Le monde du journalisme haïtien est en deuil. Mardi 24 décembre, une tragédie a frappé la capitale Port-au-Prince. Alors qu’ils couvraient la réouverture tant attendue de l’hôpital universitaire, deux reporters ont été froidement abattus lors d’une fusillade déclenchée par des gangs armés. Markenzy Nathoux et Jimmy Jean sont tombés sous les balles, laissant derrière eux des confrères blessés et une profession endeuillée.
L’Hôpital Général, Épicentre Des Violences
Aussi connu sous le nom d’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), l’établissement était fermé depuis février, après une première attaque de la coalition de gangs « Viv ansanm » (« Vivre ensemble »). Sa réouverture, annoncée par le ministre de la Santé avant Noël, aurait dû être un symbole d’espoir. Elle a viré au cauchemar.
Des bandits attaquent actuellement l’Hôpital Général. Selon les premières informations, plusieurs journalistes auraient été touchés par des tirs.
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D’après les témoignages recueillis, c’est en plein cœur de l’hôpital que les tirs ont retenti. Panique générale. Des photos montrent des blessés à même le sol. Certains journalistes ont pu être pris en charge dans un autre établissement de Port-au-Prince. Mais pour Markenzy Nathoux et Jimmy Jean, il était déjà trop tard.
La Spirale Infernale Des Gangs
Cette attaque sanglante s’inscrit dans un contexte d’insécurité croissante à Port-au-Prince. Depuis plus d’un mois, les assauts de gangs se multiplient dans plusieurs quartiers de la capitale haïtienne. Ils ne reculent devant rien. La semaine dernière, la coalition « Viv ansanm » avait déjà incendié un important hôpital privé, l’établissement Bernard Mevs.
Début décembre, l’ONU faisait état d’au moins 207 personnes tuées lors de représailles ordonnées par un puissant chef de gang contre des adeptes du culte vaudou. La violence ne connaît plus de limites en Haïti. Meurtres, viols, pillages, enlèvements… Le bilan ne cesse de s’alourdir.
Une Impuissance Internationale ?
Face à cette situation catastrophique, la communauté internationale peine à trouver des solutions. Cet été, une mission multinationale d’appui à la police haïtienne a été déployée, menée par le Kenya et soutenue par l’ONU et les États-Unis.
Mais jusqu’à présent, la présence de ces forces étrangères n’a pas permis d’endiguer la fureur meurtrière des gangs armés. En novembre, ils avaient même réussi à paralyser l’aéroport de Port-au-Prince, contraignant à sa fermeture.
L’arrivée cet été d’une mission multinationale d’appui à la police haïtienne, menée par le Kenya et soutenue par l’ONU et les Etats-Unis, n’a pas permis de diminuer les exactions des groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.
Agence France Presse
Le Cri D’alarme Des Journalistes
Dans ce climat de terreur, exercer le métier de journaliste relève de plus en plus de la mission impossible. Reporter les affrontements entre gangs ou couvrir l’action des autorités et des casques bleus expose à des risques mortels.
La mort tragique de Markenzy Nathoux et Jimmy Jean vient nous le rappeler cruellement. Au-delà d’Haïti, c’est la liberté de la presse qui est en deuil. Car sans regards extérieurs pour témoigner et tenter de comprendre, le pays risque de sombrer définitivement dans l’abîme.
La République d’Haïti, déjà considéré comme le pays le plus pauvre des Caraïbes, s’enfonce dans une crise politique, économique et sécuritaire sans précédent. Jusqu’où mènera cette spirale infernale ? Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier sur l’autel de la violence ? Les autorités haïtiennes et la communauté internationale se doivent de réagir, urgemment et fermement. Sinon, c’est tout un pays qui risque de basculer dans le chaos.