Alors que la guerre en Ukraine s’enlise dans un conflit de longue durée, le président russe Vladimir Poutine vient de franchir un pas supplémentaire dans l’escalade des tensions. Mardi, il a signé un décret renforçant considérablement la doctrine nucléaire russe et accroissant les possibilités de recourir à l’arme nucléaire.
Un avertissement à peine voilé à l’Occident
Cette décision intervient deux mois seulement avant la passation de pouvoir entre Joe Biden et Donald Trump à la Maison Blanche. Et elle fait directement écho à l’autorisation récemment accordée par Washington à l’Ukraine d’utiliser des missiles longue portée américains pour frapper le territoire russe.
Selon une source proche du dossier, des missiles tactiques ATACMS auraient été tirés par les forces ukrainiennes contre la région frontalière de Briansk à l’aube du millième jour de guerre. Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a vivement réagi, accusant les États-Unis de “jeter de l’huile sur le feu”.
L’arme nucléaire pour défendre la “sécurité” de la Russie
Le nouveau décret signé par Vladimir Poutine élargit considérablement les conditions dans lesquelles la Russie pourrait faire usage de son immense arsenal nucléaire. Il autorise désormais une frappe nucléaire non seulement en cas d’attaque nucléaire contre la Russie, mais aussi en réponse à l’utilisation d’armes conventionnelles menaçant “l’existence même de l’État”.
“Nous ne laisserons aucune attaque contre notre sécurité sans réponse”
Vladimir Poutine
Cette formulation reste volontairement vague et ouvre la porte à une interprétation large de ce qui constitue une menace existentielle pour la Russie. Elle pourrait notamment englober des frappes conventionnelles de grande ampleur sur le territoire russe ou une offensive réussie contre les troupes russes en Ukraine.
La Russie met en alerte ses forces nucléaires
Dans la foulée de l’annonce du nouveau décret, le Kremlin a ordonné la mise en alerte de ses forces nucléaires stratégiques. Un geste lourd de menaces qui n’avait plus été observé depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022.
Selon des analystes militaires, cette décision vise à envoyer un message clair aux États-Unis et à leurs alliés : toute nouvelle escalade du soutien occidental à l’Ukraine, notamment par la fourniture d’armements plus perfectionnés, pourrait être perçue comme un franchissement de la ligne rouge par Moscou.
Une réponse à l’évolution de la position américaine
Le durcissement de la doctrine nucléaire russe apparaît comme une riposte directe au feu vert donné par l’administration Biden à l’utilisation par l’Ukraine de missiles ATACMS capables de frapper en profondeur le territoire russe.
Jusqu’à présent, Washington s’était abstenu de fournir ce type d’armement à Kiev, de crainte de provoquer une réaction disproportionnée de la part de Moscou. Mais face à l’enlisement du conflit et à l’approche de la présidentielle américaine, la Maison Blanche semble avoir infléchi sa position.
Cette évolution marque un tournant dans la politique américaine vis-à-vis de l’Ukraine. Elle témoigne d’une volonté de renforcer les capacités de frappe ukrainiennes pour tenter de faire basculer le rapport de force sur le terrain, au risque d’une escalade incontrôlée avec la Russie.
Le spectre d’une confrontation nucléaire
Le nouveau décret nucléaire russe et la mise en alerte des forces stratégiques font resurgir le spectre d’un affrontement atomique entre les deux principales puissances nucléaires mondiales. Un scénario du pire que la communauté internationale s’efforce d’écarter depuis le début du conflit ukrainien.
Malgré la gravité de la situation, la plupart des experts jugent peu probable un recours effectif à l’arme nucléaire par la Russie à ce stade. Ils y voient davantage une tentative de Poutine de dissuader l’Occident de franchir certaines lignes rouges et de reprendre la main dans le rapport de force géopolitique.
La Russie sait que toute frappe nucléaire, même limitée, déclencherait une riposte dévastatrice de l’OTAN. C’est une ligne qu’elle ne peut pas se permettre de franchir.
Un expert des questions de défense
Reste que cette nouvelle escalade verbale contribue à accroître dangereusement les tensions dans une région où le moindre faux pas pourrait dégénérer en conflagration mondiale. À l’heure où Donald Trump s’apprête à revenir à la Maison Blanche, beaucoup craignent un rapprochement entre Washington et Moscou qui se ferait au détriment de l’Ukraine.
La signature de ce décret nucléaire controversé par Vladimir Poutine apparaît dès lors comme un coup de poker risqué. Soit une manœuvre destinée à préparer le terrain pour de futures négociations en position de force avec la nouvelle administration américaine. Soit le signe inquiétant d’un dirigeant russe acculé, prêt à toutes les extrémités pour sortir son pays de l’ornière ukrainienne.