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Porte-parole de l’Armée Israélienne Réprimandé pour Critique de Loi

Polémique en Israël : le porte-parole de l'armée a été sèchement rappelé à l'ordre après avoir publiquement dénoncé un projet de loi au Parlement. Voici pourquoi il a dû s'excuser et ce que ce débat révèle sur la démocratie israélienne...

Une polémique secoue actuellement Israël après les prises de position publiques du porte-parole de l’armée qui ont déclenché de vifs débats sur la place de l’institution militaire dans la démocratie du pays. Le contre-amiral Daniel Hagari, devenu un visage familier des Israéliens en raison de ses fréquents passages télévisés, s’est attiré les foudres du gouvernement pour avoir critiqué un projet de loi en cours d’examen au Parlement.

Un projet de loi « dangereux pour la sécurité du pays » selon le porte-parole

Mercredi soir, lors d’un point presse, M. Hagari a qualifié le projet de loi Feldstein de « très dangereux ». Ce texte, porté par des députés du parti au pouvoir, vise à empêcher les poursuites contre des militaires qui auraient transmis sans autorisation des documents confidentiels à des responsables gouvernementaux.

Cela pourrait permettre à tout membre subalterne de Tsahal de voler des renseignements de son propre chef (…) cela met en danger la vie des gens et la vie des combattants.

Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne

Une sortie médiatique qui n’a pas du tout plu aux plus hauts échelons de l’État. Le porte-parole a rapidement été rappelé à l’ordre et réprimandé par son supérieur hiérarchique, le chef d’état-major Herzi Halevi. Dès le lendemain, Daniel Hagari a présenté ses excuses publiques, reconnaissant avoir outrepassé ses prérogatives.

Netanyahu satisfait de la réprimande

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est pour sa part félicité de cette mise au pas. Dans un communiqué, il a tenu à rappeler que « dans un pays démocratique, l’armée ne doit pas intervenir dans les affaires politiques et certainement pas critiquer la législation ».

Ce n’est pas la première fois que Daniel Hagari crée la polémique avec ses déclarations. En juin dernier, il avait déjà été recadré par le gouvernement pour avoir estimé qu’il était illusoire de penser pouvoir « faire disparaître » le Hamas. Des propos qui avaient suscité l’ire des dirigeants politiques, en pleine escalade militaire à Gaza.

Des débats récurrents sur le rôle de l’armée dans la démocratie israélienne

Au-delà de la personnalité de M. Hagari, cette affaire illustre les débats récurrents en Israël autour de la place de l’armée, institution clé qui jouit d’une grande confiance au sein de la population. Si le principe de la subordination du militaire au politique n’est pas remis en cause, la frontière peut parfois sembler ténue.

Avec un service militaire obligatoire et des opérations quasi permanentes aux frontières, Tsahal est au cœur de la société israélienne. De nombreux responsables politiques sont d’ailleurs issus de ses rangs. Ce qui confère à l’institution une influence et une légitimité dans le débat public qui peut entrer en tension avec l’autorité des élus.

Cette polémique souligne donc les équilibres subtils sur lesquels repose la démocratie israélienne, entre un pouvoir civil soumis aux aléas électoraux et une armée garante de la sécurité et objet de fierté nationale. Un équilibre sans cesse renégocié au gré des circonstances et des sensibilités du moment.

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