« L’Afghanistan est aujourd’hui l’unique pays à interdire l’éducation aux filles de plus de 12 ans et aux femmes. Les jeunes filles afghanes ne peuvent être privées d’un droit universel et fondamental ! » C’est le cri d’alarme lancé par vingt présidentes de Parlement à travers le monde, dans une tribune commune pour dénoncer la condition des femmes en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021.
Un apartheid de genre sans précédent
Parmi les signataires figurent des figures politiques de premier plan comme la Française Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, Roberta Metsola à la tête du Parlement européen, l’ancienne « Speaker » de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi, ou encore l’Espagnole Francina Armengol. Toutes s’accordent pour pointer du doigt un phénomène gravissime et inédit :
Le dernier décret sur « la prévention du vice et la promotion de la vertu » a planté le dernier clou dans le cercueil des libertés des femmes. Désormais, il leur est interdit de sortir seule de chez elles, de faire entendre leur voix en public, de déclamer un poème. Leur crime ? Etre femme. Leur faute ? Exister.
158 sénateurs français abondent dans le même sens, parlant dans une autre tribune d’un véritable « apartheid fondé sur le genre » mis en place par ce qu’ils qualifient de « régime tyrannique ». Ils estiment que « les talibans instaurent, sous nos yeux, le premier apartheid de genre de l’histoire moderne de l’humanité. »
L’effacement progressif des femmes de l’espace public
Depuis la prise de Kaboul en août 2021, les islamistes radicaux n’ont eu de cesse de réduire comme peau de chagrin les droits et libertés durement acquis par les Afghanes ces 20 dernières années. Exclues des lycées et des universités, elles se voient aujourd’hui interdire l’accès aux parcs, salles de sports et autres lieux publics. Sortir sans être accompagnée d’un homme de leur famille est proscrit.
« Déjà privées de visage, les femmes afghanes se retrouvent sans voix au chapitre, sans voix tout court », déplorent les sénateurs français. Des restrictions qui s’apparentent à un véritable « effacement » des femmes, dénoncé par l’ONU.
Un appel à la communauté internationale
Face à cette situation dramatique, les présidentes de Parlement promettent : « Nous n’abandonnerons pas les femmes afghanes ». Un engagement qu’elles entendent faire vivre à travers leurs fonctions institutionnelles.
De leur côté, les parlementaires français exhortent les Nations Unies à ne surtout pas légitimer le régime taliban et ce système d’oppression inique. Ils en appellent également aux partenaires européens de la France pour reconnaître « un crime contre l’humanité fondé sur le genre ».
Car pour toutes ces voix qui s’élèvent, il y a urgence. Chaque jour apporte son lot de mesures rétrogrades et liberticides en Afghanistan, faisant craindre un retour à l’obscurantisme total qui prévalait lors du premier règne taliban entre 1996 et 2001. Un retour en arrière inacceptable, contraire aux droits humains les plus élémentaires, et face auquel la communauté internationale se doit d’agir.