invisible sur les cartes jusqu’en 2008, Priozersk était une ville fermée, un de ces nombreux sites stratégiques et confidentiels parsemant l’immensité soviétique. Créée en 1956 pour abriter le centre d’essais de missiles anti-balistiques de Sary-Shagan, la cité a longtemps vécu au rythme des tirs de missiles destinés à protéger l’URSS d’une attaque nucléaire.

Si la chute de l’Union Soviétique en 1991 a sonné le glas de cette époque, l’héritage est toujours présent, à l’image des affiches décrépies glorifiant le bouclier antimissile ou des maquettes grandeur nature de radars et missiles exposées en ville. Mais Priozersk veut tourner la page et mise sur son cadre naturel d’exception pour attirer les voyageurs.

Nous allons réaménager tout le littoral pour que les piétons s’y promènent. Nous prévoyons aussi de construire des hôtels et organisons des actions pour nettoyer les plages.

– Mansour Akhmetov, maire de Priozersk

Un hôtel à rénover, symbole des ambitions touristiques

Alekseï Verechaguine, ancien militaire de l’Armée rouge, incarne à lui seul cette volonté de reconversion. Sur le toit de son hôtel abandonné, où trônent encore les lettres géantes composant l’enseigne “Hôtel Russie”, il s’active à rénover une à une les 150 chambres, persuadé que bientôt des touristes viendront y siroter des cocktails avec vue imprenable sur le lac Balkhach.

Je veux qu’il y ait un bel hôtel au centre de la ville, comme à l’époque soviétique. Alors je le remets en état, petit à petit.

– Alekseï Verechaguine, ancien militaire et propriétaire de l’hôtel Russie

Entre vestige de la Guerre Froide et tourisme militaire

Mais impossible d’effacer totalement le passé. Priozersk reste le centre administratif du champ de tir de Sary-Shagan, toujours utilisé par les forces russes. Des installations abandonnées parsèment la steppe alentour, témoins silencieux d’une époque révolue. De quoi attiser la curiosité des voyageurs en quête de destinations hors des sentiers battus, attirés par ce mélange incongru entre plages de sable fin et mystères militaires.

Ces installations soviétiques sont détruites, mais d’autres bases sont toujours actives.

– Ivan Sabitov, gardien des sites désaffectés

Des premiers signes encourageants

L’ouverture en 2016 d’un sanatorium 4 étoiles, “Les Sables dorés”, symbole architectural rappelant les radars soviétiques, montre que le pari du tourisme commence à porter ses fruits. Ses 120 employés, souvent d’anciens militaires ou policiers en reconversion, louent la qualité de vie et les opportunités offertes par cette nouvelle orientation économique.

De même, la présence de plusieurs petits hôtels accueillant les premiers touristes en ce début d’été laisse augurer un avenir radieux. Les voyageurs soulignent la beauté du lac et la qualité des plages, malgré un environnement parfois délabré qui fait aussi son charme.

Même si la ville semble en partie abandonnée, le lac Balkhach est magnifique, je profite de l’eau chaude et du sable fin. J’espère revenir!

– Olga Ryapolova, touriste russe

Un enjeu national pour diversifier l’économie

Au-delà de Priozersk, c’est tout le Kazakhstan qui mise sur le tourisme pour diversifier son économie, encore très dépendante des hydrocarbures. Avec ses immenses espaces naturels, le pays espère faire passer la part du secteur de 3,2% à 8% du PIB d’ici 2025.

Dans ce contexte, la métamorphose de Priozersk apparaît comme un laboratoire, un symbole des mutations à l’œuvre. Malgré les défis à relever, notamment en termes d’infrastructures et d’image, les autorités et les habitants veulent croire en un avenir radieux, où l’industrie du tourisme aura remplacé celle des missiles. Un pari aussi insolite qu’audacieux.

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