En Indonésie, les fonctionnaires font les frais des coupes budgétaires radicales imposées par le président Prabowo Subianto. Climatisations coupées, lumières éteintes dès 16h, ascenseurs mis hors service : leur quotidien est devenu un véritable parcours du combattant. Selon le chef de l’État, ces mesures d’austérité permettront de financer ses promesses de campagne, mais à quel prix ?
306,7 milliards de roupies d’économies annoncées
Fin janvier, Prabowo Subianto a annoncé un plan d’économies massives de 306,7 milliards de roupies (17,9 milliards d’euros) sur les dépenses de fonctionnement. Une décision choc qui impacte directement le quotidien des agents de l’État.
Dans les administrations de Jakarta, impossible désormais de compter sur la climatisation après 16 heures. Beaucoup d’employés doivent poursuivre leur journée de travail dans la pénombre, quand ils ne sont pas encouragés à opter pour le télétravail. Les patrouilles de sécurité veillent scrupuleusement à l’application de ces restrictions en éteignant tout appareil resté allumé.
Le prix des promesses électorales
Mais où iront les milliards économisés ? Selon les analystes, ils devraient servir à financer les engagements de campagne du président, à commencer par l’ambitieux programme de repas gratuits dans les écoles. Pour la seule année 2025, la facture de cette mesure atteindra 4,2 milliards d’euros.
L’autre grand projet présidentiel est la création d’un fonds souverain, baptisé Danantara Indonesia, sur le modèle du fonds singapourien Temasek. Prabowo Subianto veut y injecter pas moins de 20 milliards de dollars. Autant d’investissements massifs qui justifient, à ses yeux, les sacrifices demandés aux fonctionnaires.
Des restrictions qui passent mal
Sur le terrain, les agents de l’État déchantent. Privés du remboursement de frais basiques comme l’eau potable, les comptes Zoom ou les déplacements professionnels, certains n’hésitent plus à mettre la main au portefeuille.
Avant, on pouvait prendre un taxi pour aller à des réunions à l’extérieur du bureau. Maintenant, on doit payer nous-mêmes.
– Un fonctionnaire de 33 ans sous couvert d’anonymat
Plus inquiétant, un membre de la Cour constitutionnelle a mis en garde : avec les réductions budgétaires actuelles, il sera impossible de verser les salaires au-delà du mois de mai. De quoi faire descendre des milliers d’étudiants dans la rue, soutenus par le mouvement « Dark Indonesia ».
Un risque pour la dette et les services publics
Au-delà du ras-le-bol des fonctionnaires, ces coupes font peser un risque sur le remboursement de la dette publique indonésienne. Le pays doit en effet rembourser environ 49 milliards de dollars cette année, dont 43 milliards d’obligations arrivant à échéance.
Cela met notre budget à rude épreuve.
– Yose Rizal Damuri, directeur du Centre d’études stratégiques et internationales de Jakarta
Plus largement, la baisse des dépenses publiques dans des secteurs clés comme la santé et l’éducation pourrait dégrader la qualité du capital humain indonésien à long terme, s’alarme le cabinet de conseil Global Counsel.
Le train de vie présidentiel interpelle
Déjà mal vécues, les mesures d’austérité sont d’autant plus incomprises que dans le même temps, Prabowo Subianto n’hésite pas à dépenser sans compter pour son confort personnel. Le chef de l’État vient ainsi d’inviter 500 élus à un stage d’une semaine « tout frais payés » dans une académie militaire. Coût de l’opération : 773 000 euros sur le budget du ministère de l’Intérieur. De quoi faire bondir les ONG.
Les coupes budgétaires de Prabowo Subianto sont contre-productives et indifférentes aux besoins de la société.
– Transparency International Indonesia
Entre rigueur excessive et dépenses somptuaires, la politique budgétaire du président indonésien semble pour le moins contradictoire. Si les économies apparaissent nécessaires pour financer ses promesses, l’ampleur et la soudaineté des coupes interrogent. Sans compter leur impact potentiellement dévastateur sur les services publics et la cohésion sociale. Prabowo Subianto parviendra-t-il à convaincre ses compatriotes du bien-fondé de sa cure d’austérité ?
L’autre grand projet présidentiel est la création d’un fonds souverain, baptisé Danantara Indonesia, sur le modèle du fonds singapourien Temasek. Prabowo Subianto veut y injecter pas moins de 20 milliards de dollars. Autant d’investissements massifs qui justifient, à ses yeux, les sacrifices demandés aux fonctionnaires.
Des restrictions qui passent mal
Sur le terrain, les agents de l’État déchantent. Privés du remboursement de frais basiques comme l’eau potable, les comptes Zoom ou les déplacements professionnels, certains n’hésitent plus à mettre la main au portefeuille.
Avant, on pouvait prendre un taxi pour aller à des réunions à l’extérieur du bureau. Maintenant, on doit payer nous-mêmes.
– Un fonctionnaire de 33 ans sous couvert d’anonymat
Plus inquiétant, un membre de la Cour constitutionnelle a mis en garde : avec les réductions budgétaires actuelles, il sera impossible de verser les salaires au-delà du mois de mai. De quoi faire descendre des milliers d’étudiants dans la rue, soutenus par le mouvement « Dark Indonesia ».
Un risque pour la dette et les services publics
Au-delà du ras-le-bol des fonctionnaires, ces coupes font peser un risque sur le remboursement de la dette publique indonésienne. Le pays doit en effet rembourser environ 49 milliards de dollars cette année, dont 43 milliards d’obligations arrivant à échéance.
Cela met notre budget à rude épreuve.
– Yose Rizal Damuri, directeur du Centre d’études stratégiques et internationales de Jakarta
Plus largement, la baisse des dépenses publiques dans des secteurs clés comme la santé et l’éducation pourrait dégrader la qualité du capital humain indonésien à long terme, s’alarme le cabinet de conseil Global Counsel.
Le train de vie présidentiel interpelle
Déjà mal vécues, les mesures d’austérité sont d’autant plus incomprises que dans le même temps, Prabowo Subianto n’hésite pas à dépenser sans compter pour son confort personnel. Le chef de l’État vient ainsi d’inviter 500 élus à un stage d’une semaine « tout frais payés » dans une académie militaire. Coût de l’opération : 773 000 euros sur le budget du ministère de l’Intérieur. De quoi faire bondir les ONG.
Les coupes budgétaires de Prabowo Subianto sont contre-productives et indifférentes aux besoins de la société.
– Transparency International Indonesia
Entre rigueur excessive et dépenses somptuaires, la politique budgétaire du président indonésien semble pour le moins contradictoire. Si les économies apparaissent nécessaires pour financer ses promesses, l’ampleur et la soudaineté des coupes interrogent. Sans compter leur impact potentiellement dévastateur sur les services publics et la cohésion sociale. Prabowo Subianto parviendra-t-il à convaincre ses compatriotes du bien-fondé de sa cure d’austérité ?