Selon des déclarations récentes du président russe Vladimir Poutine, la Slovaquie aurait proposé de servir de « plateforme » pour d’éventuelles négociations de paix entre Moscou et Kiev, près de trois ans après le début de l’intervention militaire russe en Ukraine. Cette offre inattendue pourrait-elle ouvrir la voie à une sortie de crise ?
La Slovaquie, un médiateur potentiel dans le conflit russo-ukrainien ?
D’après Vladimir Poutine, le Premier ministre slovaque Robert Fico aurait affirmé que son pays serait « heureux de fournir une plateforme » si des négociations de paix devaient avoir lieu entre la Russie et l’Ukraine. Le dirigeant russe juge cette proposition « acceptable » et assure ne pas y être opposé, saluant au passage la « position neutre » de la Slovaquie dans ce conflit.
Robert Fico, qui a renoué le dialogue avec le Kremlin malgré les efforts occidentaux pour isoler Vladimir Poutine, s’était rendu à Moscou le 22 décembre dernier. Une visite rare et controversée pour un dirigeant européen, à contre-courant de la politique de soutien à l’Ukraine menée par l’UE et l’OTAN, dont la Slovaquie est pourtant membre.
Un revirement slovaque sur l’aide militaire à Kiev
Depuis son retour au pouvoir à l’automne 2023, le gouvernement slovaque dirigé par Robert Fico a décidé de stopper toute assistance militaire à l’Ukraine. Le Premier ministre plaide désormais pour des pourparlers de paix et reproche à Kiev de mettre en péril l’approvisionnement en gaz russe de son pays, dont il est très dépendant.
Ce revirement slovaque intervient alors que l’hypothèse de négociations pour mettre fin au conflit ukrainien est de plus en plus évoquée, notamment avec la perspective du retour de Donald Trump à la Maison Blanche en 2024. Le républicain a en effet promis de rétablir la paix en Ukraine « en 24 heures » et appelé à un « cessez-le-feu immédiat ».
L’Ukraine inquiète d’un éventuel accord défavorable
Côté ukrainien, le flou qui entoure le plan de Donald Trump suscite l’inquiétude. En difficulté sur le front et très dépendante de l’aide occidentale, l’Ukraine craint d’être contrainte à un accord qui lui serait défavorable. Kiev espère pouvoir continuer à repousser les forces russes avec le soutien de ses alliés.
Vladimir Poutine, de son côté, maintient que la Russie atteindra « tous ses objectifs » en Ukraine, qualifiant cela de « tâche numéro un ». Il a prévenu que Moscou était prête à utiliser de nouveau son missile de dernière génération Orechnik « si nécessaire », tout en assurant ne pas être « pressé » de le faire.
La menace des frappes russes plane toujours
L’armée russe avait employé ce missile pour la première fois le 21 novembre contre une ville ukrainienne, présentant cette attaque comme une réponse aux récentes frappes ukrainiennes en territoire russe à l’aide d’armements fournis par les États-Unis et le Royaume-Uni. Vladimir Poutine avait alors menacé de frapper directement les pays qui arment l’Ukraine.
Le président russe a aussi brandi à plusieurs reprises la menace de frappes contre des « centres de décision » à Kiev. Des avertissements qui témoignent de la détermination de Moscou à poursuivre son offensive malgré les pressions internationales et les revers militaires subis ces derniers mois.
Vers une médiation slovaque pour sortir de l’impasse ?
Dans ce contexte tendu, l’offre slovaque d’accueillir d’éventuelles négociations de paix apparaît comme une tentative de renouer le dialogue et de trouver une issue diplomatique au conflit. Reste à savoir si cette proposition sera jugée acceptable par l’Ukraine et ses soutiens occidentaux, qui refusent pour l’heure tout compromis avec Moscou.
La perspective d’une médiation slovaque soulève aussi des questions sur la capacité de ce petit pays d’Europe centrale, tiraillé entre ses liens avec la Russie et ses engagements auprès de l’UE et de l’OTAN, à jouer un rôle d’intermédiaire crédible et impartial dans ce conflit majeur aux lourdes implications géopolitiques.
La Slovaquie propose d’accueillir des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine. Mais cette offre inattendue suffira-t-elle à rapprocher des positions aujourd’hui diamétralement opposées ?
Seule certitude : près de trois ans après le début de l’invasion russe, la voie vers la paix en Ukraine reste semée d’embûches. Si l’offre slovaque a le mérite de remettre la question des négociations sur la table, il faudra plus qu’un changement de lieu pour rapprocher des belligérants campant pour l’heure sur des positions inconciliables.