La venue à Paris cette semaine de Bezalel Smotrich, ministre israélien d’extrême droite, suscite de vives polémiques en France. Invité à un gala de soutien à Israël mercredi, son déplacement n’a pas encore été confirmé par les autorités françaises selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Un invité controversé
Bezalel Smotrich, également ministre des Finances en Israël, est connu pour ses positions extrémistes. Militant de la droite radicale, il a récemment promis l’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée d’ici 2025, y voyant “une occasion” avec le possible retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Sa présence à l’événement parisien “Israël forever”, organisé par des personnalités d’extrême droite, soulève l’indignation. Des associations, syndicats et partis de gauche ont demandé en vain l’annulation du gala. Leur requête est restée sans réponse à ce jour.
Des tensions ravivées
La tenue de cette soirée à la veille du match de football France-Israël inquiète les autorités. Qualifiée de “haut risque”, cette rencontre sportive fait craindre de nouveaux débordements comme ceux survenus la semaine passée à Amsterdam lors d’un match du Maccabi Tel-Aviv.
D’après le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, la venue du ministre Smotrich ne serait finalement plus à l’ordre du jour. Il pourrait éventuellement intervenir par visioconférence selon certaines sources, une information non confirmée à ce stade.
Incident diplomatique
En parallèle, les relations diplomatiques entre Paris et Tel-Aviv traversent une zone de turbulences. L’ambassadeur israélien en France a été convoqué mardi au Quai d’Orsay suite à un incident survenu la semaine dernière lors de la visite du ministre français Jean-Noël Barrot en Israël.
La police israélienne est accusée d’être entrée “armée” et “sans autorisation” dans un domaine diplomatique français à Jérusalem-Est où Jean-Noël Barrot devait se rendre. La France a vivement dénoncé cette intrusion et mis en garde contre toute répétition d’un tel incident.
“C’est l’occasion pour la France de rappeler qu’elle ne tolérera pas que des forces armées israéliennes entrent dans les domaines dont elle a la responsabilité et de réaffirmer avec force que cet incident ne doit plus jamais se reproduire”
– a déclaré Jean-Noël Barrot
En réponse, les autorités israéliennes ont affirmé que la mesure visait à assurer la sécurité du ministre français et que la question avait été clarifiée en amont avec l’ambassade. Une version contestée par la diplomatie française qui juge ces allégations “mensongères”.
Quelle suite pour les relations franco-israéliennes ?
Cette succession d’événements illustre la complexité des liens entre la France et Israël. Malgré une coopération établie de longue date, des divergences persistent sur des dossiers sensibles comme le conflit israélo-palestinien.
La montée en puissance de l’extrême droite en Israël et ses prises de position radicales suscitent une réprobation grandissante en France. La possible visite de Bezalel Smotrich apparaît dans ce contexte comme un nouveau point de crispation.
Le gouvernement français se retrouve dans une position délicate, tiraillé entre la condamnation des propos de Smotrich et la volonté de maintenir un dialogue avec Israël. La convocation de l’ambassadeur israélien marque cependant une escalade diplomatique inédite.
Face à ces tensions, l’avenir des relations bilatérales semble incertain. Beaucoup appellent la France à durcir le ton face à la politique du gouvernement israélien, jugée contraire au droit international et aux efforts de paix. D’autres mettent en garde contre une détérioration durable des liens entre les deux pays.
La venue ou non de Bezalel Smotrich sera scrutée de près. Au-delà de la polémique, elle pourrait donner une indication sur la direction que prendront les relations franco-israéliennes dans les prochains mois. Entre fermeté et dialogue, Paris devra trouver un équilibre de plus en plus périlleux.