Imaginez-vous tranquillement assis devant votre radio un après-midi de décembre, et soudain une phrase tombe comme un coup de tonnerre : « Vous savez à quel point c’est dur d’être blanc en France en 2025 ? ». C’est exactement ce qu’a déclaré Bruno Moneroe, ancien candidat de la Nouvelle Star, en direct sur Sud Radio. En quelques minutes seulement, la séquence était découpée, partagée, commentée des milliers de fois. Et la France entière s’est enflammée.
Une phrase qui a mis le feu aux poudres
Le contexte ? Un débat sur la laïcité et les discriminations. Face à la députée LFI Alma Dufour qui évoque les difficultés rencontrées par certains citoyens, Bruno Moneroe décide de renverser la table. L’artiste de 41 ans, connu pour son franc-parler et ses prises de position tranchées, n’y va pas par quatre chemins. Il affirme que les véritables stigmatisés en France aujourd’hui ne seraient pas ceux que l’on croit.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Sur X, les captures d’écran de la séquence ont tourné en boucle. Les uns crient au scandale, les autres applaudissent la « liberté d’expression ». En quelques heures, des milliers de messages, parfois très virulents, ont envahi la plateforme.
Qui est vraiment Bruno Moneroe ?
Pour ceux qui auraient oublié, Bruno Moneroe s’est fait connaître lors de la saison 2008 de la Nouvelle Star sur M6. Charismatique, voix rauque, look de rockeur, il avait marqué les esprits avant de disparaître progressivement des radars télévisuels. Ces dernières années, il s’est reconverti en chanteur indépendant et influenceur sur les réseaux sociaux.
Mais surtout, il n’a jamais caché ses opinions politiques. Il y a quelques mois déjà, il affichait sans détour son soutien à Marine Le Pen et au Rassemblement National lors d’une interview très remarquée. Une prise de position qui avait déjà divisé. Cette fois, il franchit un nouveau cap.
« Les personnes stigmatisées en France, ce ne sont pas les musulmans. »
Bruno Moneroe, Sud Radio, décembre 2025
Pourquoi cette phrase choque autant
Dire qu’être blanc est « dur » en France en 2025, c’est toucher à un tabou majeur. Pendant des décennies, le débat public s’est concentré sur les discriminations subies par les minorités visibles, le racisme anti-noir, anti-arabe, antisémite ou anti-asiatique. Les statistiques, les rapports officiels, les témoignages concordent : ces formes de discrimination existent et sont documentées.
Alors quand une personnalité publique affirme l’inverse, cela provoque immédiatement un réflexe de rejet chez une grande partie de l’opinion. Beaucoup y voient une rhétorique classique de l’extrême droite, celle du « grand remplacement » ou de la « préférence étrangère inversée ».
Les commentaires les plus virulents sur X n’ont d’ailleurs pas tardé :
- « Il reprend bêtement les arguments du RN »
- « Sans preuve, sans chiffres, juste du ressenti »
- « Confondre religion et couleur de peau, niveau zéro »
- « Il devrait se remettre en question avant de blâmer les autres »
Le sentiment d’une partie des Français
Mais il serait réducteur de balayer d’un revers de main ce que Bruno Moneroe exprime. Car derrière la provocation, il y a un malaise réel chez une partie de la population. Certains Français, notamment dans les classes populaires ou moyennes blanches, ont le sentiment d’être devenus invisibles dans le débat public.
Ils pointent du doigt plusieurs phénomènes :
- La positive discrimination qu’ils estiment subir dans certains concours ou emplois
- Le sentiment que critiquer l’islam ou l’immigration est devenu tabou
- La peur d’être taxés de racisme dès qu’ils expriment un malaise
- Le sentiment que leurs difficultés (chômage, précarité, insécurité) sont minimisées
Est-ce que cela fait d’eux des « victimes » au même titre que ceux qui subissent le racisme au quotidien ? Probablement pas. Mais leur ressenti, lui, est bien réel. Et c’est précisément ce que Bruno Moneroe a voulu exprimer, même s’il l’a fait de la manière la plus maladroite et provocatrice possible.
La confusion entre religion et race
Un des points les plus critiqués dans sa déclaration, c’est l’amalgame entre « musulman » et « non-blanc ». Car être musulman n’a rien à voir avec la couleur de peau. Il existe des millions de musulmans blancs en France (convertis, bosniaques, tchétchènes, etc.).
Cette confusion est d’ailleurs régulièrement reprochée aux discours d’extrême droite qui essentialisent l’islam et le lient systématiquement à l’immigration maghrébine ou subsaharienne. En faisant ce raccourci, Bruno Moneroe s’est exposé à une critique facile et largement partagée.
La stratégie de la provocation
Il faut aussi le dire : Bruno Moneroe n’est pas naïf. À 41 ans, il connaît parfaitement les codes des réseaux sociaux et des médias. Cette sortie n’est pas arrivée par hasard. C’est une stratégie délibérée de buzz, une manière de se rappeler au bon souvenir du public.
Dans un univers où l’attention est la ressource la plus précieuse, la provocation reste l’arme la plus efficace. Et ça fonctionne : en 24 heures, son nom était dans toutes les conversations. Mission accomplie ?
Même si cela lui vaut aujourd’hui d’être cloué au pilori par une partie de la toile, il a réussi son pari : on parle de lui. Beaucoup.
Un débat qui dépasse largement Bruno Moneroe
Ce qui est fascinant dans cette affaire, c’est qu’elle révèle les fractures profondes de la société française en 2025. Nous sommes à un point où la simple évocation de ces questions déclenche des réactions épidermiques des deux côtés.
D’un côté, ceux qui estiment que parler de « discrimination anti-blanche » est une insulte faite aux vraies victimes du racisme. De l’autre, ceux qui se sentent muselés et veulent pouvoir exprimer leur malaise sans être immédiatement qualifiés d’extrémistes.
Au milieu, une immense majorité de Français qui ne se reconnaissent ni dans l’un ni dans l’autre, mais qui constatent, impuissants, que le débat public est devenu un champ de mines.
Et maintenant ?
Bruno Moneroe va-t-il présenter des excuses ? Probablement pas. Il a déjà fait savoir qu’il assumait totalement ses propos et qu’il était prêt à en débattre avec quiconque le souhaiterait.
Quant à la polémique, elle continuera encore quelques jours sur les réseaux avant de laisser place à la prochaine. Car c’est ainsi que fonctionne notre époque : des controverses éclair, des indignations massives, puis l’oubli.
Mais derrière le bruit et la fureur, les questions de fond, elles, restent entières. Comment parler des discriminations sans opposer les victimes les unes aux autres ? Comment reconnaître les souffrances de chacun sans tomber dans la concurrence victimaire ? Comment débattre sans s’insulter ?
Autant de questions que cette simple phrase, « c’est dur d’être blanc en France en 2025 », a réussi à remettre brutalement sur la table. Preuve, s’il en fallait une, que même un ex-candidat de télé-crochet peut parfois, malgré lui ou grâce à lui, participer au débat public.
À suivre, donc. Car cette histoire est loin d’être terminée.









