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Polémique autour de François Bayrou, premier ministre et maire de Pau

Nommé premier ministre, François Bayrou conserve son mandat de maire de Pau, suscitant une vive polémique. Entre critiques de l'opposition et justifications, les réactions fusent autour de ce choix...

La récente nomination de François Bayrou au poste de premier ministre ne fait pas l’unanimité. En cause : son choix de conserver parallèlement son mandat de maire de Pau, une décision à rebours de l’usage en vigueur pour les locataires de Matignon depuis 2012. Cette double casquette attise les critiques, certains allant jusqu’à qualifier Bayrou de « premier ministre à mi-temps ».

Un conseil municipal qui passe mal

Tout juste nommé à Matignon, François Bayrou a tenu à présider en personne le conseil municipal de Pau ce soir, et ce malgré la tenue simultanée d’un conseil interministériel de crise sur la situation à Mayotte. Un choix qui en dit long sur les priorités du nouveau premier ministre selon ses détracteurs.

Sur les bancs de l’opposition, les réactions outrées fusent. Le député LFI Thibault Bazin interpelle François Bayrou :

Monsieur Bayrou, le conseil municipal de Pau pourrait se passer de votre présence ce soir eu égard à la situation à Mayotte.

Thibault Bazin, député LR de Meurthe-et-Moselle

Son homologue du Rassemblement National Guillaume Bigot ironise quant à lui sur Twitter :

Manque de Pau pour Mayotte, nous avons un premier ministre à mi-temps !

Guillaume Bigot, député RN

Pas d’obligation légale de démissionner

Si la pratique veut que les premiers ministres renoncent à leurs mandats locaux, François Bayrou n’enfreint cependant aucune règle. Aucun texte n’interdit en effet à un chef de gouvernement de cumuler cette fonction avec un mandat de maire.

La Constitution, dans son article 23, prohibe seulement le cumul d’une fonction de ministre avec un mandat « parlementaire ». Une subtilité juridique que compte bien exploiter François Bayrou pour conserver la mairie de Pau, comme l’a confirmé une source gouvernementale.

Le spectre d’un manque d’investissement

Au-delà de la dimension symbolique, c’est la question de la disponibilité du nouveau premier ministre qui cristallise les inquiétudes. Ses prédécesseurs Jean-Marc Ayrault, Édouard Philippe et Jean Castex avaient préféré se consacrer pleinement à leur tâche à Matignon, délaissant dès leur nomination leurs mairies respectives de Nantes, Prades et Le Havre.

En s’arc-boutant sur son fauteuil de maire, François Bayrou prend le risque d’apparaître comme un premier ministre désinvesti, davantage préoccupé par les affaires de sa ville que par celles du pays. Une position pour le moins inconfortable au vu des nombreux défis qui attendent le nouveau gouvernement.

« Un lien avec la démocratie locale » pour Jean-Louis Pérès

Face à la bronca, quelques voix s’élèvent pour défendre le choix de François Bayrou. Son premier adjoint à la mairie de Pau Jean-Louis Pérès y voit un moyen de « résoudre les questions que se posent les Français avec du très concret ». Il juge « souhaitable » que le premier ministre conserve ce lien direct avec la démocratie locale.

Un argument qui ne convainc guère l’opposition. La polémique ne fait sans doute que commencer autour du « premier ministre à mi-temps », qui devra redoubler d’efforts pour prouver son engagement plein et entier à la tête du gouvernement. Un défi de taille pour François Bayrou, qui joue déjà gros après seulement quelques jours à Matignon.

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