Le monde du cyclisme retient son souffle. À peine trois semaines après son abandon douloureux sur les routes du Tour de France, le slovène Primoz Roglic a décidé de remettre le couvert sur le Tour d’Espagne. Une Vuelta qu’il connaît comme sa poche pour l’avoir remportée trois années d’affilée de 2019 à 2021. Mais après une chute violente ayant entraîné son retrait de la Grande Boucle, beaucoup s’interrogeaient sur sa capacité à rebondir aussi vite. Le voilà qui s’élancera samedi de Lisbonne, bien décidé à aller chercher une 4e victoire record sur les routes espagnoles.
Primoz Roglic, l’homme qui tombe et se relève toujours
S’il y a bien un coureur habitué à se relever après une chute, c’est Primoz Roglic. Vainqueur de son premier Grand Tour en 2019 sur la Vuelta, le leader de la Jumbo-Visma a depuis collectionné les succès mais aussi les coups durs. Une mémorable défaillance dans le contre-la-montre final du Tour 2020 lui a coûté la victoire finale, avant un nouvel abandon l’an dernier sur la Grande Boucle suite à une lourde chute. Pourtant, à chaque fois, le slovène est revenu au plus haut niveau, en témoignent ses trois sacres consécutifs sur le Tour d’Espagne.
Cette année encore, les choses avaient pourtant bien commencé sur le Tour de France pour Roglic, double vainqueur d’étape et solide 2e du classement général derrière son coéquipier Jonas Vingegaard. Jusqu’à cette terrible chute dans la descente du col de Joux Plane, à deux jours de l’arrivée à Paris. Bilan : une épaule démise et un nouveau rêve brisé sur les routes françaises. Mais à peine le temps de digérer la déception qu’il fallait déjà se projeter sur un nouvel objectif.
Un favori parmi d’autres sur une Vuelta relevée
Et c’est donc la Vuelta que Primoz Roglic a choisie pour effectuer son retour au premier plan. Un Tour d’Espagne taillé pour les grimpeurs avec 13 étapes de montagne au programme, dont 10 arrivées au sommet. De quoi ravir le slovène donc, lui qui excelle dès que la route s’élève, comme il l’a encore prouvé sur le dernier Tour de France en remportant l’étape reine menant à Cauterets-Cambasque. Seule incertitude : sa condition physique après sa lourde chute et seulement trois semaines de récupération.
Car la concurrence sera rude sur cette 78e édition de la Vuelta. À commencer par le belge Remco Evenepoel, vainqueur sortant et lui aussi de retour après un Tour de France frustrant. Les grimpeurs Enric Mas, Mikel Landa et Juan Ayuso font figure d’outsiders sérieux, sans oublier le prodige britannique Thomas Pidcock qui découvrira le Tour d’Espagne. La bataille pour le maillot rouge s’annonce indécise et spectaculaire.
Le défi de la passe de quatre pour Roglic
Au milieu de cette concurrence relevée, Primoz Roglic aura un statut particulier. Celui du triple tenant du titre, qui tentera un exploit rarissime dans l’histoire du cyclisme : remporter quatre Tours d’Espagne consécutifs. Seul le légendaire Roberto Heras y est parvenu dans les années 2000. Présent sur la Vuelta sans discontinuer depuis 2019, le slovène y a bâti sa légende de champion aussi talentueux que résilient.
Primoz a une relation spéciale avec la Vuelta. C’est là qu’il a décroché son premier Grand Tour et il y revient chaque année avec une énorme détermination.
Adrie Van der Poel, directeur sportif de l’équipe Red Bull – BORA
Vainqueur en 2019 devant Alejandro Valverde alors qu’il n’était pas le favori, Roglic a ensuite dominé les éditions 2020 et 2021, reléguant ses adversaires à plus de 2 minutes au général. Une suprématie qu’il tentera de prolonger cette année malgré le contexte délicat. Et avec le soutien de son équipe, qui alignera à ses côtés des lieutenants de luxe comme Daniel Felipe Martinez et Aleksandr Vlasov.
Réussir la passe de quatre sur la Vuelta et rejoindre Roberto Heras au panthéon : voilà l’immense défi qui attend Primoz Roglic au départ de Lisbonne samedi. Trois semaines de course et un parcours montagneux pour écrire une nouvelle page de sa légende. Avec en ligne de mire cette 4e victoire consécutive qui le ferait définitivement entrer dans l’histoire du cyclisme. Verdict le 17 septembre à Madrid, où sera sacré le vainqueur de cette 78e Vuelta. En espérant que la foudre ne s’abattra pas une nouvelle fois sur le slovène.