Dans les ruelles animées de Paris et Marseille, un nouveau fléau émerge. Un médicament, initialement conçu pour soulager des troubles médicaux graves, s’est transformé en une drogue de rue prisée pour son prix dérisoire et ses effets puissants. Ce phénomène, qui touche particulièrement les jeunes en situation de précarité, alarme les autorités sanitaires et les forces de l’ordre. Comment un simple anti-épileptique a-t-il pu devenir la « drogue du pauvre » ? Plongeons dans cette réalité complexe et inquiétante.
Un Médicament Détourné : L’Ascension de la Prégabaline
Commercialisée depuis deux décennies en France sous le nom de Lyrica, la prégabaline est un médicament prescrit pour traiter l’épilepsie, les douleurs neuropathiques ou encore les troubles anxieux. Pourtant, ces dernières années, son usage a pris une tournure inattendue. Détournée de sa vocation médicale, elle est devenue une substance récréative, vendue à bas prix dans les quartiers populaires.
Les autorités ont noté une augmentation significative des saisies de ce médicament. Par exemple, au printemps 2025, les douanes parisiennes ont intercepté 30 000 doses de prégabaline, accompagnées d’autres produits illicites. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, révélant l’ampleur d’un trafic qui s’est solidement installé.
« Nous observons une recrudescence des saisies depuis 2023, et ce phénomène s’est ancré dans le paysage. »
Responsable des douanes françaises
Pourquoi la Prégabaline Séduit-elle ?
La prégabaline doit son surnom de « drogue du pauvre » à son accessibilité. Vendue entre 1 et 3 euros la gélule sur le marché noir, elle est bien moins coûteuse que la cocaïne, dont le gramme avoisine les 66 euros. Cette différence de prix en fait une alternative attrayante pour les populations en difficulté financière.
Ses effets sont également un facteur clé de son succès. Outre ses propriétés anxiolytiques et analgésiques, la prégabaline procure une sensation d’euphorie et de stimulation psychique. Ces effets, recherchés par les consommateurs, transforment ce médicament en une substance psychoactive prisée.
Les effets recherchés de la prégabaline :
- Soulagement de l’anxiété
- Sensation d’euphorie
- Stimulation psychique
- Effet analgésique
Qui Consomme cette Drogue ?
Le profil des consommateurs de prégabaline est varié, mais certains groupes se distinguent. Les jeunes adolescents, souvent en situation migratoire, ainsi que les jeunes adultes en précarité, sont particulièrement touchés. Pour beaucoup, consommer ce médicament est un moyen d’échapper à un quotidien difficile.
« C’est pour oublier leur parcours migratoire, les difficultés qu’ils rencontrent. »
Médecin toxicologue à Paris
Selon les données officielles, 82 % des cas d’abus concernent des hommes, et un quart des consommateurs sont mineurs. Ce constat souligne la vulnérabilité de ces populations face à une substance aussi accessible.
Un Cocktail Dangereux : Les Risques Associés
Si la prégabaline seule présente un faible risque d’overdose, sa combinaison avec d’autres substances, comme l’alcool, la MDMA ou la cocaïne, peut s’avérer fatale. Ces mélanges augmentent le risque d’arrêt respiratoire, un danger bien réel pour les consommateurs.
En outre, la prégabaline agit sur le système nerveux central, ce qui peut entraîner une dépendance. Les professionnels de santé insistent sur l’importance de la prévention pour limiter les risques d’addiction.
| Risque | Cause |
|---|---|
| Overdose | Combinaison avec alcool ou autres drogues |
| Dépendance | Action sur le système nerveux central |
Un Trafic Organisé et International
Le commerce illégal de prégabaline s’appuie sur des réseaux bien organisés. Les douanes rapportent que les gélules circulent via le fret postal, les commandes en ligne sur le darknet, ou encore par des routes terrestres, notamment depuis le nord de l’Europe. Des saisies importantes ont eu lieu, comme celle de 13 000 comprimés à l’aéroport de Beauvais en janvier 2025.
Les origines du médicament sont diverses : Chine, Bulgarie, Pologne, Allemagne, voire Grèce, bien que ce dernier pays ne soit pas nécessairement le lieu de fabrication. Ce trafic international complique les efforts des autorités pour enrayer le phénomène.
Les Mesures pour Lutter Contre le Mésusage
Face à l’augmentation des cas d’abus, les autorités sanitaires ont renforcé les règles de prescription en 2021. Désormais, la prégabaline nécessite une ordonnance sécurisée, plus difficile à falsifier, et sa délivrance est limitée à six mois. Cependant, ces mesures n’ont pas suffi à freiner le détournement.
Les douanes, de leur côté, intensifient les contrôles, notamment sur les colis et les voyageurs. Malgré ces efforts, le nombre de cas de dépendance et de complications continue de croître, signe que le problème est loin d’être résolu.
Un Phénomène qui Interpelle la Société
Le détournement de la prégabaline soulève des questions sociétales profondes. Pourquoi tant de jeunes, souvent en situation de précarité, se tournent-ils vers cette substance ? La réponse réside en partie dans les difficultés économiques et sociales auxquelles ils sont confrontés. Ce phénomène met en lumière la nécessité d’une approche globale, alliant prévention, éducation et accompagnement social.
En parallèle, la lutte contre le trafic international de prégabaline exige une coopération renforcée entre les pays. Tant que la demande restera forte, les réseaux trouveront des moyens de contourner les obstacles.
Un défi sanitaire et social qui appelle des solutions urgentes.
En conclusion, la prégabaline, bien qu’elle soit un médicament essentiel pour certains patients, est devenue un fléau dans les rues françaises. Son accessibilité, ses effets attractifs et le contexte social favorisent son détournement. Si des mesures ont été prises, elles restent insuffisantes face à l’ampleur du problème. Une mobilisation collective, des autorités aux acteurs sociaux, est indispensable pour protéger les populations vulnérables et enrayer ce trafic.
