Ce samedi, une rencontre diplomatique de haut niveau s’est tenue entre l’Égypte et la Libye, marquant un pas vers l’apaisement des tensions dans la région. Pour la première fois depuis septembre 2021, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reçu au Caire le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye.
L’Égypte réaffirme son soutien à l’unité et la stabilité libyennes
Lors de cette entrevue, le président Sissi a tenu à souligner l’engagement indéfectible de l’Égypte à « assurer l’unité et la cohésion des institutions nationales libyennes », selon un communiqué officiel de la présidence égyptienne. Cette déclaration intervient dans un contexte où la Libye peine encore à retrouver une stabilité durable, plus d’une décennie après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Un appel à une feuille de route politique globale
Au-delà du soutien à l’unité, le chef de l’État égyptien a également plaidé pour « la coordination entre toutes les parties libyennes pour mettre au point une feuille de route politique globale ». L’objectif : organiser enfin des élections parlementaires et présidentielles, attendues depuis longtemps mais sans cesse repoussées en raison de profondes divergences sur leur cadre juridique.
La question épineuse des mercenaires étrangers
Un autre point crucial abordé lors de cette rencontre concerne la présence de forces étrangères sur le sol libyen. Le président Sissi a ainsi déclaré que « toutes les forces étrangères et les mercenaires doivent être expulsés du territoire libyen ». Une prise de position forte, alors que des mercenaires russes ont activement soutenu le maréchal Haftar face au gouvernement d’unité nationale (GNU) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU.
Des relations complexes entre l’Égypte et les acteurs libyens
Si l’Égypte affiche aujourd’hui sa volonté de voir la Libye surmonter ses divisions, les relations entre le Caire et les différentes factions libyennes n’ont pas toujours été simples. Le président Sissi a longtemps été un soutien clé du maréchal Haftar, avant que les deux hommes ne se retrouvent dans des camps opposés lors de la guerre au Soudan voisin.
Selon des analystes, Khalifa Haftar aurait acheminé du carburant, des armes et des combattants aux paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR) pour le compte des Émirats arabes unis, un allié clé à la fois du président Sissi et du maréchal Haftar.
Vers une normalisation progressive des relations ?
Malgré ces tensions récentes, la rencontre de ce samedi semble marquer une volonté de normaliser progressivement les relations entre l’Égypte et les acteurs clés de la scène politique libyenne. Un signal positif, alors que la Libye s’efforce de tourner la page de années de conflits qui ont suivi le soulèvement soutenu par l’OTAN en 2011 contre le régime de Mouammar Kadhafi.
La communauté internationale, et en particulier les pays voisins comme l’Égypte, ont un rôle majeur à jouer pour accompagner la Libye sur le chemin de la paix et de la stabilité. Des élections crédibles, inclusives et acceptées par tous apparaissent plus que jamais comme une étape indispensable pour permettre au pays de se reconstruire durablement et de retrouver sa place sur la scène régionale et internationale.
Reste à savoir si cette rencontre au sommet marquera un véritable tournant dans les efforts de résolution de la crise libyenne, ou si elle ne sera qu’une étape de plus dans le long et sinueux processus de réconciliation nationale. Les prochains mois seront décisifs pour évaluer la détermination réelle de toutes les parties à s’engager sur la voie du dialogue et du compromis, loin des ingérences extérieures et des intérêts particuliers qui ont trop longtemps entravé les aspirations du peuple libyen à la paix et à la démocratie.