C’est un véritable redressement spectaculaire qu’opère actuellement EDF. Le groupe énergétique français vient en effet de réviser, pour la deuxième fois depuis la rentrée, ses prévisions de production nucléaire à la hausse pour l’année 2024. Une performance remarquable qui témoigne des efforts engagés pour remettre le parc nucléaire français sur les rails.
EDF vise désormais une production de 358 à 364 TWh en 2024
Alors qu’EDF tablait en début d’année sur une fourchette de production allant de 315 à 345 TWh, le groupe a revu ses ambitions à la hausse début septembre, visant alors 340 à 360 TWh. Mais ce mercredi, l’estimation a encore été affinée, avec un nouvel objectif fixé entre 358 et 364 TWh.
Cette révision peut paraître subtile, mais elle n’en reste pas moins un signal très positif envoyé par EDF quant à la reprise en main de son outil industriel. Le groupe est en effet engagé dans un vaste programme de remise à niveau de ses réacteurs, lancé après la détection en 2021 de problèmes de corrosion sous contrainte.
Un défi industriel de taille relevé à marche forcée
Alors que la production d’électricité nucléaire française était tombée en 2022 à un plus bas historique de 279 TWh, le groupe a entrepris de remettre en état un maximum de réacteurs le plus rapidement possible. Un chantier titanesque mené tambour battant, sous la houlette du nouveau PDG Luc Rémont, en poste depuis novembre dernier.
Les équipes d’EDF s’activent ainsi à contrôler l’ensemble des réacteurs, à effectuer les réparations nécessaires et à relancer progressivement la production. Un travail de fourmi qui commence à porter ses fruits, comme en témoignent ces nouvelles prévisions particulièrement encourageantes.
Nous sommes pleinement mobilisés pour assurer la sûreté et la performance de notre outil de production nucléaire, au service de la transition énergétique du pays.
Luc Rémont, PDG d’EDF
Vers un retour à 400 TWh avant 2030 ?
Si l’objectif initial d’EDF et de l’État était un retour à une production de 360 TWh à l’horizon 2030, ce niveau pourrait finalement être atteint dès 2024, sauf incident majeur. De quoi permettre à Luc Rémont d’afficher un nouvel objectif encore plus ambitieux : 400 TWh avant la fin de la décennie.
Un niveau de production qui serait inédit pour le parc nucléaire français, et qui contribuerait significativement à la transition énergétique du pays. L’atome représente en effet une énergie pilotable et décarbonée, un atout de taille pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone.
L’EPR de Flamanville, un jalon supplémentaire
Pour atteindre ces objectifs de production, EDF pourra aussi compter sur la mise en service de l’EPR de Flamanville. Ce nouveau réacteur de 1650 MW, technologie de troisième génération, a été couplé au réseau début septembre pour une première phase de test.
Sauf nouveau retard, son exploitant prévoit une montée en puissance progressive à partir de la fin de l’automne, avec une entrée dans le régime de production commerciale prévue pour 2024. De quoi renforcer encore un peu plus les capacités du parc nucléaire tricolore.
Flamanville 3 va permettre de franchir un cap important dans le renouvellement de notre outil de production nucléaire, avec cette technologie EPR plus performante et plus sûre.
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Vers une électricité nucléaire plus compétitive ?
En retrouvant un haut niveau de production, le nucléaire français devrait aussi retrouver sa compétitivité. C’est en tout cas l’ambition d’EDF, qui souhaite proposer une électricité pilotable à un prix attractif, à la fois pour les ménages et les industriels.
Des discussions sont d’ailleurs en cours avec le gouvernement sur l’évolution du fameux dispositif de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) qui permet aux concurrents d’EDF de bénéficier d’un tarif fixe. L’objectif serait de le faire évoluer pour mieux refléter les coûts réels de production.
Un défi industriel, mais aussi financier
Car le redémarrage du parc nucléaire n’est pas qu’un défi industriel, c’est aussi un enjeu financier majeur pour EDF. Pénalisé par la faible production de 2022 et les mesures de bouclier tarifaire, le groupe a vu sa dette s’envoler et a dû être recapitalisé massivement par l’État à hauteur de 12 milliards d’euros.
Le retour à une production élevée et à une meilleure rentabilité est donc crucial pour assainir les comptes de l’entreprise et lui donner les moyens d’investir dans la prolongation et le renouvellement de son parc. C’est tout l’enjeu des années qui viennent.
En attendant, la révision à la hausse des prévisions de production pour 2024 est un premier pas encourageant. Elle montre qu’EDF est sur la bonne voie pour redresser la barre et relever le défi de la transition énergétique. Une bonne nouvelle pour l’entreprise, mais aussi pour le climat et la souveraineté énergétique de la France.