Le contexte géopolitique actuel, marqué par le prolongement du conflit ukrainien et les incertitudes concernant l’engagement américain, place la défense européenne au cœur des préoccupations stratégiques.
Cette nouvelle donne transforme le secteur de l’armement en une opportunité d’investissement majeure pour diversifier son patrimoine. Les ETF défense émergent comme une solution particulièrement adaptée pour s’exposer à cette thématique porteuse, permettant aux particuliers de participer au réarmement européen tout en mutualisant les risques et en démocratisant l’accès à ce secteur stratégique.
Face à la rareté des ETF défense éligibles au PEA, des solutions alternatives existent pour contourner cette limitation et profiter de la dynamique du secteur via son plan d’épargne en actions.
Pourquoi investir dans le secteur de la défense ?
Dans un contexte où l’Europe redécouvre l’impératif de sa souveraineté militaire et mobilise des moyens financiers historiques, le secteur de la défense se révèle être l’une des opportunités d’investissement les plus stratégiques de la décennie, combinant croissance structurelle, innovation technologique et engagement politique durable.
Un réarmement européen historique
La réorientation stratégique de l’Europe marque un tournant historique. Face au conflit ukrainien (qui mobilise 61% du budget ukrainien) et aux signaux d’un possible désengagement américain de l’OTAN, l’Europe repense son autonomie militaire avec des investissements sans précédent.
La Commission européenne a dévoilé un plan de 800 milliards d’euros, activant une clause d’exception budgétaire pour dépasser les contraintes fiscales. L’Allemagne débloque 100 milliards d’euros exceptionnels et double son budget annuel à 200 milliards. La Pologne consacre 4,1% de son PIB aux armées, les pays baltes visent 5% en 2026, et la France prévoit 413 milliards à travers la loi de programmation militaire 2024-2030.
L’objectif derrière ces mesures est de renforcer l’autonomie stratégique européenne tout en modernisant d’urgence des équipements vieillissants face aux nouvelles formes de menaces.
Un coup de boost pour l’industrie de la défense Européenne
L’industrie de défense européenne connaît une mutation profonde avec l’émergence de technologies de rupture et l’urgence de moderniser des équipements obsolètes. Cybersécurité militaire, IA appliquée aux armes, drones autonomes, systèmes anti-drones et technologies spatiales redéfinissent la guerre moderne.
Les géants français du secteur excellent : Thales affiche 25 milliards d’euros de commandes début 2025, Dassault Aviation multiplie les succès du Rafale (8 pays clients) tandis que Safran lance des moteurs d’hélicoptère nouvelle génération.
Au-delà des grands groupes, les PME technologiques émergent comme des acteurs stratégiques essentiels :
- CS Group révolutionne la maintenance prédictive des équipements militaires grâce à l’intelligence artificielle,
- Nexter modernise ses chars Leclerc avec des systèmes de protection active ultramodernes
- Preligens développe des solutions d’analyse satellite par IA
- Unseenlabs optimise la surveillance maritime grâce à ses micro-satellites
La Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) française, forte de 4 500 entreprises, 220 000 emplois directs et 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, constitue un écosystème dynamique où 800 PME sont classées « stratégiques » par la Direction Générale de l’Armement.
Des rendements attractifs sur 10 ans
Le secteur démontre une attractivité financière solide et résiliente. Les fonds armement affichent 6-8% de rendement annuel sur 5 ans, les entreprises innovantes (cyberdéfense, IA militaire) peuvent atteindre 12%. L’indice Stoxx Europe Total Market Aerospace & Defense, qui regroupe les 27 plus grosses entreprises du secteur, enregistre une hausse de 57% depuis septembre dernier, illustrant l’engouement des marchés.
Cette dynamique s’inscrit dans la durée selon un consensus d’analystes qui s’accordent sur au moins une décennie de croissance continue dans la défense. Comme l’affirme Patrice Caine, président-directeur général de Thales, « nous avons devant nous au moins une décennie de croissance dans la défense ».
La nécessité d’un placement à moyen/long terme, avec un horizon minimum recommandé de 5 ans, permet de lisser les cycles économiques et de capitaliser sur une tendance structurelle, soutenue par des engagements budgétaires pérennes et l’urgence de moderniser les capacités militaires européennes.
Comment investir dans le secteur de la défense ?
Face à la transformation stratégique du secteur de la défense européenne, les investisseurs disposent aujourd’hui d’une palette diversifiée de solutions pour participer à cette dynamique de croissance : de l’investissement direct en actions aux ETF spécialisés, en passant par des fonds thématiques innovants, chaque profil d’épargnant peut trouver le véhicule adapté à ses objectifs et sa tolérance au risque.
Solution d’investissement | Objectif | Niveau de risque |
Actions individuelles | Maximiser les gains potentiels sur des entreprises spécifiques | Élevé |
Actions via PEA | Optimiser fiscalement avec exonération après 5 ans | Élevé |
ETF Défense (CTO) | Diversifier sur l’ensemble du secteur avec frais réduits | Modéré à élevé |
Fonds Bpifrance Défense | Soutenir les PME françaises innovantes (dès 500€) | Modéré |
Assurance-vie défense | Mixer sécurité (fonds euros) et performance (Unité de Compte) | Faible à modéré |
PER défense | Préparer la retraite avec déduction fiscale | Modéré |
Fonds euros spécialisés | Garantir le capital avec exposition indirecte | Faible |
Investir dans la défense en Actions
L’investissement direct dans la défense offre un potentiel de gains élevés sur des entreprises spécifiques, comme en témoignent les performances exceptionnelles des entreprises européennes du secteur.
Pays | Entreprise | Performance Janvier – Mai 2025 | Éligibilité PEA |
France | Thales | + 80 % | Oui |
Dassault Aviation | + 65 % | Oui | |
Safran | + 14 % | Oui | |
Airbus | + 1,5 % | Oui | |
Allemagne | Hensoldt | + 182 % | Oui |
Rheinmetall | + 162 % | Oui | |
Italie | Leonardo | + 84 % | Oui |
Suède | Saab | + 97 % | Oui |
Royaume-Uni | Rolls Royce | + 97 % | Non |
BAE Systems | + 11 % | Non |
Ces performances spectaculaires s’accompagnent de risques significatifs : forte sensibilité aux développements géopolitiques, volatilité accrue et risque d’acheter au plus haut après de telles hausses. Il est essentiel de diversifier son portefeuille et de ne pas « mettre tous ses œufs dans le même panier » pour limiter l’exposition au risque spécifique.
Pour optimiser fiscalement ces investissements en actions défense tout en limitant les frais, le Plan d’Épargne en Actions (PEA) représente une enveloppe particulièrement avantageuse. Cette enveloppe donne accès aux titres d’entreprises de l’UE, Islande, Norvège et Liechtenstein avec des avantages fiscaux attractifs.
Il est important de choisir le bon courtier en ligne afin d’accéder aux principales actions du secteur de la défense européennes aux meilleurs frais : Thales, Dassault Aviation, Safran, Leonardo, Rheinmetall et Saab y sont toutes éligibles.
Les limitations concernent principalement les valeurs britanniques comme BAE Systems, exclues depuis le Brexit. Plus problématique, les ETF défense ne sont généralement pas éligibles au PEA en raison de leur exposition dépassant 25% aux États-Unis ou au Royaume-Uni.
La solution consiste à investir directement dans les actions européennes éligibles ou via des ETF plus larges où la thématique défense est présente mais non majoritaire, comme l’Amundi STOXX Europe 600 Industrials UCITS ETF Acc, qui contient des valeurs défense tout en restant éligible au PEA.
Investir dans la défense via les ETF
Les ETF offrent une diversification simplifiée sur un panier d’entreprises du secteur, permettant de capter la tendance globale du marché plutôt que la performance d’une seule entreprise. Cotés en continu, ils garantissent facilité d’accès et de revente à tout moment. Les frais de gestion restent généralement modérés, inférieurs à 0,50% par an, bien plus compétitifs que les fonds actifs traditionnels.
ETF | Code ISIN | Caractéristiques principales | Performance / Lancement |
WisdomTree Europe Defence UCITS ETF | IE0002Y8CX98 | Focus Europe, exclut les armes interdites | Lancement 04/03/25 |
HANetf Future of European Defence UCITS ETF | IE00017E6HL0 | Défense, cybersécurité et technologies critiques, critères ESG | Lancement : 07/04/25 |
Amundi Stoxx Europe Defense UCITS | DEFS FP | Suit l’indice STOXX® Europe Total Market Defense Capped | Lancement : 05/25 |
VanEck Defense UCITS ETF | IE0000YYE6WK5 | Exposition mondiale, équilibre cybersécurité/équipements traditionnels | Performance 2024 : 43,74% |
HanETF Future of Defence UCITS | IE0000J5TQP4 | Orienté technologies de défense du futur | Performance 2024 : 31,99 % |
Note : Tous ces ETF nécessitent un Compte-Titres Ordinaire (CTO) et ne sont pas éligibles au PEA en raison de leur exposition aux marchés américains ou britanniques dépassant le seuil autorisé de 25%.
Les fonds d’investissement spécialisés dans la défense et autres placements
- Assurance-vie : constitue un véhicule flexible permettant de mixer fonds euros sécurisés et unités de compte défense. Cette approche permet d’ajuster son exposition au risque tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse après 8 ans.
- PER défense : offre une alternative fiscalement attractive pour le long terme, avec déduction des versements du revenu imposable et capitalisation défiscalisée jusqu’à la retraite.
- Fonds euros spécialisés défense : proposent un capital garanti avec une rémunération moyenne de 2,8%, permettant une exposition indirecte au secteur sans risque en capital, adaptée aux profils prudents.
Parmi les nouveaux fonds d’investissement thématique, on retrouve notamment Bpifrance Défense. Lancé en mars 2025, ce dernier démocratise l’investissement défense avec un ticket d’entrée dès 500 euros (plafond de quelques milliers d’euros).
Ce fonds vise 450 millions d’euros de collecte pour investir dans les PME et startups françaises du secteur sur 5 ans minimum, avec des rendements attendus de 5-10% sans garantie de capital. Accessible via l’assurance-vie multisupports et le PER, il investit au moins 70% dans des entreprises hexagonales de cybersécurité et technologies militaires.
D’autres fonds thématiques émergent, comme le Tikehau European Sovereignty Fund, ciblant les PME stratégiques classées par la Direction Générale de l’Armement. Ces fonds permettent d’accéder à des opportunités généralement réservées aux investisseurs institutionnels, notamment dans les startups innovantes développant l’intelligence artificielle militaire ou les systèmes anti-drones.
Les considérations à prendre en compte avant d’investir dans la défense
Si les perspectives du secteur défense sont prometteuses, tout investissement requiert une analyse approfondie des risques et contraintes spécifiques à ce marché sensible, ainsi qu’une stratégie adaptée à votre profil patrimonial.
Des risques à ne pas négliger
Le secteur de la défense présente des risques spécifiques, en particulier due à sa forte volatilité ainsi qu’à sa sensibilité aux développements géopolitiques pouvant impacter brutalement les valorisations. Après des hausses spectaculaires (+162 % pour Rheinmetall, +97 % pour Saab), le risque de correction est réel et pourrait atteindre 10 à 15 %.
Au-delà des considérations financières, les impacts ESG méritent réflexion. Les questions éthiques liées aux droits de l’homme, la contribution potentielle à des conflits, ou encore l’impact environnemental de l’industrie militaire (responsable de plus de 5% des émissions mondiales de CO2) peuvent entrer en contradiction avec certaines convictions personnelles. Ces aspects doivent être pris en compte dans toute décision d’investissement.
Diversifier son portefeuille malgré la performance du secteur
La concentration excessive sur un secteur, aussi prometteur soit-il, constitue une erreur classique en gestion de patrimoine. La défense ne devrait représenter qu’une partie d’un portefeuille diversifié, idéalement entre 5 et 15% selon le profil de risque.
Cette allocation doit s’intégrer dans une stratégie globale incluant d’autres secteurs (technologie, santé, consommation) et classes d’actifs (obligations, immobilier) pour optimiser le couple rendement/risque.
La diversification géographique reste également essentielle, même au sein du secteur défense, en répartissant les investissements entre différents pays européens.
Planifier son horizon de placement
Le secteur de la défense nécessite une approche patiente et disciplinée. L’horizon minimum recommandé de 5 ans permet de traverser les cycles économiques et les soubresauts géopolitiques inévitables.
Cette durée correspond d’ailleurs aux engagements budgétaires pluriannuels des États et aux cycles de développement des programmes d’armement. Les investisseurs doivent être prêts à supporter une volatilité à court terme pour bénéficier du potentiel de croissance structurelle à long terme du secteur.