Dans la métropole écologiste de Lyon, un projet de chaufferie au bois prévu à Sainte-Foy-lès-Lyon suscite une vive polémique. Près de 400 riverains se sont rassemblés mi-novembre pour exprimer leurs inquiétudes quant aux conséquences sanitaires et environnementales de cette future centrale biomasse.
Un projet intégré à un vaste réseau de chaleur
La chaufferie de Beaunant doit voir le jour à l’horizon 2030 pour s’intégrer à un important réseau de chaleur métropolitain. Ce projet, voté en juin dernier, prévoit la construction de quatre centrales et 80 km de tuyaux pour un coût de 200 millions d’euros. L’objectif est de chauffer l’équivalent de 25 000 logements sur plusieurs communes de l’ouest lyonnais.
La crainte d’un « aberration sanitaire »
Mais le recours au bois pour alimenter ce réseau cristallise les oppositions. Le collectif Beaunant Respire dénonce « une aberration sanitaire, écologique et financière », pointant notamment du doigt les risques liés aux particules fines et ultrafines rejetées par la combustion de la biomasse.
Si les filtres installés sur les cheminées arrêtent la quasi-totalité des particules fines, d’autres plus petites passent à travers et viennent se loger directement dans la peau, les poumons et le cerveau.
Amaury de Gaudemar, collectif Beaunant Respire
Des études scientifiques ont en effet établi un lien entre le chauffage au bois et certains cancers. Sans compter la pollution aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et aux composés organiques volatiles (COV) générée par ce mode de chauffage.
Des élus qui tentent de rassurer
Face à ces inquiétudes, la métropole se veut rassurante. Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président EELV en charge de l’énergie, assure que la pollution sera « très en dessous des normes en vigueur ». Il souligne que la géothermie sera privilégiée « au maximum », même si les études de faisabilité n’ont pas encore été menées.
Concernant l’approvisionnement en bois, autre point sensible du dossier, l’élu écologiste promet de favoriser les ressources locales issues de l’élagage. Mais la région lyonnaise, déjà très sollicitée, fait aussi face à un dépérissement préoccupant de ses forêts.
Un trafic routier sous-estimé ?
Les opposants au projet redoutent en outre une augmentation significative du trafic de poids-lourds pour transporter le combustible. Ils estiment que 4000 camions devront circuler chaque année sur les petites routes menant au site de Beaunant. Des chiffres qualifiés de « fantaisistes » par la métropole.
À ce stade, difficile de démêler le vrai du faux dans cette bataille de chiffres et d’arguments. Une chose est sûre : le projet ne fait que démarrer et la contestation promet d’être vive. La métropole écologiste, qui espérait faire de ce réseau de chaleur une vitrine de sa politique environnementale, va devoir convaincre pour apaiser les esprits.
Des recours juridiques à prévoir
Les riverains, eux, semblent déterminés à se battre pour faire barrage au projet. Certains envisagent déjà des recours en justice pour tenter de le stopper ou d’obtenir des garanties supplémentaires. La bataille de la chaufferie de Beaunant ne fait sans doute que commencer.
Ce dossier brûlant illustre toute la complexité et les contradictions auxquelles sont confrontés les élus locaux dans la mise en œuvre de la transition écologique. Entre ambitions environnementales, acceptabilité sociale et contraintes techniques et économiques, l’équation est souvent difficile à résoudre. La métropole de Lyon en fait aujourd’hui l’amère expérience.