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Polémique autour d’un cours d’anglais prosélyte à Paris

Stupeur des parents d'élèves découvrant des illustrations de fillettes voilées et garçons priant dans un cours d'anglais. Le collège public parisien et le rectorat réagissent, l'enseignante suspendue. Une affaire qui relance le débat sur...

C’est la stupeur et la consternation qui ont saisi des parents d’élèves de 5e lundi soir au collège-lycée Jean-de-la-Fontaine, un établissement public du 16e arrondissement parisien. En cause : le contenu pour le moins surprenant d’un polycopié distribué en cours d’anglais par une enseignante contractuelle étrangère. Sur le thème banal de la routine quotidienne, les illustrations mettaient en scène des fillettes voilées et des garçons priant sur un tapis, aux côtés de scènes de la vie courante comme se laver les dents ou travailler.

Immédiatement alertée, la direction de l’établissement et le rectorat de Paris ont réagi avec fermeté. « L’enseignante est suspendue à titre conservatoire » indique le rectorat, ajoutant qu’elle ne sera pas renouvelée après son contrat actuel. Une séquence sur la laïcité et les valeurs de la République sera aussi organisée pour les élèves. Les fédérations de parents d’élèves seront quant à elles conviées prochainement à une réunion sur le sujet.

Une gaffe difficilement pardonnable

Même involontaire, un tel manquement au principe de laïcité dans l’école publique passe mal, surtout venant d’un établissement déjà épinglé pour un autre incident en novembre dernier. Un professeur de philosophie avait alors dû être suspendu suite à la publication sur Instagram de caricatures antisémites. Le rectorat avait diligenté une mission d’inspection, dont les conclusions ne sont pas connues à ce jour.

Des ressources pédagogiques inadaptées

L’origine des visuels litigieux utilisés par l’enseignante contractuelle a pu être retrouvée. Ils proviennent d’un site britannique payant, Twinkl, qui propose de nombreuses ressources pédagogiques tout en veillant à une représentation équilibrée des différentes ethnies. Mais aucune référence n’y est faite au concept français de laïcité. Un manque de vigilance fâcheux de la part de cette enseignante novice et non titulaire, manifestement livrée à elle-même dans un contexte de pénurie de professeurs d’anglais. Selon une mère d’élève, ses cours étaient « catastrophiques » et elle portait le voile en dehors des heures de classe.

Il était très difficile en ce moment de trouver des professeurs d’anglais.

– Une mère d’élève

Un incident qui relance le débat

Cette affaire, même si elle semble plus relever de la maladresse que de la malveillance, ne manquera pas de relancer le débat sur la place du religieux à l’école et le respect de la laïcité. Des sujets sensibles et clivants, objets d’une vigilance accrue dans un contexte de menace terroriste et de montée des communautarismes.

Elle illustre aussi les difficultés de recrutement auxquelles est confronté l’Éducation nationale, particulièrement pour certaines matières comme les langues, au risque parfois de passer outre certaines exigences. Un enseignant mieux formé et encadré aurait sans doute évité un tel impair. Le rectorat va devoir rapidement tirer les leçons de cet épisode pour éviter qu’il ne se reproduise et rassurer des parents d’élèves légitimement choqués. L’école doit rester un sanctuaire républicain, où la liberté de conscience de chacun est scrupuleusement respectée.

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