La politesse, loin d’être une question annexe, vise la même finalité que le Politique : faire commun. C’est ce que rappelle l’historien des idées Frédéric Rouvillois dans son ouvrage « Politesse et Politique ». Pourtant, le populisme de gauche semble aujourd’hui remettre en cause ces normes du langage au nom d’une certaine conception de l’égalité. Une dérive inquiétante qui risque de fragiliser le lien social.
Le populisme de gauche ou le rejet des codes de la politesse
Selon Frédéric Rouvillois, le populisme de gauche se caractérise par un rejet assumé des normes de politesse dans le débat public. Par simulacre, détournement ou transgression, il bouscule volontairement les codes établis du langage poli. Une manière pour lui de contester ce qu’il perçoit comme une domination culturelle des élites.
Le populisme de gauche récuse la politesse du langage.
Frédéric Rouvillois
Une fausse émancipation qui menace le vivre-ensemble
Mais cette posture transgressive est en réalité contre-productive. Car la politesse, comme le Politique, ont précisément pour fonction d’assurer la cohésion sociale en dépit des désaccords. En sapant les fondements du dialogue civilisé, le populisme de gauche fragilise paradoxalement ce qu’il prétend défendre : la possibilité même d’une société égalitaire.
- La politesse est un préalable au débat démocratique serein.
- Elle favorise l’écoute mutuelle et le respect de l’autre.
- Sa remise en cause attise au contraire les clivages et les tensions.
Réhabiliter la politesse comme valeur de gauche
Loin d’être un privilège bourgeois, la politesse devrait être défendue comme une valeur progressiste. Car c’est elle qui rend possible la prise en compte de tous dans l’espace public, quelle que soit leur origine sociale. Plutôt que de la tourner en dérision, la gauche gagnerait à la promouvoir comme un instrument d’inclusion et d’émancipation collective.
Au fond de la vraie politesse vous trouverez toujours un sentiment, qui est l’amour de l’égalité.
Henri Bergson
La philosophie nous invite ainsi à repenser le lien entre savoir-vivre et vivre-ensemble. Un défi crucial à l’heure où notre démocratie a plus que jamais besoin de faire société au-delà des divergences. Espérons que le populisme de gauche saura entendre cet appel à plus de civilité dans le débat public, pour le bien commun.