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Pourquoi Bitcoin Ne Sera Jamais une Réserve Monétaire

Ray Dalio critique Bitcoin comme monnaie de réserve. Pourquoi doute-t-il de son avenir face à l’or et au dollar ? Découvrez ses arguments percutants...

Imaginez un monde où Bitcoin, la cryptomonnaie star, devient la pierre angulaire des réserves des banques centrales, remplaçant l’or ou le dollar. Une idée séduisante pour les passionnés de crypto, mais un scénario improbable selon Ray Dalio, le célèbre investisseur et fondateur de Bridgewater Associates. Dans un récent message publié sur les réseaux sociaux, Dalio a exprimé ses doutes sur la capacité de Bitcoin à s’imposer comme une monnaie de réserve, citant des obstacles structurels et pratiques. Alors, pourquoi cet homme, dont les analyses financières influencent des trillions de dollars, reste-t-il sceptique face à l’ascension de Bitcoin ? Cet article plonge dans ses arguments, explore les défis de la cryptomonnaie et examine pourquoi le chemin vers le statut de réserve monétaire reste semé d’embûches.

Les doutes de Ray Dalio sur Bitcoin

Ray Dalio, figure emblématique de la finance mondiale, n’a jamais caché son intérêt prudent pour Bitcoin. Dans une publication récente, il a rappelé que pour être considéré comme une monnaie, un actif doit remplir deux fonctions essentielles : être un moyen d’échange et un réservoir de valeur. Si Bitcoin commence à gagner du terrain comme moyen d’échange dans certains cercles, c’est sur le second point qu’il trébuche, selon Dalio. Il souligne que la cryptomonnaie n’a pas encore prouvé sa capacité à préserver la valeur sur le long terme, une exigence cruciale pour les banques centrales.

“L’argent doit être à la fois un moyen d’échange et un réservoir de valeur – et ce dernier est le plus important.”

Ray Dalio, octobre 2025

Ce scepticisme s’appuie sur plusieurs arguments concrets. Dalio pointe du doigt la transparence de la blockchain de Bitcoin, souvent vantée comme une force, mais qui devient un frein pour les acteurs étatiques. Les transactions enregistrées sur un registre public immuable offrent une visibilité totale, ce qui peut poser problème pour des institutions qui privilégient la discrétion dans leurs opérations financières. Les banques centrales, par exemple, ont besoin de confidentialité lorsqu’elles ajustent leurs réserves ou interviennent sur les marchés. Une transparence absolue pourrait exposer des stratégies sensibles, un risque que peu de gouvernements seraient prêts à prendre.

La volatilité, un obstacle majeur

Un autre frein majeur à l’adoption de Bitcoin comme monnaie de réserve est sa volatilité. Les données montrent que la volatilité annualisée de Bitcoin oscille entre 40 et 50 %, un chiffre bien supérieur à celui de l’or, qui se situe généralement entre 10 et 17 %. À titre de comparaison, l’indice du dollar américain affiche une volatilité bien plus faible, souvent dans les pourcentages à un seul chiffre. Cette instabilité rend Bitcoin peu attractif pour les institutions qui recherchent avant tout la stabilité et la prévisibilité pour préserver leurs richesses.

Actif Volatilité annuelle moyenne
Bitcoin 40–50 %
Or 10–17 %
Dollar (indice) ~5–9 %

Cette volatilité, bien que séduisante pour les spéculateurs, est un cauchemar pour les gestionnaires de réserves. Un actif de réserve doit pouvoir être liquidé ou utilisé comme garantie en temps de crise, sans risquer de perdre une part significative de sa valeur en quelques jours. Dalio compare Bitcoin à un pari à long terme sur un avenir incertain, une vision qui contraste avec la stabilité éprouvée de l’or ou des obligations souveraines.

La résilience de Bitcoin en question

Un autre point soulevé par Dalio concerne la résilience de Bitcoin face aux défis techniques et réglementaires. Bien que la cryptographie de Bitcoin ait résisté aux attaques pendant plus de 15 ans, Dalio met en garde contre des vulnérabilités potentielles. Un fork imprévu ou une percée technologique pourrait compromettre la sécurité de la blockchain. De plus, les gouvernements pourraient imposer des restrictions strictes, réduisant l’efficacité de Bitcoin comme actif financier mondial.

Les préoccupations réglementaires ne sont pas théoriques. Plusieurs pays ont déjà imposé des interdictions ou des limitations sur l’usage des cryptomonnaies, citant des risques pour la stabilité financière ou la lutte contre le blanchiment d’argent. Pour Dalio, ces incertitudes rendent Bitcoin inadapté pour répondre aux besoins des banques centrales, qui exigent des actifs fiables et résistants aux pressions externes.

L’or, un rival indétrônable ?

Face à Bitcoin, Dalio continue de privilégier l’or, un actif qui a fait ses preuves pendant des millénaires. Avec environ 36 000 à 37 000 tonnes détenues par les banques centrales en 2025, l’or reste un pilier des réserves mondiales. Sa valeur repose sur sa durabilité, sa liquidité et son acceptation universelle, des qualités que Bitcoin peine encore à égaler. Les données montrent que les réserves d’or des États-Unis à elles seules surpassent en valeur l’ensemble des bitcoins détenus par les gouvernements, estimés à environ 463 000 BTC.

Pourquoi l’or conserve-t-il cet avantage ? Contrairement à Bitcoin, l’or bénéficie d’une histoire longue de 5 000 ans comme actif refuge. Il est utilisé comme garantie en temps de crise et jouit d’une liquidité immédiate sur les marchés mondiaux. Dalio, dans des interviews récentes, a conseillé aux investisseurs de consacrer environ 15 % de leur portefeuille à des actifs dits “durs”, comme l’or et, dans une moindre mesure, Bitcoin. Cependant, il maintient une hiérarchie claire : l’or reste en tête, tandis que Bitcoin joue un rôle secondaire.

“Je préfère les actifs monétaires durs comme l’or et Bitcoin aux obligations d’État, qui sont affaiblies par la montée de la dette souveraine.”

Ray Dalio, Abu Dhabi Finance Week, 2024

L’évolution de la pensée de Dalio

Il est fascinant de retracer l’évolution des idées de Dalio sur Bitcoin. En 2017, alors que Bitcoin atteignait 4 000 dollars, il le qualifiait de bulle spéculative. Trois ans plus tard, en 2020, il admettait sur les réseaux sociaux qu’il pourrait “manquer quelque chose” à propos de Bitcoin, ouvrant la porte à un dialogue avec la communauté crypto. En 2021, il publie un essai intitulé Ce que je pense de Bitcoin, où il qualifie la cryptomonnaie d’invention remarquable et reconnaît son potentiel comme alternative à l’or dans un contexte de dévaluation des monnaies fiat.

Depuis, Dalio a affiné sa position. Il conseille une exposition limitée à Bitcoin, autour de 1 à 2 % d’un portefeuille diversifié, une recommandation qu’il compare à celle de l’or comme couverture contre l’inflation. Cette évolution montre une ouverture d’esprit, mais aussi une prudence persistante. Dalio reconnaît le potentiel de Bitcoin, mais il reste convaincu que ses limites structurelles l’empêchent de rivaliser avec les actifs traditionnels dans les réserves des banques centrales.

Les réserves actuelles : un fossé à combler

Pour comprendre pourquoi Bitcoin est loin du statut de réserve monétaire, il suffit d’examiner la composition des réserves mondiales en 2025. Le dollar américain domine toujours, représentant environ 57 % des réserves de change, suivi par l’euro, les obligations souveraines et l’or. Les cryptomonnaies, quant à elles, restent marginales. Les gouvernements détiennent environ 2,3 % de l’offre totale de Bitcoin, principalement via des saisies judiciaires, comme les 207 000 BTC détenus par les États-Unis ou les 194 000 BTC de la Chine.

  • États-Unis : 207 000 BTC, majoritairement issus de saisies.
  • Chine : 194 000 BTC, également via des confiscations.
  • Royaume-Uni : environ 61 000 BTC.
  • Ukraine : environ 46 000 BTC.
  • Bhoutan : 13 000 BTC, liés à des projets de minage.

Ces chiffres, bien que significatifs, sont dérisoires face aux dizaines de trillions de dollars en réserves fiat ou aux milliers de tonnes d’or détenues par les banques centrales. De plus, ces bitcoins ne sont pas le fruit de stratégies d’investissement, mais plutôt de circonstances fortuites, comme des opérations contre le crime. Quelques pays, comme le Salvador ou le Bhoutan, expérimentent des réserves stratégiques de Bitcoin, mais ces initiatives restent marginales et souvent politiquement motivées.

Les expérimentations nationales : un début timide

Certains pays tentent de faire entrer Bitcoin dans leurs stratégies financières. En 2025, les États-Unis ont créé une Réserve Stratégique de Bitcoin, gérée conjointement par le Trésor et le Département de la Justice, conservant les bitcoins saisis au lieu de les liquider. Le Salvador, pionnier dans l’adoption de Bitcoin comme monnaie légale, ainsi que le Bhoutan et l’Argentine, explorent des initiatives similaires, souvent liées à l’exploitation minière ou à des politiques économiques audacieuses. Cependant, ces démarches restent expérimentales et loin des pratiques des grandes banques centrales.

Le fossé entre ces initiatives et l’adoption généralisée par les institutions financières mondiales est immense. Les réserves monétaires doivent répondre à des critères stricts : stabilité, liquidité et confiance. Bitcoin, avec son offre limitée et son règlement transfrontalier, séduit certains décideurs, mais son absence de liquidité à l’échelle souveraine et son exposition aux incertitudes réglementaires freinent son adoption.

Bitcoin face à l’avenir

Alors, Bitcoin peut-il un jour prétendre au statut de monnaie de réserve ? Pour l’instant, les arguments de Dalio semblent solides. La volatilité, la transparence excessive de la blockchain et les risques réglementaires constituent des obstacles majeurs. Pourtant, l’intérêt croissant des investisseurs institutionnels et les expérimentations nationales montrent que Bitcoin gagne en légitimité. Sa capacité à survivre pendant plus de 15 ans, malgré les critiques, prouve une résilience certaine.

Pour surmonter ces défis, Bitcoin devra démontrer sa capacité à maintenir sa valeur sur des périodes prolongées, tout en trouvant un équilibre entre transparence et confidentialité pour répondre aux besoins des institutions. De plus, une adoption plus large par les gouvernements et une infrastructure réglementaire claire pourraient renforcer sa position. En attendant, Bitcoin reste un actif spéculatif, un pari sur l’avenir, mais loin d’être un pilier du système monétaire mondial.

Résumé des obstacles de Bitcoin selon Dalio :

  1. Transparence : La blockchain publique expose les transactions, un problème pour les États.
  2. Volatilité : Des variations de 40–50 % rendent Bitcoin instable pour les réserves.
  3. Résilience : Les risques techniques et réglementaires menacent sa fiabilité.
  4. Concurrence : L’or et le dollar dominent grâce à leur stabilité et leur histoire.

En conclusion, les réserves monétaires mondiales reposent sur des actifs éprouvés, capables de résister aux crises et d’inspirer confiance. Bitcoin, malgré son potentiel disruptif, n’a pas encore atteint ce niveau. Les arguments de Ray Dalio, ancrés dans une analyse pragmatique, rappellent que la cryptomonnaie doit encore faire ses preuves. Mais dans un monde où les dettes souveraines s’accumulent et où la confiance dans les monnaies fiat s’érode, Bitcoin pourrait-il, un jour, bousculer cet ordre établi ? L’avenir le dira.

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