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Polémique autour des ours géants à l’aéroport de Nantes

Une polémique enfle autour de l'installation de majestueuses sculptures d'ours à l'aéroport de Nantes. Les écologistes dénoncent un "greenwashing" mettant en rapport l'aviation et la disparition du monde animal. L'aéroport assume ce choix artistique mais le débat fait rage...

Une polémique enfle à l’aéroport de Nantes depuis l’installation en novembre dernier de deux majestueuses sculptures d’ours en bronze sur le parvis. Si ces œuvres de l’artiste animalier Michel Bassompierre font partie d’une exposition plus large et remportent un franc succès auprès du public, elles ne sont pas du tout du goût des écologistes locaux qui crient au « greenwashing ».

Le choc des ours et des avions

Dans un communiqué au vitriol, la section nantaise d’Europe Écologie Les Verts s’en prend vertement à l’aéroport et à sa société exploitante, une filiale de Vinci Airports. Les écologistes s’étonnent de voir ainsi mis en rapport, à travers cette installation artistique, la disparition du monde animal et les effets néfastes de l’aviation sur la planète. Une association d’idées pour le moins troublante selon eux.

Cette initiative destinée à « enrichir l’expérience des voyageurs » étonne et détonne tant est direct le lien entre la disparition du monde animal et les effets néfastes de l’aviation sur la planète.

– Section nantaise d’EELV

Pour appuyer leur propos, les Verts rappellent que la survie des ours bruns en France est toujours précaire. Ils citent même une condamnation de l’État en 2018 pour son manque de mesures de protection de l’espèce. Cerise sur le gâteau, l’une des sculptures baptisée « Les Abeilles » met en scène un ours dérangé par ces insectes « dont le taux d’extinction est de 100 à 1000 fois supérieur à la normale » selon eux.

Le blues de la sixième extinction

Au-delà de la polémique locale, cette affaire met en lumière le blues de la « sixième extinction » qui frappe actuellement la biodiversité mondiale. Un phénomène massif et rapide lié en grande partie aux activités humaines comme le rappelle une étude alarmante du WWF sur le déclin des populations de vertébrés, opportunément citée par EELV.

Ironie du sort, cette même exposition dont les ours de l’aéroport sont une émanation, résulte justement d’un partenariat entre Michel Bassompierre et le WWF. L’artiste étant lui-même très attaché aux thématiques de la nature et de la biodiversité. Contacté, le sculpteur n’a pas souhaité commenter cette polémique.

L’aéroport assume son choix artistique

De son côté, l’aéroport de Nantes assume totalement ce choix artistique mettant à l’honneur « le talent d’un artiste du territoire au rayonnement international ». La plateforme rappelle sa volonté d’être « un lieu de vie et d’échange » au-delà de sa fonction première de transport. Elle avait déjà accueilli par le passé des installations autour des oies sauvages et du thème du voyage qui avaient déjà fait réagir les écolos.

On aime beaucoup les sculptures de Michel Bassompierre, qui est d’ailleurs attaché à la nature, mais la mise en rapport avec les avions est plutôt une liaison dangereuse.

– Jacques Morizeau, porte-parole EELV Rezé

Pour sa défense, Vinci Airports met en avant son ambition « d’atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici 2050 ». Un engagement climatique de long terme jugé insuffisant par les associations environnementales qui réclament des actions plus rapides et radicales du secteur aérien, l’un des plus polluants.

Avec cette nouvelle polémique, la controverse sur l’impact écologique des aéroports et l’opportunité de leur développement promet de continuer à faire rage. Les ours de Michel Bassompierre en étant malgré eux devenus un symbole supplémentaire.

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