C’est un véritable bras de fer qui se joue actuellement entre le Mexique et les États-Unis. Au cœur des tensions : les tarifs douaniers. Le président élu américain Donald Trump brandit la menace d’une hausse drastique des droits de douane, de l’ordre de 25%, sur les produits mexicains, canadiens et chinois entrant sur le territoire américain. Une décision unilatérale qui fait bondir Mexico.
Le Mexique promet la riposte
Face à cette menace, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum n’entend pas rester les bras croisés. Dans une lettre adressée à son futur homologue américain, elle met en garde : « Président Trump, ce n’est pas par des menaces ou des tarifs douaniers que vous allez arrêter le phénomène de l’immigration, ni la consommation de drogue aux États-Unis ». Et de brandir à son tour la menace de représailles commerciales, en augmentant les tarifs douaniers mexicains sur les produits américains.
Une guerre commerciale qui, selon Mexico, pourrait avoir de lourdes conséquences sur la compétitivité, l’inflation et l’emploi en Amérique du Nord. Le ministre mexicain de l’Économie, Marcelo Ebrard, estime ainsi que pas moins de 400 000 emplois seraient menacés aux États-Unis. « L’impact sur les entreprises serait énorme », alerte-t-il, soulignant que de nombreuses entreprises automobiles américaines sont implantées au Mexique.
Des échanges commerciaux étroits
Il faut dire que le Mexique est un partenaire commercial de premier plan pour les États-Unis. Plus de 83% des exportations mexicaines sont destinées au marché américain, dans le cadre de l’accord de libre-échange nord-américain (AEUMC) qui lie les deux pays ainsi que le Canada.
Les États-Unis se « tireraient une balle dans le pied » avec l’augmentation des tarifs douaniers de 25% sur les exportations mexicaines.
Marcelo Ebrard, ministre mexicain de l’Économie
La question migratoire au cœur des tensions
Au-delà des enjeux commerciaux, c’est bien la question de l’immigration qui cristallise les tensions. Donald Trump lie en effet sa menace de tarifs douaniers à la lutte contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue, en particulier le fentanyl, un puissant opioïde de synthèse.
Selon des sources proches de Washington, le fentanyl, souvent produit au Mexique avec des composés chimiques venus notamment de Chine, serait responsable de plus de 70 000 décès par overdose chaque année aux États-Unis.
Mexico se défend
Mais pour Claudia Sheinbaum, le Mexique n’a pas à être le bouc émissaire de ces fléaux qui frappent la société américaine. Lors d’une discussion qualifiée « d’excellente » avec Donald Trump, elle a assuré que son pays prenait les devants pour gérer le phénomène migratoire :
Nous avons abordé la stratégie mexicaine face au phénomène de la migration. J’ai indiqué au président Trump que les caravanes de migrants n’arrivent pas à la frontière nord parce qu’elles sont prises en charge au Mexique.
Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique
La présidente a également évoqué un renforcement de la collaboration entre les deux pays sur les questions sécuritaires et la lutte contre le trafic de drogue, en particulier le fentanyl.
Vers un accord ?
Malgré ces passes d’armes par médias et lettres interposées, Claudia Sheinbaum se veut optimiste. « Je suis sûre qu’il va y avoir un accord avec les États-Unis et le président Trump », a-t-elle déclaré en conférence de presse.
Reste à savoir si ces paroles apaisantes suffiront à désamorcer la bombe à retardement des tarifs douaniers, qui doivent entrer en vigueur dès le 20 janvier, jour de l’investiture du nouveau président américain. L’avenir des relations commerciales entre les deux voisins d’Amérique du Nord en dépend.