À quelques jours du scrutin européen, la jeunesse française semble plus que jamais tiraillée entre l’envie de faire entendre sa voix et la tentation du désengagement. Malgré les efforts déployés par les partis politiques pour séduire cet électorat volatil, notamment au sein de La France Insoumise (LFI) et du Rassemblement National (RN), les 18-25 ans pourraient une nouvelle fois bouder massivement les urnes ce dimanche 9 juin.
Une génération fragmentée et « archipélisée »
Loin d’être un bloc homogène, la jeunesse française apparaît aujourd’hui profondément divisée et « archipélisée », pour reprendre l’expression de l’historien Jean-Pierre Rioux. Entre des militants engagés, prêts à descendre dans la rue pour défendre leurs convictions, et une majorité silencieuse qui peine à trouver sa place dans le débat public, le fossé ne cesse de se creuser.
Dans ma génération, beaucoup ont tout de suite un avis très tranché sans forcément interroger le sujet.
– Louis, 20 ans
LFI et RN en embuscade
Conscients de l’enjeu que représente la mobilisation des jeunes, LFI et le RN ont multiplié les initiatives pour tenter de capter cette nouvelle génération en quête de repères. Meetings ciblés, investiture de jeunes candidats, communication offensive sur les réseaux sociaux… Tout est bon pour tenter d’enrayer la spirale de l’abstention qui menace.
Mais malgré ces efforts, le pari est loin d’être gagné. Car au-delà des clivages partisans, c’est bien un sentiment de défiance généralisé qui semble s’être emparé d’une partie de la jeunesse, comme en témoigne l’ampleur des mouvements contestataires ces derniers mois, des « gilets jaunes » aux marches pour le climat.
Renouer le dialogue entre les générations
Face à cette rupture du pacte démocratique, il y a urgence à renouer le dialogue entre les générations et à réinventer les formes d’engagement politique. Car derrière l’apparente apathie des urnes se cache souvent une soif de changement et un besoin de se sentir écouté et représenté.
Reste à savoir si les partis traditionnels sauront se réinventer pour répondre à ces aspirations et endiguer la crise de confiance qui mine notre démocratie. L’avenir de l’Europe, et peut-être celui de toute une génération, en dépend.