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Poutine Pose un Ultimatum Clair à l’Ukraine

Vladimir Poutine vient de poser un ultimatum sans ambiguïté : la Russie stoppera les hostilités uniquement si l’armée ukrainienne se retire des quatre régions annexées. Kiev répond qu’il ne cédera « aucun territoire ». Un plan américain amendé arrive à Moscou… Que va-t-il se passer ?

Imaginez la scène : un président russe, loin de Moscou, dans la froidure de Bichkek, qui lâche une phrase lourde comme un obus. « Si les troupes ukrainiennes ne partent pas, nous les chasserons par la force. » En une seule déclaration, Vladimir Poutine vient de redessiner les contours possibles – ou impossibles – d’une paix en Ukraine.

Un ultimatum qui ne laisse aucune place au doute

Jeudi, lors d’une conférence de presse au Kirghizstan, le maître du Kremlin a été d’une clarté brutale. La Russie arrêtera immédiatement les hostilités à la seule condition que l’armée ukrainienne retire ses unités des territoires que Moscou considère comme siens depuis les annexions de 2022 : Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

Sans cette retraite, prévient-il, l’armée russe continuera son avancée jusqu’à les prendre « par la force militaire ». Le ton est posé, presque administratif, mais le message est une bombe diplomatique.

Quels territoires sont réellement concernés ?

Poutine n’a pas précisé s’il exigeait le retrait uniquement des zones du Donbass (où les forces russes et pro-russes contrôlent déjà une large partie) ou s’il inclut aussi Kherson et Zaporijjia, dont Moscou ne possède qu’une portion. Cette ambiguïté calculée laisse la porte ouverte à une interprétation maximaliste.

En septembre 2022, la Russie avait organisé des référendums contestés et proclamé l’annexion de ces quatre régions. Aujourd’hui, elle n’en contrôle pas la totalité, loin de là. L’ultimatum revient donc à demander à Kiev d’abandonner des terres où ses soldats se battent encore.

« Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités. Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire. »

Vladimir Poutine, Bichkek, novembre 2025

La réponse immédiate et inflexible de Kiev

À peine quelques heures après, le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriï Iermak, a coupé court à tout espoir de concession territoriale.

Dans une interview accordée à un média américain, il a été catégorique : tant que Zelensky sera président, l’Ukraine ne renoncera à aucun territoire. Le seul sujet réaliste selon lui ? Un cessez-le-feu sur la ligne de front actuelle.

« Personne n’espère que nous renoncerons à des territoires. Il ne renoncera à aucun territoire. »

Andriï Iermak

Cette position n’est pas nouvelle, mais elle prend une dimension particulière au moment où un plan américain, perçu d’abord comme très favorable à Moscou, revient sur la table après avoir été profondément remanié sous pression ukrainienne et européenne.

Le plan américain : de proposition pro-russe à version édulcorée

La semaine dernière, Washington avait transmis un document en 28 points qui, dans sa version initiale, incluait notamment la reconnaissance du Donbass sous contrôle russe. Un cadeau empoisonné pour Kiev.

Mais après d’intenses consultations, le texte a été largement amendé. Selon des sources à Kiev, il ne contient plus les conditions maximalistes initiales et n’aborde même plus directement la question des territoires occupés.

L’émissaire américain Steve Witkoff doit présenter cette nouvelle mouture à Moscou dans les tous prochains jours. Poutine, lui, a déjà prévenu : il attend toujours une reconnaissance internationale – pas forcément ukrainienne – du Donbass et de la Crimée comme territoires russes.

Point clé russe : Moscou veut une reconnaissance internationale de l’annexion de la Crimée (2014) et des quatre régions (2022). Kiev refuse même d’en discuter.

Un calendrier sous haute tension

Plusieurs événements se télescopent dans les prochaines semaines :

  • Arrivée de l’émissaire américain à Moscou
  • Poursuite des discussions techniques entre délégations ukrainienne et américaine
  • Recrutement massif de nouvelles troupes par la Russie (plus de 30 000 contrats par mois selon les chiffres officiels)
  • Augmentation continue du budget militaire russe pour 2026

Le ministre italien de la Défense italien, Guido Crosetto, résumait jeudi l’état d’esprit européen : « Nous verrons très vite si Poutine a une réelle intention de paix. Je ne suis pas optimiste. »

Pourquoi cet ultimatum maintenant ?

Plusieurs hypothèses circulent dans les chancelleries.

Certains y voient une tentative de verrouiller des gains territoriaux avant une éventuelle négociation sous une nouvelle administration américaine plus ouverte au dialogue. D’autres estiment que Moscou, qui progresse lentement mais sûrement dans le Donbass, veut forcer Kiev à choisir entre une capitulation partielle ou une guerre d’usure interminable.

Une chose est sûre : en posant cette condition publiquement, Poutine rend presque impossible tout compromis immédiat. Car accepter signifierait pour Zelensky une humiliation politique majeure, voire la fin de son pouvoir.

Et si l’Ukraine refusait ?

La réponse russe a déjà été donnée : poursuite des opérations jusqu’à contrôle total des quatre régions. Cela pourrait prendre des mois, voire des années, au prix de dizaines de milliers de vies supplémentaires.

Dans le même temps, l’Europe et les États-Unis continuent de livrer des armes à Kiev, prolongeant sa capacité de résistance, mais sans lui donner les moyens d’une victoire décisive.

On se retrouve dans une guerre d’usure où chaque camp attend que l’autre craque le premier.

Position russe Position ukrainienne
Retrait immédiat des troupes ukrainiennes des 4 régions annexées Aucun renoncement territorial tant que Zelensky est président
Reconnaissance internationale du Donbass et de la Crimée Cessez-le-feu possible sur la ligne de front actuelle
Sinon : prise par la force Poursuite de la résistance avec soutien occidental

Vers un conflit gelé ou une escalade ?

Le scénario le plus probable à court terme reste celui d’un conflit gelé : ni paix, ni victoire décisive, mais une ligne de front stabilisée avec des escarmouches permanentes.

Mais chaque annonce comme celle de jeudi repousse un peu plus l’espoir d’une sortie négociée. Car pour que des discussions sérieuses s’ouvrent, il faudrait que l’un des deux camps accepte de perdre la face. Et pour l’instant, ni Poutine ni Zelensky n’en prennent le chemin.

La guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année avec une certitude : les déclarations d’aujourd’hui détermineront les cartes de demain. Et pour l’instant, elles dessinent un horizon bien sombre.

(Article mis à jour en continu selon l’évolution des négociations)

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