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Présidentielle Américaine : L’Impact du Conflit au Moyen-Orient

À l'approche de l'élection présidentielle américaine, le conflit au Moyen-Orient s'invite dans la campagne. Si les positions des candidats diffèrent peu, l'issue du scrutin pourrait se jouer à quelques voix près, rendant cruciale la conquête de certains électorats. Quel impact sur le résultat final ? Analyse d'une équation complexe où politique étrangère et enjeux intérieurs s'entremêlent.

À quelques jours d’une élection présidentielle américaine sous haute tension, un acteur inattendu s’invite dans la campagne : le conflit au Moyen-Orient. Alors que l’administration Biden multiplie les efforts diplomatiques pour obtenir un cessez-le-feu entre Israël et ses voisins, les candidats Kamala Harris et Donald Trump tentent de se démarquer sur ce dossier brûlant. Si la politique étrangère est rarement un facteur décisif dans le choix des électeurs, elle pourrait cette fois peser dans la balance, tant le scrutin s’annonce serré.

Une politique étrangère en continuité, malgré les différences de ton

Sur le fond, Démocrates et Républicains partagent depuis longtemps un soutien traditionnel à Israël, allié historique des États-Unis dans la région. Kamala Harris comme Donald Trump promettent ainsi de continuer à défendre la sécurité de l’État hébreu, tout en œuvrant pour une résolution du conflit. Mais là où l’ancien président se contente d’une formule laconique dans son programme, la vice-présidente sortante insiste sur la nécessité de prendre en compte la situation des Palestiniens.

La vice-présidente Harris va toujours soutenir le droit d’Israël à se défendre […] Mais elle veillera aussi à ce que la souffrance à Gaza cesse et que le peuple palestinien puisse obtenir son droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l’autodétermination.

Extrait du programme de Kamala Harris

Une nuance de taille aux yeux d’Elizabeth Sheppard Sellam, maître de conférences spécialiste des relations internationales : “Kamala Harris va parler de l’inquiétude autour de l’aide humanitaire à Gaza, ce que Donald Trump ne fera pas”. Pour autant, la chercheuse ne s’attend pas à un changement de cap majeur en cas d’alternance à la Maison Blanche : “Que ce soit les Démocrates ou les Républicains, il y a des nuances, mais le soutien indéfectible à Israël prime avant tout”.

La conquête d’électorats stratégiques

Si la question du Moyen-Orient n’est pas un enjeu prioritaire pour une majorité d’Américains, elle reste cruciale pour certaines communautés, notamment dans les swing states, ces États-clés où se joue souvent l’élection. C’est particulièrement vrai dans le Michigan, qui abrite une importante population arabo-américaine traditionnellement acquise aux Démocrates, mais de plus en plus critique sur la politique de l’administration Biden dans la région.

Kamala Harris s’y est donc rendue pour tenter de reconquérir cet électorat : “Ça peut lui porter préjudice et comme le Michigan est un swing state, cela pose un problème”, souligne Elizabeth Sheppard Sellam. Mais la candidate démocrate pourrait aussi perdre des voix au sein de la communauté juive, effrayée par la montée de l’antisémitisme lors de manifestations pro-palestiniennes sur les campus. “Le manque de réaction a fait peur à la communauté juive américaine et ils vont clairement changer leur vote”, prédit la spécialiste.

Chaque voix compte dans une élection serrée

Même s’ils ne représentent qu’une part limitée de l’électorat, ces basculements pourraient faire la différence dans une élection qui s’annonce extrêmement serrée. Les derniers sondages donnent les deux candidats au coude-à-coude, avec un écart inférieur à la marge d’erreur. Dans ce contexte, la perte de quelques milliers de voix dans un État-clé pourrait être fatale.

Les gens sont très basiques, ils votent par rapport à ce qui les affecte au quotidien. Ils vont voter sur l’économie, ils vont voter sur l’inflation.

Elizabeth Sheppard Sellam, maître de conférences spécialiste des relations internationales

Pour autant, difficile d’évaluer précisément l’impact qu’aura le conflit au Moyen-Orient sur le résultat final. Comme le rappelle Elizabeth Sheppard Sellam, les préoccupations des électeurs restent avant tout nationales : “Les gens sont très basiques, ils votent par rapport à ce qui les affecte au quotidien. Ils vont voter sur l’économie, ils vont voter sur l’inflation”. Mais dans une élection qui se jouera peut-être à quelques voix près, le moindre paramètre compte. Et le facteur moyen-oriental, aussi lointain soit-il, pourrait bien faire pencher la balance.

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