Dans une nouvelle escalade verbale, le président russe Vladimir Poutine a agité le spectre d’une prolifération d’armes vers des pays tiers, susceptibles de viser les intérêts occidentaux. Une menace brandie en réponse à l’éventualité que l’Occident autorise l’Ukraine à frapper le territoire russe avec des missiles de longue portée.
Un avertissement aux Occidentaux
Lors d’une interview accordée à plusieurs agences de presse dont l’AFP, en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a lancé un avertissement à peine voilé aux pays occidentaux qui soutiennent l’Ukraine :
Si quelqu’un considère possible de fournir de telles armes dans la zone de combats pour frapper notre territoire (…), pourquoi n’aurions-nous pas le droit de fournir nos armes du même type dans des régions du monde où seront frappées les installations sensibles des pays qui agissent ainsi contre la Russie ?
Vladimir Poutine
Une déclaration qui intervient alors que certains pays occidentaux commencent à envisager d’autoriser l’Ukraine à mener des frappes en territoire russe, sous certaines conditions, avec les armes fournies. Une ligne rouge pour Moscou, qui promet des représailles si elle venait à être franchie.
Des risques d’escalade
De nombreux États occidentaux sont jusqu’à présent réticents à l’idée de voir leurs armes, en particulier les missiles de longue portée, utilisées pour frapper le sol russe. Ils craignent en effet que cela ne pousse le Kremlin à une escalade dangereuse du conflit.
Mais l’Ukraine, qui subit depuis plus d’un an l’invasion russe sur son territoire, réclame avec insistance le droit de riposter sur le territoire de l’agresseur. Un droit à l’auto-défense que certaines capitales occidentales semblent de plus en plus enclines à lui reconnaître.
Présence d’instructeurs occidentaux en Ukraine
Vladimir Poutine a par ailleurs affirmé que des instructeurs militaires occidentaux se trouvaient déjà en Ukraine et y subissaient des pertes, information que les pays concernés se gardent bien de confirmer :
Ils sont présents sur le territoire de l’Ukraine et, malheureusement pour eux, ils subissent des pertes. Les États-Unis et les États européens préfèrent garder le silence.
Vladimir Poutine
Si certains pays comme la France réfléchissent effectivement à envoyer des instructeurs pour former plus rapidement les soldats ukrainiens, aucun n’a pour l’instant confirmé leur présence sur le terrain. Une information démentie par Washington.
Appel au dialogue et mise en garde
Tout au long de son interview, le dirigeant russe a martelé que la meilleure façon de mettre un terme au conflit était que les Occidentaux cessent leurs livraisons d’armes à Kiev. Il s’est dit disposé à s’asseoir à la table des négociations, tout en mettant en garde :
Fournir des armes à une zone de conflit est toujours une mauvaise chose. Surtout quand elle est liée au fait que les fournisseurs ne se contentent pas de fournir des armes, mais qu’ils les contrôlent. Il s’agit là d’une mesure très grave et très dangereuse.
Vladimir Poutine
Opacité sur les pertes russes
Interrogé sur les lourdes pertes subies par l’armée russe depuis le début de l’offensive en Ukraine, Poutine est resté évasif. Il a simplement indiqué qu’elles étaient “très inférieures” à celles essuyées par les forces de Kiev, dans un rapport de 1 pour 5.
Une affirmation invérifiable en l’absence de données fiables et transparentes sur les morts au combat côté russe. La plupart des experts occidentaux estiment que les pertes de Moscou se chiffrent à plusieurs dizaines de milliers d’hommes depuis février 2022.
Par ces déclarations, Vladimir Poutine tente une nouvelle fois de dissuader les Occidentaux d’accroître leur soutien militaire à l’Ukraine. Une stratégie d’intimidation visant à décourager toute velléité de frapper le territoire russe, au risque de déclencher une grave escalade dont les conséquences seraient imprévisibles.
Mais le maître du Kremlin semble également préparer le terrain à une potentielle prolifération d’armes russes vers des pays tiers, une menace à peine voilée contre les intérêts occidentaux à travers le monde. Un nouvel élément de tension dans ce conflit qui continue de s’enliser, en dépit des appels au dialogue et à la négociation.