Le président russe Vladimir Poutine a livré un discours particulièrement offensif ce jeudi, dans lequel il accuse sans détour l’Occident d’avoir fait basculer le conflit en Ukraine en une confrontation mondiale. Des propos lourds de menaces, qui font craindre une dangereuse escalade des tensions.
Un missile à capacité nucléaire tiré sur une ville ukrainienne
Pour étayer ses accusations, le maître du Kremlin a révélé qu’un missile balistique russe de portée intermédiaire, baptisé “Orechnik”, avait été tiré le 21 novembre dernier sur la ville ukrainienne de Dnipro. Si l’engin n’était pas armé d’une charge nucléaire, il s’agissait bien d’un missile à capacité atomique, testé “en conditions de combat” selon Poutine.
Ce tir, présenté comme une réponse à l’utilisation par l’Ukraine de systèmes d’armes occidentaux de longue portée contre le territoire russe, marque une nouvelle étape dans l’escalade. Vladimir Poutine a d’ailleurs menacé de mener d’autres frappes de ce type si les “actions agressives” des pays de l’OTAN à l’encontre de la Russie se poursuivaient.
L’Occident accusé de pousser vers un conflit mondial
Dans son allocution, le président russe a violemment pris à partie les États-Unis et leurs alliés, les tenant pour responsables de la transformation du conflit régional en Ukraine en affrontement global. Il les accuse d’avoir autorisé l’utilisation de leurs “systèmes d’armes de précision à longue portée” contre la Russie, impliquant selon lui directement “des spécialistes militaires des pays qui les produisent”.
Ce n’est pas la Russie mais les États-Unis qui ont détruit le système de sécurité internationale et qui, en continuant à se battre et à s’accrocher à leur hégémonie, poussent le monde entier vers un conflit mondial.
Vladimir Poutine, 23 novembre 2022
De nouvelles frappes de missiles russes à venir ?
En guise d’avertissement, Vladimir Poutine a prévenu que la Russie considérait être “dans son droit d’utiliser ses armes contre les installations militaires des pays” autorisant l’emploi de leurs armements contre son territoire. Une menace à peine voilée de nouvelles frappes de missiles russes, potentiellement contre des cibles en Europe ou aux États-Unis.
Le dirigeant russe affirme que le missile “Orechnik” utilisé contre Dnipro est d’une technologie si avancée qu’il n’existe aujourd’hui “aucun moyen de le contrer”. Selon lui, ni “les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde”, ni “les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe” ne seraient en mesure de l’intercepter.
Poutine prêt “à faire face à tout développement”
Tout en se disant “toujours prêt à résoudre tous les problèmes par des moyens pacifiques”, Vladimir Poutine a martelé que la Russie était également “prête à faire face à tout développement”. Une posture ferme et intransigeante, qui laisse peu d’espoir d’un apaisement à court terme des relations avec l’Occident.
Si quelqu’un en doute encore, c’est en vain : il y aura toujours une réponse.
Vladimir Poutine, 23 novembre 2022
Une escalade des tensions particulièrement préoccupante
Par ses accusations frontales et ses menaces à peine voilées, le discours de Vladimir Poutine marque une nouvelle dégradation des relations déjà très tendues entre la Russie et les pays occidentaux. Cette escalade verbale, doublée de la démonstration de force que constitue le tir du missile “Orechnik”, fait peser de lourdes incertitudes sur l’évolution du conflit en Ukraine et des tensions internationales.
Les dirigeants des pays membres de l’OTAN et de l’Union européenne vont devoir manœuvrer avec la plus grande prudence face à un Vladimir Poutine qui semble déterminé à ne rien céder. L’enjeu : éviter que la crise ne bascule dans une confrontation armée directe aux conséquences potentiellement dévastatrices, sans pour autant renoncer à soutenir l’Ukraine.
Un véritable numéro d’équilibriste, qui s’annonce périlleux dans un contexte international de plus en plus tendu et imprévisible. L’avenir dira si la voie de la désescalade diplomatique peut encore être empruntée, ou si le monde est condamné à s’enfoncer dans une spirale de la confrontation dont nul ne peut prédire l’issue.