À quelques jours de la présidentielle américaine, le sort de l’Otan est en suspens. Les pays membres retiennent leur souffle, conscients que l’issue du scrutin pourrait chambouler les alliances. Car les deux candidats en lice, Kamala Harris et Donald Trump, incarnent des visions diamétralement opposées en matière de politique étrangère, et singulièrement vis-à-vis de l’Alliance atlantique.
Trump, un atlantisme en question
Donald Trump ne s’en est jamais caché : l’Otan n’est pas sa tasse de thé. Tout au long de son précédent mandat, il a multiplié les déclarations fracassantes, menaçant de ne plus protéger les membres qui ne payaient pas leur dû. Une remise en cause de l’article 5 de la charte, socle de la solidarité entre alliés.
Pire, lors d’un meeting en février, il a laissé entendre qu’il pourrait même encourager une attaque contre un État membre mauvais payeur. Des propos explosifs dans le contexte de la guerre en Ukraine, qui ont de quoi inquiéter les pays de la façade orientale de l’Alliance, en première ligne face à Moscou.
Une proximité troublante avec Poutine
La relation Trump-Poutine a de quoi préoccuper les Occidentaux. Selon une enquête du journaliste Bob Woodward, les deux hommes auraient échangé au téléphone à plusieurs reprises depuis 2021, hors de la présence de tout conseiller. Trump aurait même fait parvenir des tests Covid au maître du Kremlin en 2020, alors que les Américains en manquaient.
Donald Trump affirme qu’il règlerait le conflit en Ukraine “en 24 heures” s’il était élu, sans préciser comment. On peut supposer qu’il s’agirait de consacrer le statu quo, en abandonnant le Donbass et la Crimée à la Russie.
– D’après une source proche de l’ancien président
Harris, l’anti-isolationnisme
À l’opposé, Kamala Harris s’inscrit dans la continuité de Joe Biden, dont elle a été la vice-présidente pendant quatre ans. Lors de la conférence de Munich sur la sécurité en février, elle a réaffirmé son soutien indéfectible à l’Ukraine et aux alliés des États-Unis, mettant en garde contre la “vision isolationniste” de son rival républicain.
Pour autant, les priorités stratégiques des démocrates ont évolué depuis la Guerre froide. C’est bien sous l’administration Biden-Harris qu’a été créée l’alliance Aukus dans l’Indo-Pacifique, face à la montée en puissance de la Chine. Un accord tripartite noué dans le dos des Européens, privant au passage la France d’un juteux contrat de sous-marins.
L’Ukraine et l’Europe en expectative
Alors à cinq jours du scrutin, quel avenir pour l’Otan ? Si la victoire de Trump est redoutée par la plupart des alliés occidentaux, le niveau d’engagement d’une administration Harris dans le conflit ukrainien reste une inconnue. Une chose est sûre : le résultat des urnes américaines sera déterminant pour le sort de l’Europe et pour l’issue de la guerre.