Les dernières projections économiques de la Banque de France pour 2025 sonnent comme un avertissement. Alors que l’économie française se remettait progressivement de la crise du Covid, de nouveaux nuages s’amoncellent à l’horizon. Croissance en berne, chômage en hausse, inflation persistante… Tour d’horizon de ces prévisions peu réjouissantes et de leurs implications.
Une croissance revue nettement à la baisse pour 2025
Selon les économistes de la Banque de France, le PIB hexagonal ne progresserait que de 0,9% l’an prochain, contre 1,2% anticipé en septembre. Un coup de frein brutal qui s’expliquerait par plusieurs facteurs :
- L’impact négatif des mesures budgétaires prévues pour redresser les finances publiques
- Un climat d’incertitude lié à la situation politique instable qui pèse sur la confiance des ménages et des entreprises
- Un environnement international toujours marqué par les tensions géopolitiques et le spectre d’une guerre commerciale
D’après une source proche de l’institution monétaire, ce scénario de croissance affaiblie resterait valable même en cas de politique budgétaire plus souple. L’incertitude générée compenserait alors l’effet de soutien d’un déficit public plus élevé.
Quid de l’emploi et du pouvoir d’achat ?
Autre mauvaise nouvelle, le taux de chômage repartirait à la hausse pour atteindre un pic de 7,8% en 2025-2026, effaçant une partie des progrès enregistrés ces dernières années. Là encore, le ralentissement de l’activité et les incertitudes joueraient un rôle clé en freinant les embauches.
Côté inflation, une bonne nouvelle toutefois. Après des années de flambée des prix, le taux retomberait durablement sous les 2% dès 2025 grâce au repli anticipé des cours de l’énergie. De quoi offrir un peu d’oxygène au pouvoir d’achat des Français, mis à mal depuis de longs mois.
Le défi des finances publiques
En toile de fond, la dégradation continue des comptes de l’État apparaît de plus en plus préoccupante. Privé de budget pour 2025 suite au rejet de son projet de loi de finances, le gouvernement Bayrou a dû se contenter de reconduire les dépenses de 2024.
Dans ce contexte, le déficit public devrait avoisiner les 6% du PIB l’an prochain, bien loin de l’objectif de 5% visé initialement par l’exécutif.
De quoi compliquer encore un peu plus la tâche des pouvoirs publics, alors que la dette française frôle désormais les 3000 milliards d’euros. À terme, seul un effort structurel d’économies semble à même de redresser durablement la barre. Mais cela supposera de faire des choix politiques difficiles. Réduire certaines dépenses ? Relever des impôts ? Le débat promet d’être animé.
Une situation internationale sous tension
Dernier élément important, le contexte géopolitique reste porteur de risques majeurs pour la croissance mondiale, et donc française. Outre la guerre en Ukraine qui perdure, les relations commerciales pourraient fortement se dégrader sous l’impulsion du président américain Trump, de retour à la Maison Blanche.
D’éventuelles sanctions contre l’Europe constitueraient un choc négatif supplémentaire pour nos entreprises, déjà fragilisées par la crise énergétique. Un facteur de risque que la Banque de France n’a pas intégré à ce stade dans ses projections, mais qui ne peut être ignoré.
Quel espoir de rebond à moyen terme ?
Au final, c’est un horizon bien sombre qui se profile pour l’économie tricolore. Les marges de manœuvre apparaissent étroites pour éviter le spectre de la récession. Seule une amélioration rapide de la situation sanitaire et géopolitique mondiale, couplée à un sursaut des investissements, permettrait d’entrevoir l’avenir avec plus d’optimisme.
La Banque de France table sur un rebond progressif de la croissance à 1,3% en 2026-2027, porté par la consommation des ménages et un retour de l’investissement privé.
Mais cela supposera auparavant de restaurer la confiance, grâce à des réformes structurelles et un cap clair sur le plan budgétaire. Un défi majeur pour le gouvernement Bayrou, qui devra aussi composer avec une situation sociale tendue après des années de pouvoir d’achat dégradé. Les mois à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir économique du pays.