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Polémique autour de la Manif pour Tous : Macron écarte Garnier

Coup de théâtre dans la formation du nouveau gouvernement : Emmanuel Macron exige le retrait de Laurence Garnier en raison de ses positions polémiques sur la Manif pour tous. La sénatrice LR était pourtant pressentie au ministère des Familles...

Le remaniement ministériel orchestré par Michel Barnier vient de connaître son premier couac. Alors que la sénatrice LR Laurence Garnier était pressentie pour prendre la tête du ministère des Familles, Emmanuel Macron a demandé son retrait en raison de ses positions controversées sur la Manif pour tous. Un veto présidentiel qui fait grincer des dents et relance le débat sur les valeurs défendues par le nouveau gouvernement.

Laurence Garnier, une nomination qui divise

Proche de Michel Barnier, Laurence Garnier semblait promise à un bel avenir ministériel. Mais c’était sans compter sur son engagement passé au sein de la Manif pour tous, le mouvement qui s’était opposé au mariage homosexuel en 2012-2013. Un positionnement en totale contradiction avec la ligne progressiste défendue par Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs.

Le Président ne veut pas que la nouvelle équipe détricote ses réformes. Les positions de Garnier sont aux antipodes de ce qui a été défendu par les précédentes équipes

– Un ancien ministre

Pour l’exécutif, pas question de donner l’impression d’un retour en arrière sur les questions sociétales. Quitte à court-circuiter le Premier ministre dans ses choix, comme le confirme un proche des négociations :

En définitif, c’est Michel Barnier qui arbitre : c’est son gouvernement. Constitutionnellement, ce n’est pas le président de la République qui retoque directement tel ou tel cas. Il ne bloque pas. Mais il peut alerter.

Un premier accroc pour le nouveau gouvernement

Ce barrage présidentiel constitue un sérieux revers pour Michel Barnier, affaiblissant d’emblée son autorité. Il révèle aussi les difficultés à bâtir une majorité cohérente à partir de sensibilités politiques diverses. Car si Laurence Garnier est loin d’être une figure de proue de la Manif pour tous, elle n’en demeure pas moins une catholique revendiquée, attachée à une vision traditionnelle de la famille.

Un profil jugé incompatible avec un gouvernement Macron qui se veut résolument progressiste sur les questions de société. En écartant la sénatrice dès le départ, l’exécutif espère éviter les polémiques et envoyer un message clair quant à sa ligne politique. Mais il prend aussi le risque de braquer une partie de sa majorité, dont les positions sur ces sujets sont loin d’être uniformes.

Vers un remaniement sous tension ?

L’épisode Laurence Garnier n’augure rien de bon pour la suite du remaniement ministériel. Il illustre les tiraillements idéologiques au sein d’une coalition hétéroclite, où cohabitent centristes, ex-LR et marcheurs de la première heure. Trouver un équilibre sans trahir « l’ADN » macroniste s’annonce périlleux.

D’autant que d’autres personnalités préssenties sont loin de faire l’unanimité, à l’instar de Caroline Cayeux à l’Éducation ou Éric Woerth aux Comptes publics. Deux profils venus de la droite, qui pourraient cristalliser les oppositions une fois leur nomination officielle.

Pour Emmanuel Macron, l’enjeu est donc de taille. Il lui faut à la fois élargir sa base sans perdre son socle électoral, incarner le « en même temps » sans donner l’impression de renoncer à ses valeurs. Un numéro d’équilibriste hautement périlleux, comme le montre l’affaire Laurence Garnier. La composition finale du gouvernement, attendue dans les prochains jours, sera scrutée de près. Elle en dira long sur la capacité du Président à tenir la barre dans la tempête.

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