L’Ukraine aurait franchi un cap dans le conflit qui l’oppose à la Russie. Selon une source proche du dossier, l’armée ukrainienne aurait utilisé pour la première fois des missiles américains ATACMS pour frapper un site militaire en territoire russe, dans la région frontalière de Briansk. Une escalade majeure qui fait suite au feu vert de Washington révélé par la presse américaine dimanche.
Des missiles d’une portée de 300 km
Les ATACMS sont des missiles balistiques tactiques dotés d’une portée allant jusqu’à 300 km, bien supérieure aux armes fournies jusqu’ici par les États-Unis à l’Ukraine. Leur utilisation était jusqu’à présent circonscrite au territoire ukrainien occupé par la Russie. Mais la Maison Blanche aurait changé sa doctrine, autorisant désormais Kiev à viser des cibles en Russie même.
D’après Moscou, six missiles ATACMS ont été tirés dans la nuit de lundi à mardi, visant un dépôt de munitions à Karatchev, à 115 km de la frontière ukrainienne. Cinq d’entre eux auraient été interceptés par la défense anti-aérienne russe. Un incendie se serait déclaré sur le site, sans faire de victimes ni de dégâts majeurs selon le ministère russe de la Défense.
Vers une nouvelle escalade ?
Cette attaque, si elle est confirmée, marquerait un tournant dans le conflit. Moscou a prévenu à plusieurs reprises qu’elle considérerait des frappes sur son sol comme une déclaration de guerre des pays de l’OTAN. Le Kremlin pourrait être tenté de riposter, faisant craindre une dangereuse escalade.
Il était nécessaire d’adapter les fondements de notre doctrine nucléaire à la situation actuelle.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin
Vladimir Poutine vient justement de signer un décret révisant la doctrine nucléaire russe. Celle-ci prévoit désormais la possibilité de frappes nucléaires en cas d’attaque conventionnelle « massive » par un État non nucléaire soutenu par une puissance nucléaire. Une allusion à peine voilée à la situation de l’Ukraine.
L’Ukraine garde le silence
Côté ukrainien, les autorités n’ont ni confirmé ni démenti l’utilisation des missiles ATACMS. L’état-major s’est contenté de déclarer que « la destruction des dépôts de munitions de l’armée des occupants russes se poursuivra ». Kiev réclame depuis des mois ces armes pour pouvoir frapper l’arrière du front et perturber la logistique russe.
Reste à savoir si cette première frappe, si elle est avérée, sera suivie d’autres. Et surtout comment y réagira la Russie. Beaucoup craignent que Moscou n’y voit un casus belli l’autorisant à une riposte sans précédent, y compris avec des armes non conventionnelles. Le monde retient son souffle.