À un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, la question du port du voile par les athlètes fait à nouveau polémique. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a rappelé récemment l’importance du respect des principes de laïcité et de neutralité au sein des équipes de France olympiques. Une prise de position qui fait écho aux propos de la sprinteuse Sounkamba Sylla, qui s’inquiète d’être privée de la cérémonie d’ouverture si elle arbore un foulard.
Laïcité vs liberté individuelle : un débat sans fin
Le sport, et en particulier les compétitions internationales comme les JO, cristallisent souvent les tensions autour de la place de la religion dans l’espace public. La France, avec son modèle de laïcité stricte, se retrouve régulièrement confrontée à ces questionnements. Pour les partisans d’une application ferme du principe de neutralité, permettre le port de signes religieux ostentatoires sous le maillot tricolore reviendrait à remettre en cause les valeurs républicaines. Mais d’autres voix s’élèvent pour défendre la liberté de chacun d’exprimer ses convictions, y compris dans le cadre sportif.
Des accommodements au cas par cas
Face à ce dilemme, les instances dirigeantes tentent de trouver des compromis. Ainsi, aux championnats d’Europe d’athlétisme en juin dernier, Sounkamba Sylla avait pu courir avec une casquette spécialement aménagée pour couvrir ses cheveux, une solution bricolée mais respectueuse des règles en vigueur. Les discussions se poursuivent en vue des JO pour permettre à la sprinteuse de défiler lors de la cérémonie d’ouverture sans contrevenir aux principes de laïcité.
Nous voulons être solides sur le respect de ces principes mais en même temps, nous voulons être dans une attitude bienveillante, constructive et la plus pragmatique possible.
Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports
Les JO, une vitrine de la diversité ?
Au-delà du cas individuel de Sounkamba Sylla, c’est la capacité du sport français à intégrer la diversité des profils et des parcours qui est interrogée. Dans un contexte de fortes tensions communautaires, les JO pourraient représenter une opportunité de célébrer le vivre-ensemble et de promouvoir des valeurs universelles. Certains craignent au contraire que l’évènement ne soit le théâtre de revendications identitaires et ne creuse les clivages.
Difficile en tout cas d’occulter ces enjeux à l’heure où Paris s’apprête à accueillir les athlètes et les délégations du monde entier. Entre impératif de neutralité et respect des différences, les organisateurs devront redoubler de pédagogie et de créativité pour que la fête soit belle et inclusive. Un défi à la hauteur de l’identité complexe de la France, tiraillée entre l’attachement à un modèle républicain exigeant et la réalité d’une société plurielle.