Dans une interview choc accordée à NBC News dimanche, le président élu Donald Trump a détaillé son programme explosif sur l’immigration, l’un des thèmes majeurs de sa campagne victorieuse. Expulsions massives de familles entières, abolition du droit du sol, menaces sur le sort des « Dreamers » : le retour de Trump à la Maison Blanche le 20 janvier s’annonce sous le signe d’un durcissement sans précédent de la politique migratoire américaine.
« Nous devons expulser tous les clandestins »
Fidèle à ses promesses de campagne, le milliardaire républicain a affirmé sa volonté d’expulser des États-Unis l’ensemble des immigrés en situation irrégulière, estimés entre 11 et 14 millions de personnes. « Je pense que nous devons le faire, et c’est dur, c’est une chose très compliquée à faire », a-t-il déclaré face caméra, tout en reconnaissant la difficulté de la tâche. Une opération d’une ampleur inédite dans l’histoire du pays.
Martelant une nouvelle fois le lien entre immigration et criminalité, Donald Trump a soutenu sans sourciller que des « migrants affluent dans notre pays, venant de prisons et d’instituts psychiatriques ». Des accusations graves et infondées, symptomatiques de la rhétorique incendiaire du futur locataire de la Maison Blanche sur ce sujet ultra-sensible.
Fin du droit du sol : un tournant historique
Autre annonce fracassante : Donald Trump compte mettre fin dès son premier jour à la présidence au droit du sol, qui accorde automatiquement la citoyenneté américaine à toute personne née sur le territoire des États-Unis. « C’est ridicule », a-t-il tonné, caricaturant le principe en ces termes : « si quelqu’un pose un pied, juste un pied (…) sur notre territoire: +Félicitations, vous êtes désormais un citoyen des États-Unis d’Amérique+ ».
Pourtant inscrit dans la Constitution, le droit du sol pourrait selon lui être abrogé par simple décret présidentiel. Un scénario juridiquement douteux, mais politiquement explosif tant il heurte une tradition enracinée dans l’histoire et l’identité du pays, terre d’immigration par excellence.
Expulsions de familles entières
Sur le sort des familles de sans-papiers, dont certains membres sont en règle tandis que d’autres sont en situation irrégulière, le président élu s’est montré intransigeant. Refusant de « séparer des familles », il a évoqué l’expulsion pure et simple de l’ensemble des membres. « Le seul moyen (…) c’est de les garder ensemble et vous devez tous les renvoyer », a-t-il asséné sans détour.
Ils devront tous partir, même les citoyens américains. On ne peut pas séparer les familles.
– Un responsable républicain cité par NBC News
Les « Dreamers » en sursis
Donald Trump s’est en revanche montré plus ambigu sur le sort des « Dreamers », ces immigrés arrivés aux États-Unis enfants et protégés de l’expulsion par un programme mis en place sous Barack Obama. Tout en affirmant souhaiter qu’ils « puissent rester », il a botté en touche, évoquant une discussion à venir avec les démocrates pour « travailler à un plan ».
Jugé illégal par une cour d’appel en 2022 (qui a néanmoins maintenu les droits des bénéficiaires existants), le programme est plus que jamais sur la sellette. Son avenir dépendra largement du rapport de force au Congrès et de la capacité des démocrates à obtenir des garanties. Une incertitude de plus pour ces centaines de milliers de jeunes, souvent parfaitement intégrés, qui vivent avec la peur au ventre d’être un jour expulsés vers un pays qu’ils ne connaissent pas.
À deux mois de son investiture, Donald Trump dévoile donc les contours d’une politique migratoire radicale, aux antipodes de l’approche de son prédécesseur Barack Obama. Expulsions massives, remise en cause du droit du sol, précarisation des « Dreamers » : c’est un véritable séisme qui se profile pour des millions de familles installées sur le sol américain. Un « grand nettoyage » aux accents xénophobes qui risque de fracturer encore davantage une société déjà profondément divisée.