La Pologne est une nouvelle fois pointée du doigt pour son manque de protection des personnes LGBT+. Vendredi, un expert indépendant mandaté par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a appelé les autorités polonaises à rapidement légiférer pour mieux lutter contre les discriminations. Une demande qui intervient alors que les couples de même sexe polonais restent privés de droits, malgré l’arrivée au pouvoir en 2023 d’une coalition considérée comme plus progressiste.
Une protection juridique insuffisante
« Les personnes LGBT+ sont négativement affectées par l’absence de protections adéquates », a déclaré Graeme Reid à l’issue d’une mission en Pologne. Cet expert nommé par l’ONU, mais qui ne s’exprime pas en son nom, a rencontré des personnes LGBT+, des responsables gouvernementaux et des ONG.
Il déplore le manque de dispositifs légaux pour défendre cette communauté face aux violences et aux discriminations liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. La Pologne a d’ailleurs été condamnée en décembre dernier par la Cour européenne des droits de l’homme pour ne pas reconnaître et protéger les couples de même sexe.
J’exhorte les autorités à adopter rapidement des réformes législatives décisives pour mettre les lois et les politiques polonaises en conformité avec les normes internationales en matière de droits de l’homme.
Graeme Reid, expert indépendant de l’ONU
Des années d’hostilité envers les LGBT+
Pendant 8 ans, jusqu’en 2023, la Pologne a été dirigée par le parti Droit et Justice (PiS), formation de droite conservatrice farouchement opposée à l’octroi de droits supplémentaires aux personnes LGBT+. Son allié à la présidence, Andrzej Duda, avait comparé « l’idéologie LGBT » au communisme pendant sa campagne.
Cette rhétorique hostile a eu un lourd impact sur le bien-être de la communauté. « Après huit ans de discours et de politiques publiques hostiles à l’égard des personnes LGBT, les conséquences sur la santé mentale sont alarmantes », s’inquiète Graeme Reid dans son communiqué.
Une coalition pro-UE qui tarde à agir
L’arrivée au pouvoir fin 2023 d’une coalition considérée comme plus favorable à l’UE avait suscité l’espoir d’un changement. Le principal parti de la nouvelle majorité s’était engagé à légaliser les unions civiles pour les couples de même sexe.
Mais près d’un an plus tard, rien n’a changé. Les partenariats enregistrés ne sont toujours pas possibles. Le gouvernement a bien soumis un projet de loi sur les unions civiles en mai, actuellement en consultation publique. Mais sa concrétisation se fait attendre.
Dans ce contexte, l’appel de l’expert onusien sonne comme un rappel à l’ordre. Il présentera un rapport complet sur la situation en juin 2025. D’ici là, la Pologne est encouragée à avancer enfin sur la protection des droits des personnes LGBT+, pour se conformer aux standards européens et internationaux.
