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Présidentielle en Croatie : Milanovic et Primorac au second tour

Coup de théâtre à la présidentielle en Croatie : le président sortant Zoran Milanovic, donné vainqueur au premier tour par un sondage sortie des urnes, devra finalement affronter le candidat conservateur au second tour dans deux semaines. Une surprise qui marque un revers pour le parti au pouvoir...

L’élection présidentielle en Croatie a réservé son lot de surprises dimanche. Alors qu’un sondage réalisé à la sortie des urnes le donnait vainqueur dès le premier tour, le président sortant Zoran Milanovic devra finalement affronter son rival conservateur Dragan Primorac lors d’un second tour qui s’annonce serré. Un résultat inattendu qui redistribue les cartes du scrutin.

Milanovic en tête mais pas victorieux au premier tour

Soutenu par le Parti social-démocrate, Zoran Milanovic est arrivé largement en tête du premier tour avec 49,20% des suffrages, selon les résultats officiels. Son adversaire Dragan Primorac, candidat de l’Union démocratique croate (HDZ) au pouvoir, a quant à lui réuni 19,43% des voix.

Mais contrairement à ce qu’annonçait un sondage Ipsos réalisé à la sortie des urnes, qui créditait Milanovic de 51,48% des voix, le président sortant n’a pas réussi à s’imposer dès le premier tour. Une performance en demi-teinte malgré son avance, puisque tous les sondages le donnaient favori sans pour autant prédire sa victoire immédiate.

Un camouflet pour le parti au pouvoir

Ce résultat marque un revers important pour l’Union démocratique croate du Premier ministre Andrej Plenkovic, dont Zoran Milanovic est un farouche critique. Celui que beaucoup voyaient s’imposer sans coup férir devra batailler ferme pour conserver son fauteuil.

D’après une source proche du parti au pouvoir, c’est une claque pour la HDZ. Ils pensaient pouvoir faire barrage à Milanovic mais son score au premier tour montre que rien n’est joué.

Un constat d’autant plus amer que par le passé, seul Franjo Tudjman, père de l’indépendance croate, avait réussi à remporter l’élection présidentielle dès le premier tour, en 1992 et 1997. Pour la HDZ, les deux prochaines semaines s’annoncent décisives afin de renverser la tendance.

La participation en baisse, un autre signal d’alerte

Autre point notable de ce premier tour : la participation en net repli par rapport aux dernières élections. Seulement 46% des électeurs se sont déplacés dimanche pour glisser leur bulletin dans l’urne, contre 62% lors des législatives d’avril dernier. Quant au premier tour de la présidentielle de 2019, il avait mobilisé plus de 51% des Croates.

Cette faible affluence, qui s’explique en partie par la date du scrutin en pleines fêtes de fin d’année, fait craindre une démobilisation de l’électorat. Un paramètre qui pourrait peser sur l’issue du second tour, dont la date reste à définir.

Deux candidats aux styles opposés

Au-delà des chiffres, ce sont deux personnalités aux antipodes qui s’affronteront dans deux semaines pour la magistrature suprême :

  • D’un côté Zoran Milanovic, président sortant social-démocrate au tempérament bouillant, habitué des coups d’éclat verbaux et des controverses.
  • De l’autre Dragan Primorac, ex-ministre de l’Éducation et candidat de la droite conservatrice, au profil plus lisse et consensuel.

Deux styles diamétralement opposés pour deux visions de la Croatie qui s’entrechoqueront lors d’une campagne d’entre-deux-tours qui s’annonce électrique. Les sujets de fond ne manqueront pas, de la lutte contre la corruption à l’avenir européen du pays, en passant par les questions identitaires qui agitent régulièrement la société croate.

La présidentielle croate, baromètre de l’Europe centrale

Au-delà des enjeux nationaux, l’élection présidentielle en Croatie aura valeur de test pour les démocraties d’Europe centrale. Alors que la Hongrie de Viktor Orban et la Pologne gouvernée par le parti Droit et Justice défient Bruxelles sur l’État de droit, l’orientation qui se dessinera à Zagreb sera scruttée de près.

La Croatie est souvent vue comme un pays plus modéré que ses voisins hongrois ou polonais, explique un expert des Balkans. Mais l’affrontement entre un président de gauche pro-européen et un candidat de la droite nationaliste rappelle les lignes de fracture qui traversent la région.

Membre de l’UE depuis 2013 et présidente du Conseil de l’Union au premier semestre 2020, la Croatie garde un pied dans les Balkans et l’autre en Europe centrale. Son ancrage démocratique et sa relation privilégiée avec Bruxelles seront donc au cœur des débats.

Pour Zoran Milanovic comme pour Dragan Primorac, l’enjeu des deux prochaines semaines sera de convaincre au-delà de leur base, en mobilisant un électorat qui s’interroge sur l’avenir du pays. Le second tour, dont la date reste à définir, promet d’être haletant. Avec à la clé, les clés du palais présidentiel de Zagreb et un message envoyé aux partenaires européens.

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