Une vive polémique enfle autour de la répartition des migrants dans les zones rurales françaises. Plusieurs maires Les Républicains montent au créneau pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une hypocrisie du gouvernement. Ils l’accusent de vouloir imposer l’immigration de masse aux campagnes, alors même que ce sont les grandes villes qui votent majoritairement en faveur de l’accueil des migrants. Face à cette situation, ils réclament l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur cette politique controversée.
Les maires ruraux dénoncent un “deux poids, deux mesures”
Les maires LR Alexandre Avril et Bernard Carayon sont montés au créneau pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement vis-à-vis des zones rurales. Selon eux, l’exécutif chercherait à répartir en catimini des migrants dans les campagnes, sans réelle concertation avec les élus locaux. Une stratégie en totale contradiction avec les votes exprimés, puisque ce sont principalement les grandes métropoles qui se montrent favorables à l’immigration.
“Pourquoi, alors que ce sont les grandes villes qui votent en faveur de l’immigration massive, souhaitent-elles nous l’imposer dans nos campagnes ?”
s’interrogent avec véhémence les deux élus.
Pour Alexandre Avril et Bernard Carayon, il y aurait donc un véritable “deux poids, deux mesures” dans la gestion de l’accueil des migrants sur le territoire. Les campagnes, pourtant moins demandeuses, se verraient imposer des arrivées substantielles, sans que leur avis ne soit réellement pris en compte. Un constat qu’ils jugent inacceptable et antidémocratique.
Vers une “ruralisation” de la politique migratoire ?
En arrière-plan de cette polémique, c’est la question d’une éventuelle “ruralisation” de la politique migratoire qui se pose. Face à la saturation de certaines grandes villes, le gouvernement chercherait-il à davantage répartir géographiquement les nouveaux arrivants, en misant notamment sur les zones rurales ? C’est en tout cas ce que semblent penser les maires LR, qui dénoncent une stratégie pensée uniquement depuis Paris, sans prise en compte des réalités et des souhaits du terrain.
Pourtant, la problématique est complexe. Car l’accueil des migrants en milieu rural pourrait aussi représenter une opportunité, notamment pour lutter contre la désertification de certains territoires et redynamiser le tissu économique et social local. Encore faudrait-il que cela se fasse de manière concertée, progressive et avec les moyens adéquats. Ce qui ne semble pas être le cas actuellement si l’on en croit les élus protestataires.
Une commission d’enquête pour “rétablir la vérité”
Face à cette situation, Alexandre Avril et Bernard Carayon réclament l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire. Objectif : faire toute la lumière sur la politique de répartition territoriale des migrants et “rétablir la vérité”. Selon eux, une telle instance permettrait d’objectiver le débat, en allant au-delà des postures politiques et des clivages partisans.
“Il est temps de crever l’abcès et de dire les choses telles qu’elles sont. Nous devons savoir précisément combien de migrants sont envoyés dans nos campagnes, selon quels critères et avec quels moyens d’accompagnement”
souligne Alexandre Avril.
Une requête légitime, qui témoigne du climat de défiance actuel entre une partie des élus locaux et le pouvoir central sur le sujet brûlant de l’immigration. Car au-delà du cas des zones rurales, c’est bien la politique migratoire dans son ensemble qui cristallise les tensions et les interrogations. Avec en toile de fond, la nécessité d’un débat apaisé et transparent pour retisser le lien de confiance.
Vers un nouveau modèle d’ “intégration rurale” ?
Quoi qu’il en soit, la polémique a le mérite de mettre en lumière les défis et les opportunités d’une immigration mieux répartie sur le territoire, y compris dans les zones rurales. Car malgré les critiques, l’installation de migrants dans les campagnes pourrait aussi être vue comme une chance, à condition d’être bien anticipée et accompagnée.
Il s’agirait alors de construire un nouveau modèle d’ “intégration rurale”, adapté aux réalités et aux besoins des territoires concernés. Un modèle qui passerait par un renforcement des moyens alloués, un dialogue nourri avec les acteurs locaux et une approche sur-mesure loin des politiques génériques. Un défi ambitieux, mais nécessaire pour construire une France plus inclusive et équilibrée.
Alors, vers une nouvelle géographie de l’immigration dans l’Hexagone ? Une chose est sûre : le débat ne fait que commencer. Et il promet d’être animé dans les mois à venir, à l’approche des prochaines échéances électorales. Entre instrumentalisation politique et vrais enjeux de cohésion territoriale, il faudra raison garder pour avancer sur ce sujet hautement inflammable.