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Pourquoi la France ne considère pas le Hezbollah comme un groupe terroriste

Alors que les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne considèrent le Hezbollah comme une organisation terroriste dans son ensemble, la France fait une distinction. Découvrez les raisons de cette position diplomatique controversée...

Alors que de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, considèrent le Hezbollah comme une organisation terroriste dans son intégralité, la France maintient une position différente. En effet, Paris refuse de qualifier la branche politique du mouvement chiite libanais de terroriste, suscitant incompréhension et critiques. Quelles sont les raisons qui poussent la diplomatie française à adopter cette position controversée ?

Un lourd passif entre la France et le Hezbollah

Dans les années 1980, le Hezbollah a mené plusieurs attentats meurtriers en France, en réaction au soutien apporté par Paris à l’Irak dans sa guerre contre l’Iran. L’attaque la plus sanglante reste celle du Drakkar à Beyrouth en 1983, qui a coûté la vie à 58 parachutistes français. Malgré ce lourd bilan, la France n’a jamais officiellement imputé la responsabilité de ces attaques au Hezbollah dans son ensemble.

Une distinction entre branches militaire et politique

Depuis 2013, l’Union européenne a inscrit la branche armée du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes. Cependant, la France continue de faire une distinction entre cette branche militaire et l’aile politique du mouvement, qui est représentée au Parlement libanais et au sein du gouvernement. Pour Paris, maintenir le dialogue avec la composante politique est essentiel à la stabilité du Liban.

« Nous faisons la distinction entre la branche armée et les activités politiques », avait déclaré en 2020 Jean-Yves Le Drian, alors ministre français des Affaires étrangères.

Préserver l’influence française au Liban

La position française s’explique aussi par la volonté de préserver son influence historique au Liban. Ancienne puissance mandataire, la France entretient des liens étroits avec Beyrouth et cherche à se poser en médiateur dans un pays miné par les tensions communautaires. Qualifier l’ensemble du Hezbollah de terroriste reviendrait à couper les ponts avec une force politique majeure, au risque de perdre tout levier diplomatique.

Cette approche pragmatique est cependant de plus en plus remise en cause, y compris en interne. Des voix s’élèvent pour dénoncer l’ambiguïté française et appeler à un alignement sur la position américaine. Mais pour l’heure, Paris campe sur ses positions, estimant que le dialogue reste la meilleure option pour garantir la stabilité régionale.

Une position de plus en plus isolée

La France apparaît de plus en plus isolée dans sa volonté de distinguer les branches politique et militaire du Hezbollah. Après les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont récemment franchi le pas, qualifiant l’organisation de terroriste dans son ensemble. Cette évolution témoigne d’une pression croissante sur Paris pour revoir sa position, alors que la menace terroriste reste élevée.

Pour autant, un changement de cap de la diplomatie française n’est pas à l’ordre du jour. Emmanuel Macron a récemment réaffirmé la nécessité de maintenir le dialogue avec toutes les composantes de la société libanaise. Un pari risqué, qui expose la France à des critiques de complaisance envers une organisation responsable de nombreux attentats.

Vers une réévaluation de la position française ?

Si la position française apparaît de plus en plus fragile, une remise en cause n’est pas exclue à terme. L’évolution du contexte régional, marqué par les tensions entre l’Iran et Israël, pourrait pousser Paris à durcir le ton envers le Hezbollah. De même, une implication avérée du mouvement dans de nouveaux attentats visant des intérêts français serait de nature à faire basculer la position de la France.

Mais pour l’heure, Paris maintient le cap, convaincu que le dialogue reste la moins mauvaise option pour préserver son influence et œuvrer à la stabilité du Liban. Une politique pragmatique, certes, mais de plus en plus questionnée face à la menace terroriste persistante incarnée par le Hezbollah. L’avenir dira si cette stratégie était la bonne ou si la France aura finalement fait le jeu d’une organisation qui n’a jamais renoncé à la violence.

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