En pleine campagne des élections législatives, une thématique s’impose dans le discours de tous les candidats : le pouvoir d’achat. Promesses de hausses de salaires, de baisses d’impôts, de primes… Les propositions fusent pour séduire des Français étranglés par l’inflation. Pourtant, sur le terrain, le ressenti des consommateurs semble en décalage avec les effets d’annonce. Enquête sur un sujet brûlant, entre réalité et communication politique.
L’inflation, toujours dans le viseur des Français
Malgré les signes d’un ralentissement de la hausse des prix pointés par l’Insee ces dernières semaines, les consommateurs peinent à voir la différence dans leur quotidien. Cathy, fonctionnaire de 53 ans, en fait le constat amer : son budget courses est passé de 350-400€ à 550€ par mois, pour un panier identique. “On dépense de plus en plus, ça devient un réel problème”, alerte-t-elle.
Un sentiment partagé par de nombreux Français, qui adaptent leurs habitudes en conséquence : décryptage des promotions, arbitrages dans le panier… Le “reste à vivre” fond comme neige au soleil. Selon un sondage récent, 63% estiment que leur pouvoir d’achat a baissé sur un an.
Des promesses politiques en décalage avec le terrain ?
Face à cette inquiétude, les candidats aux législatives rivalisent de propositions. Mais pour les experts, l’écart entre effets d’annonce et réalité économique est parfois important. “On ne peut pas promettre des hausses tous azimuts sans réfléchir au financement et aux effets secondaires, comme une spirale inflationniste”, tempère Marc Touati, économiste.
Il y a souvent un décalage entre discours de campagne et contraintes économiques. Il faut raison garder.
Philippe Crevel, économiste
Derrière les promesses, quelles marges de manœuvre ?
Si les candidats font assaut de propositions, les leviers pour agir réellement sur le pouvoir d’achat sont plus limités qu’il n’y paraît. La politique monétaire reste la prérogative de la BCE. Quant aux mesures fiscales comme la baisse de la TVA, leur impact réel sur les prix est souvent incertain. Pour doper durablement le pouvoir d’achat, il faudrait agir sur des paramètres structurels comme la compétitivité, la productivité ou la formation, analysent les économistes.
- Baisser les prélèvements obligatoires, une arme à double tranchant
- Revaloriser les salaires, oui mais comment ?
- Réindustrialiser pour faire baisser les prix, un défi de long terme
Pouvoir d’achat : au-delà des promesses, une équation complexe
Au final, la question du pouvoir d’achat cristallise les attentes des Français en matière de politique économique et sociale. Mais les réponses sont loin d’être simples. Entre urgence du court terme et enjeux de long terme, pression des prix et compétitivité des entreprises, c’est une équation complexe à résoudre pour le prochain gouvernement. Les candidats l’ont bien compris et redoublent de créativité pour convaincre les électeurs. Reste à voir comment ces promesses se traduiront en actes après les élections.
Une chose est sûre, le dossier est loin d’être refermé. Que ce soit dans les urnes ou dans son caddie, le pouvoir d’achat restera au cœur des préoccupations des Français dans les mois à venir. Le gouvernement issu des législatives devra trouver le bon équilibre pour redonner du souffle au budget des ménages, sans mettre en péril la fragile reprise économique.