Dans une grande université belge, une décision étudiante fait trembler les murs de l’académie et divise l’opinion publique. Pourquoi le choix d’une figure comme Rima Hassan, eurodéputée franco-palestinienne, pour nommer une promotion universitaire suscite-t-il autant de passions ? Ce débat, qui secoue l’Université libre de Bruxelles (ULB), dépasse les frontières de l’institution et soulève des questions brûlantes sur la liberté d’expression, l’engagement politique et les tensions autour du conflit à Gaza. Alors que le conseil facultaire s’apprête à statuer, explorons les enjeux de cette controverse qui mêle droit, politique et symbolisme.
Un Choix Étudiant Qui Fait Vague
Chaque année, les étudiants de la faculté de droit et de criminologie de l’ULB ont la possibilité de choisir un nom pour leur promotion sortante. En cette fin d’été, leur choix s’est porté sur Rima Hassan, une juriste et eurodéputée de 33 ans, membre de La France insoumise (LFI). Ce vote, effectué dans le respect des règles démocratiques de l’université, devait être une formalité. Pourtant, il a déclenché une tempête de réactions, mettant en lumière des divergences profondes sur la manière d’interpréter l’engagement de cette figure publique.
Le conseil facultaire, composé de professeurs et de représentants étudiants, doit désormais valider ou rejeter ce choix. Cette décision, attendue avec impatience par la communauté universitaire et la classe politique belge, pourrait redéfinir la manière dont les institutions académiques gèrent les symboles politiques. Mais qui est Rima Hassan, et pourquoi son nom suscite-t-il un tel tumulte ?
Rima Hassan : Une Figure Controversée
Rima Hassan, juriste de formation, s’est imposée comme une voix influente dans le débat sur le conflit israélo-palestinien. Élu eurodéputée sous l’étiquette de La France insoumise, elle est connue pour ses prises de position fermes en faveur de la cause palestinienne. Cependant, ses déclarations, notamment après l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas, ont suscité une vive controverse. En France, une enquête judiciaire a été ouverte à son encontre pour apologie du terrorisme, en raison de propos perçus comme un soutien implicite au mouvement islamiste.
« Rima Hassan n’a jamais condamné le Hamas, qu’elle considère comme le légitime bras armé de la Résistance palestinienne », accusent plusieurs personnalités françaises dans une lettre ouverte.
En juin dernier, son expulsion d’Israël après une tentative de rejoindre Gaza à bord du voilier Madleen pour « briser le blocus israélien » a encore amplifié les critiques. Pour certains, elle incarne un engagement courageux pour la justice internationale ; pour d’autres, elle représente une figure polarisante, accusée de radicalisme. Ce contexte explique pourquoi son nom, choisi par les étudiants, a immédiatement enflammé les débats.
Les Étudiants Défendent Leur Choix
Face à la polémique, les étudiants de l’ULB se sont mobilisés pour justifier leur décision. Pour eux, nommer leur promotion « Rima Hassan » n’est pas un acte de provocation, mais un geste symbolique en faveur du droit international et de la défense des droits humains à Gaza. Dans un message vidéo relayé sur les réseaux sociaux, une étudiante, Violaine La Fontaine, a résumé leur position :
« Ce choix pointe le silence et l’inaction face aux violations des droits humains. Il montre que notre faculté de droit s’insurge et agit. »
Ce message, largement partagé et approuvé par Rima Hassan elle-même, illustre la détermination des étudiants à faire entendre leur voix. Ils estiment que leur choix reflète un engagement pour la justice, dans un contexte où l’Union européenne peine à adopter une position unifiée sur les sanctions contre Israël. Leur démarche s’inscrit également dans un mouvement global, où les campus universitaires, des États-Unis à l’Europe, deviennent des espaces de mobilisation pour la cause palestinienne.
Une Opposition Virulente
Mais ce choix étudiant n’a pas fait l’unanimité. Une lettre ouverte, signée par des figures françaises de renom telles que l’avocat Arno Klarsfeld ou les anciens ministres Bernard Kouchner et Luc Ferry, a appelé l’ULB à rejeter cette nomination. Ces personnalités dénoncent un « tragique aveuglement » des étudiants et estiment que Rima Hassan, par ses positions, porte atteinte à la réputation de l’université.
La lettre ouverte accuse : « Associer le nom de Rima Hassan à une institution prestigieuse comme l’ULB est une tache sur son héritage académique. »
En Belgique, des voix politiques se sont également élevées. Georges-Louis Bouchez, chef de la droite francophone belge, a dénoncé sur les réseaux sociaux un « diktat de l’extrême gauche ». Pour lui, les autorités académiques doivent s’opposer à ce choix pour préserver l’impartialité de l’université. Cette opposition reflète un clivage plus large, où la question palestinienne devient un terrain de confrontation idéologique.
Le Rôle de l’Université dans le Débat
Face à cette controverse, l’ULB se retrouve dans une position délicate. Historiquement, le conseil facultaire entérine presque systématiquement les choix des étudiants, comme l’a rappelé Pierre Klein, doyen de la faculté de droit. Cependant, la portée symbolique de ce vote change la donne. En validant le nom de Rima Hassan, l’université risque d’être accusée de prendre position dans un conflit géopolitique complexe. En le rejetant, elle pourrait être perçue comme cédant aux pressions extérieures, au détriment de la voix étudiante.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici les arguments des deux camps :
Position | Arguments |
---|---|
Pour le choix | – Soutien au droit international – Défense des droits humains à Gaza – Symbole de résistance face à l’inaction |
Contre le choix | – Risque d’association avec le Hamas – Atteinte à la réputation de l’ULB – Polarisation du débat universitaire |
Ce tableau met en lumière la complexité de la décision qui attend le conseil facultaire. Quelle que soit l’issue, elle aura des répercussions sur l’image de l’ULB et sur le débat public en Belgique.
Un Écho International
La controverse à l’ULB n’est pas un cas isolé. À travers le monde, les universités deviennent des arènes où s’expriment les tensions liées au conflit israélo-palestinien. Aux États-Unis, par exemple, des manifestations propalestiniennes sur les campus ont conduit à des sanctions sévères, comme l’amende d’un milliard de dollars infligée à l’Université publique de Californie en 2024. Ces événements montrent à quel point les questions géopolitiques peuvent diviser les communautés académiques.
En Belgique, le choix de Rima Hassan par les étudiants de l’ULB s’inscrit dans ce mouvement global. Il reflète une volonté de rompre avec le silence perçu face aux injustices à Gaza. Mais il soulève aussi une question fondamentale : une université doit-elle rester un espace neutre, ou peut-elle devenir un lieu d’engagement politique ?
Vers une Décision Historique ?
Alors que le conseil facultaire de l’ULB se réunit pour trancher, tous les yeux sont tournés vers cette décision. Valider le choix des étudiants serait un signal fort en faveur de la liberté d’expression et de l’autonomie universitaire. Le rejeter, en revanche, pourrait apaiser les critiques, mais au risque d’aliéner une partie de la communauté étudiante.
Quoi qu’il en soit, cette polémique dépasse le cadre de l’ULB. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontées les institutions académiques face aux questions géopolitiques. Elle interroge aussi la place des étudiants dans la définition des valeurs de leur université. La décision finale, attendue en fin de journée, pourrait marquer un tournant dans la manière dont les universités belges abordent les débats politiques.
En attendant, le choix de Rima Hassan continue de diviser. Symbole de résistance pour certains, figure controversée pour d’autres, elle incarne les tensions d’un monde où les questions de justice et de liberté suscitent des passions dévorantes. Quel sera le verdict de l’ULB ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : ce débat ne laissera personne indifférent.